Moyens pour l'Ecole en Bretagne à la rentré 2018, inclusion scolaire, réforme du lycée et du bac, formation continue, carte de l'Education prioritaire, autant de sujets abordés par le Sgen-CFDT lors du Comité technique académique (CTA) du 26 janvier
Il faut limiter les courriers électroniques aux personnels!
En ouverture de ce CTA nous souhaitons rappeler, comme l’an passé à la même date, notre demande de tenue d’un groupe de travail sur la Communication numérique . La réponse donnée jusqu’ici, en substance « il n’y a pas d’objet » ne nous convient pas. La transition numérique bouleverse notre quotidien mais serait sans incidence sur nos conditions de travail. Nous ne le pensons pas.
Quelle utilisation des deniers publics?
Le CTA a pour objet de préparer la prochaine rentrée scolaire, aussi nous souhaitons commencer par vous présenter, M. le Recteur, la façon dont le Sgen-CFDT conçoit l’utilisation des deniers publics.
Ils doivent viser à assurer un service public de qualité et l’État, pour ce qui nous concerne, doit y mettre les moyens le permettant. Il doit aussi faire en sorte que les agents qui mettent en oeuvre ce service public le fassent dans de bonnes conditions.
Des moyens insuffisants pour le second degré et l’inclusion scolaire
A cette aune, la dotation de l’Académie ne permettra pas d’obtenir pour les AESH des conditions d’emplois dignes de la mission qu’on leur confie, à commencer par des emplois qui leur permettent, par des temps pleins, de toucher une rémunération au moins égale au SMIC à la fin du mois.
Elle ne permettra pas non plus d’améliorer les conditions de travail des enseignants du second degré qui voient, derrière un solde en ETP apparemment neutre, les heures postes baisser et les heures supplémentaires augmenter avec en outre la suppression de postes de professeurs stagiaires. Cela dans un contexte où le nombre d’élèves progresse légèrement.
Cette dotation ne permettra pas plus d’assurer des remplacements dans de bonnes conditions. En effet, malgré la légère hausse (6,5 ETP) des moyens de remplacement que nous avions saluée l’an dernier, le bilan budgétaire de l’année écoulée montre que l’Académie a cruellement manqué de remplaçants avec près de 59 ETP (essentiellement en heure poste) utilisés en plus de ce qui était prévu.
La rentrée prochaine verra même les conditions de travail des personnels administratifs se dégrader avec des pertes d’emplois.
Peut-on se réjouir de l’absence de suppressions de postes pour les écoles de Bretagne?
Dans le 1er degré, la dotation nulle et la démographie contrastée de notre académie amènent le rectorat à faire des choix vécus de façon forcément douloureuse par les départements qui perdent des postes.
Les baisses démographiques dans les départements des Côtes d’Armor, du Finistère et dans une moindre mesure dans le Morbihan, permettent cependant une amélioration de leur P/E …Peut on pour autant se réjouir ? la baisse démographique permettra, au moins un temps, de ne pas dégrader les conditions d’encadrement mais ce n’est pas une bonne nouvelle pour notre région.
Sur les arbitrages que vous faites, si ils montrent une attention à la situation singulière de l’Ille et Vilaine, ils nous interroge quant aux critères qui les ont motivés. Pourrions nous avoir des informations sur les critères de répartitions entre les 4 départements ?
Ainsi Les Côtes d’Armor, département plus rural que les 3 autres départements bretons devrait bénéficier d’un traitement particulier.
Nous en profitons donc pour réitérer notre demande d’un GT sur la répartition des moyens 1er degré dans l’académie, cela serait un gage de transparence donné aux collègues quant à vos arbitrages.
Par ailleurs avec 45 écoles en REP en Ille et Vilaine, les quelques marges dégagées risquent fort d’être absorbées par le dispositif CP et CE1 à 12 en REP et REP +
Oui à des évolutions du service public, mais pas sans conditions
De la réforme du collège…
Si nous demandons à ce que les moyens dévolus à l’action publique permettent d’assurer un service public de qualité dans de bonnes conditions pour les agents, nous ne sommes pas pour autant fermés à des évolutions du service public.
Mais les évolutions voulues doivent s’accompagner des moyens pour les mettre en œuvre et se faire dans un dialogue avec les représentants des personnels. Elles ne doivent pas non plus être prétexte à récupérer des moyens quand des besoins ne sont pas satisfaits par ailleurs.
La réforme du collège est une évolution importante de notre système éducatif, nous constatons à nouveau, M. le Recteur, que les dotations reçues par les collèges confondent les IMP (qui ne sont pas des heures d’enseignement) avec les heures attribuées aux collèges pour les enseignements, les décharges statutaires et les moyens prévus dans la marge horaire, à savoir 3 heures par divisions. Ce n’est pas plus acceptable cette année que l’an passé. Cette réforme nécessite par ailleurs la création de postes de professeurs documentalistes, en particulier dans des gros collèges qui n’en possèdent qu’un seul.
