L’extrême droite n’est pas l’alliée des femmes

Publié le mercredi 19 juin
Par Véronique Baslé

Pour récupérer la moitié de l'électorat, l'extrême droite se proclame féministe et met en avant des points de son programme qui seraient bénéfiques aux femmes. Entre mensonges et imposture, décryptage.

Un tract confédéral : Votons pour les droits des femmes

Nous reprenons ici en grande partie les éléments d’un fil publié sur un réseau social par le CIDFF (Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles)  en réponse à une vidéo de Jordan Bardella sans la relayer.  Nous ne souhaitons pas en effet donner de la publicité à ce qui ne le mérite pas. En revanche, il nous a paru intéressant de démonter les arguments mis en avant par l’extrême droite.

Santé des femmes

 Le 23 mai 2024, des députés ont proposé une loi afin de prendre en charge intégralement les frais médicaux liés au cancer du sein. Les députés RN ont préféré conserver les dépassements d’honoraires en ne permettant pas cette prise en charge intégrale.

Prise en charge des femmes atteintes d’endométriose : rendre à César…

Le RN prétend défendre cette cause. C’est oublier un peu vite qu’un autre groupe parlementaire a déposé une proposition de résolution en ce sens.  L’Assemblée nationale l’a d’ailleurs adoptée à l’unanimité le 24 novembre 2022.

Droit à l’avortement 

 En 2020, le parlement européen examinait une résolution pour condamner fermement l’interdiction quasi totale de l’avortement en Pologne. Les eurodéputés du Rassemblement national ont voté contre.
En 2024, 11 députés du Rassemblement national ont voté contre la constitutionnalisation de l’IVG. 20 se sont abstenus. D’autres n’étaient même pas là. Le vote pour représente à peine la moitié du groupe. En outre, quand il a fallu voter pour allonger de 15 jours le délai légal pour accéder à l’IVG, le RN a voté contre. Ce vote contre, heureusement minoritaire, n’a pas empêché la loi d’aboutir. 

Egalité salariale

2021

Les députés du Rassemblement national n’ont pas pris part au vote de la loi sur l’égalité salariale dite Loi Rixain.

2022 contre un salaire minimum

Les eurodéputés du Rassemblement national ont voté contre un salaire minimum européen, fondé sur un « niveau de vie décent » pour chaque Etat membre.  Cette mesure concernait en grande majorité des femmes, les plus nombreuses parmi les bas et très bas salaires.

2023  contre la transparence comme outil, pour le plafond de verre

Les eurodéputés du Rassemblement national se sont abstenus sur la directive européenne « sur la transparence et l’égalité des rémunérations ». Son but est d’appliquer l’égalité de salaires entre femmes et hommes pour un travail identique ou de même valeur en obligeant à la transparence.
En France le groupe a voté contre une proposition pour renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique.

2024 : parentalité

Le RN a voté contre un service public de  la petite enfance. Rappelons sa position historique : un salaire pour garder les enfants à la maison. Ce qui ne fera qu’éloigner les femmes de l’emploi et augmenter le différentiel de salaire.
En réalité, tout ce que propose le RN, dans la droite ligne de son histoire, ce sont des mesures favorisant la natalité…mais pas les femmes. (la mesure 8 du programme intitulée 22 mesures pour 2022 portait d’ailleurs le titre « soutenir les familles françaises »).

Lutte contre les violences : au mieux l’abstention…

2018

 Cinq des six députés RN se sont abstenus lors du vote de la loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, proposée par l’ex-secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.

2019

Les eurodéputés du Rassemblement national ont voté contre l’adoption de la Convention d’Istanbul sur « la prévention de la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique » par le Parlement européen.

2021

Les eurodéputés du Rassemblement national ont voté contre une résolution prévoyant des formations contre le harcèlement sexuel dans les institutions de l’Union européenne.

Mirage sécuritaire et bouc émissaire

Le Rassemblement national insiste lourdement sur les risques supposés du phénomène migratoire pour les femmes. Pourtant, contrairement à cette idée reçue, dans plus de 90% des cas, les victimes de violences sexistes et sexuelles connaissent leur agresseur. Les expertes et associations spécialisées le documentent très bien. 
Cette instrumentalisation xénophobe cache la réalité des violences commises à l’encontre des femmes. Non, ce n’est pas un dangereux monstre à la mauvaise origine ethnique le danger pour les femmes ! 
Le foyer et l’entourage proche sont le premier lieu de risque en matière de violences sexistes et sexuelles pour les femmes. 160 000 enfants subissent des violences sexuelles chaque année. Dans la majeure partie des cas ces violences se produisent au sein de la famille, comme l’a rappelé la CIIVISE ! 

De la véritable origine des violences

Ces violences sont le fruit d’un système d’inégalités entre les femmes et les hommes et de domination structurellement installé. Elles surviennent sur tout le territoire et dans tous les milieux sociaux.

De l’absence de prévention

Par ailleurs, le RN n’aborde la question des violences sexistes et sexuelles que par le prisme sécuritaire. Le Rn ne se demande pas comment prévenir ces violences ! 
Au contraire , l’extrême droite s’oppose systématiquement à la mise en place d’une éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. C’est pourtant un outil essentiel de prévention des violences.

L’extrême droite doit reculer, pas nos droits  !

Le Rassemblement national et plus généralement l’extrême droite représentent une menace pour les droits des femmes. C’est également une menace pour les associations qui agissent sur le terrain auprès des femmes pour défendre leurs droits. Ainsi le RN a déjà annoncé couper les subventions du Planning familial en cas d’arrivée au pouvoir. 
Plus de 150 organisations réunies autour du collectif @AlerteFeministe 
 appellent donc  à de fortes mobilisations partout sur le territoire le 23 juin prochain. 
Les 30 juin et 7 juillet, contre l’extrême droite, votez pour les droits des femmes.
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