La priorité longtemps affichée au 1er degré semble s'évanouir. Cela se traduit par une suppression de 60 postes pour la rentrée prochaine. En voici la déclinaison et la réaction de tous les syndicats à ces mesures
La fin non assumée de la priorité au 1er degré
Cette année est une année de rupture (non assumée) avec la politique de priorité au primaire.
C’est la première fois depuis 10 ans que l’on supprime des postes dans le premier degré au niveau national
L’an dernier avec une baisse plus importante des effectifs nous avions +1965 postes, cette année cette année le ministère nous retire 1500 postes.
Ce sera 60 suppressions pour la Bretagne. Le rectorat affiche les priorités suivantes :
- limiter les effectifs à 24 élèves GS, CP, CE1
- Finaliser le dédoublement des classes en grande section de maternelle en Education Prioritaire ;
- Poursuivre la politique d’accompagnement des élèves en situation de handicap par la création d’ULIS;
- Poursuivre le développement de l’apprentissage du breton dans le cadre de la carte académique des pôles bilingues (près de 487 ETP y sont consacrés à la rentrée en 2022, soit 20 de plus qu’en 2021)
Selon M.Larzul, secrétaire général adjoint du rectorat, les modèles nous faisaient perdre 137 emplois. On en perd 60. Les suppressions se répartissent ainsi :
- suppression de 22 emplois dans les Côtes d’Armor
- suppression de 35 emplois dans le Finistère
- apport de 7 emplois en Ille et Vilaine
- suppression 10 emplois dans le Morbihan
Pour le rectorat tout va bien puisque le P/E s’améliore passant de 5.73 à 5.77
Le P/E* n’est pas un indicateur de bien être au travail
On ne peut qu’être frappé par la constance des priorités académique, ce pourrait être une qualité mais on peut penser aussi que ces priorités sont bien difficile à mettre en œuvre faute de moyens.
Cette difficulté à atteindre les objectifs fixés dans l’académie de Rennes est peut-être en lien avec la difficulté de l’académie à suivre l’évolution nationale du P/E. Rappelons qu’en 2021 à l’échelon national il y avait 5.93 emplois temps plein pour 100 élèves, alors que l’académie présente en 2022 un ratio de 5.73.
Si les P/E départementaux, académique et national croissent depuis 2014 l’écart entre le P/E et le P/E national ne cesse de se creuser.
Le P/E décroche de plus en plus par rapport au P/E national. Parmi les 26 académies métropolitaines on est la 19ème sur 26 en termes de dotation. Autrement dit, pour 100 élèves, il y a moins de Profs d’Ecole en Bretagne que dans les autres académies de métropole.
Il serait intéressant d’avoir le P/E en REP et hors REP+ car les mesures de dédoublement des classes ont un effet sur les effectifs des autres classes (en particulier en cycle 3)
Le P/E n’est pas l’alpha et oméga des conditions de travail. Les CHSCT se sont fait échos d’une souffrance au travail liée pour grande part à l’école inclusive. La désaffection des inscriptions pour les concours sont également une alerte sur les conditions de travail.
La dotation ne permet pas de faire face à ces difficultés, à quel moment le prend on en compte dans la préparation de rentrée
Remplacement : mission impossible !
Répartition des moyens par action :
Moyens de formation, il y a une très légère augmentation mais ce sont – 14 postes sur les 4 dernières années.
Malgré quelques créations cette année les moyens de remplacement sont en berne, – 72 postes sur 4 ans.
Les DASEN des 4 départements reconnaissent ces difficultés et disent vouloir abonder les moyens de remplacement.
Dans les Côtes d’Armor, l’ouest du département a perdu plus de population qu’à l’est. Tous les ans il aurait pu y avoir des retraits d’emploi. La direction académique a maintenu ces collègues en transformant ces supports en postes de Brigade départementales. Mais l’est du département est en difficulté sur le remplacement. Elle prévoit un rééquilibrage par circonscription en regardant la pyramide des âges pour implanter de nouveaux remplaçants dans les zones déficitaires.
Dans le Finistère la directrice académique constate un besoin spécifique sur congé long. Elle prévoit d’abonder un peu la brigade.
Le Sgen- CFDT s’insurge contre ce type de présentation faisant croire à un abondement du remplacement.
Il faudrait abonder de 72 postes pour revenir au niveau de remplacement de 2018 ! Or avec la suppression 60 postes. Le compte n’y est pas.
L’absence de remplaçants cela signifie une répartition des élèves des collègues absents dans les autres classes. C’est à dire une dégradation supplémentaire des conditions de travail des personnels et des conditions d’apprentissage pour les élèves
Vote contre à l’unanimité
L’ensemble des représentants des personnels ont voté contre cette proposition de carte scolaire, le CSA sera donc convoqué de nouveau sur ce point le 1er février.
* Le P/E est le nombre d’Equivalent Temps Plein pour 100 élèves.