…à Parcoursup…
Pour assurer un service public de qualité, il faut aussi pouvoir travailler dans la sérénité, ce que permet un bon dialogue social. De ce point de vue, le chemin est encore long ! La précipitation dans les annonces et dans la mise en place de mesures n’est vraiment pas de nature à apaiser les esprits des collègues : après les mesures de juin pour détricoter la réforme du collège alors que toutes les opérations de gestion des postes avaient été déjà enclenchées, après la création du deuxième professeur principal en lycée et le remplacement d’APB en Parcoursup en cours d’année, voilà les collègues confrontés à toutes les rumeurs et toutes les frayeurs face à la réforme du bac.
Un mot rapide donc sur Parcoursup : le dispositif vient de s’ouvrir et les formations des enseignants commencent à peine. Nous espérons qu’elles ne permettront pas seulement aux enseignants de connaître les modalités d’inscription mais qu’elles leur permettront aussi de mieux aider les élèves à s’orienter. Ce travail de conseil ne peut se faire qu’en articulation avec le travail des PSY-EN EDCO, dont le nombre doit augmenter, et que nous refusons de voir transférer aux régions avec les services d’orientation comme le souhaite le Président de l’Association des Régions de France !
…et au bac
Sur la réforme du bac : malheureusement elle risque de coïncider dans notre académie avec une baisse de la démographie. Autant dire que nous serons vigilants pour ne pas confondre ce qui peut relever d’une diminution due à cette baisse et qui s’inscrit dans un souci d’équité sur tout le territoire national, de ce qui peut relever d’une volonté de faire des économies au détriment des enseignants et de leurs élèves.
Le Sgen-CFDT attend de cette réforme plus de justice sociale pour les lycéens, sans mise à l’écart des lycées professionnels, plus de souplesse et d’adaptation aux besoins de chaque élève mais aussi plus d’écoute de ceux qui doivent les guider, à savoir leurs enseignants.
Il y a, bien sûr, la question des horaires qui affectent les postes et suscitent l’inquiétude de certaines disciplines, qu’elles deviennent matière majeure ou mineure (et qui aurait envie d’ailleurs d’être taxée de matière mineure ?). Pour le Sgen-CFDT, la diminution du volume horaire global des enseignements suivis par les élèves n’est acceptable que si elle est au service du renforcement de l’accompagnement de chaque élève. Autrement dit, la diminution de l’horaire élève doit permettre une transformation de l’horaire professeur. Les professeurs doivent avoir du temps dans leur service, notamment pour assurer l’accompagnement des élèves, le travail en groupe ou la préparation des élèves au nouveau baccalauréat. Les enseignants qui choisiraient ces fonctions doivent les voir intégrées dans le bloc 1 de leur service tel que défini dans le décret 2014-940 du 20 août 2014. Ce n’est qu’à cette condition que le bac pourra vraiment devenir un passeport vers le supérieur pour 80% d’une classe d’âge.
Pour des critères transparents de classement dans l’Education prioritaire
Dialogue social toujours concernant les REP . M. le Recteur, le Sgen-CFDT a souhaité (avec la FSU, l’UNSA, Sud Education et la CGT) vous demander que de la transparence soit apportée à l’élaboration de la carte des REP et REP+. Seule cette transparence peut permettre aux collègues de ces établissements de ne pas se sentir lésés s’ils estiment devoir y figurer, et nous sommes convaincus que le collège de Kerhallet à Brest devrait légitimement figurer en REP+.
Sur cette question de l’Education prioritaire nous ne sommes pas opposés non plus à des évolutions mais nous refuserons (comme nous l’avons fait pour le collège Surcouf à Saint Malo) tout changement sans dialogue et transparence sur les choix envisagés par les autorités compétentes. A ce jour cela manque encore à Rennes et Lorient. Et ce d’autant plus que sur ces questions, la politique de la ville et la sectorisation ne sont pas neutres dans les phénomènes de ghettoïsation.
Prévoir aussi des moyens pour la formation continue
Enfin, concernant les moyens de formations, qui n’apparaissent pas dans ces documents mais concourent pourtant aussi à la préparation de la rentrée, nous sommes demandeurs d’une augmentation pour toutes les catégories de personnels. Le développement des usages numériques doit s’accompagner de moyens en formation plus conséquents et pas uniquement par le biais de formations à distance ou les mercredis après-midi. De la même façon qu’il convient de proposer aux AESH des formations communes avec les enseignants sur la prise en charge des élèves que l’Ecole de la République se doit d’inclure.
Rennes le 25 janvier 2018
Déclaration au Comité technique académique (CTA, novembre 2017)
Déclaration au CTA du 8 juin 2017
Déclaration au CTA du 28 mars 2017
Déclaration au CTA du 26 janvier 2017