Les personnels fragiles dont l'exposition au covid pourrait être fatale ont attendu les dispositions les concernant. Les voici. Sont-elles suffisantes ? Et les dispositions en cas de remplacement sont-elles anticipées ?
Article actualisé dimanche 30 août après publication du décret sur les personnes dites vulnérables
Interpellation du rectorat
Après avoir vainement cherché la conduite à tenir partout en écumant les médias dans un jeu de pistes incroyable, nous avons fini par interpeller le rectorat ce mardi 25 août.
Voici donc notre courriel :
« Nous sommes sollicités par des collègues (aesh, enseignants) qui ont des pathologies qui les classaient avant l’été comme public fragile.
Les vacances se terminent et le contact avec le virus du covid-19 représente toujours un risque majeur pour ces personnels.
En outre, nos collègues chef·fes d’établissement adhérent·es se tournent vers nous pour connaître la marche à suivre.
La procédure avec certificat médical préconisant le télétravail s’applique-t-elle toujours ? Faut-il un arrêt de travail ? Le rectorat a-t-il prévu des masques FFP2 ? Qui doit les commander ? Y a-t-il des remplacements prévus si la procédure est le télétravail ?
A moins d’une semaine de la reprise, nous avons un besoin urgent d’éclaircissements.
Merci d’avance pour vos réponses. »
Réponse énigmatique du rectorat et du ministère
Le rectorat nous a répondu très rapidement :
Je vous informe que les personnels fragiles, au sens de la liste établie par le haut comité de santé publique, seront équipés d’un masque de soins de type II qui sera fourni par l’employeur.
Un protocole de recensement est en cours de préparation sous le pilotage du médecin conseiller technique du recteur.
Dans le même temps, le ministère a fait connaître la disposition « masque type deux ».
Des échos contradictoires : masques FFP2 et masques de type 2
Précisons que les masques de type 2 sont plus filtrants que les masques « grand public » distribués lors de la reprise de mai.
Mais ils sont moins filtrants que les masques FFP2.
Par ailleurs, nous avions reçu des informations selon lesquelles, dans le 29, il s’agirait de masques FFP2. Certain·es chef·fes d’établissement en ont déjà commandés, dans le souci de protéger au maximum la santé des personnes qui travaillent à leurs côtés et dans le souci de le leur prouver.
Attente et rebondissement législatif
Toutes les dispositions précédentes concernant les personnes dont l’entourage est fragile n’existent plus.
Jusqu’à présent donc, a priori, exit le télétravail et les autorisations d’absence.
Dans l’après-midi du dimanche 30 août, nous apprenons la publication du décret concernant les personnes dites vulnérables. Ce décret redéfinit la liste des personnes concernées en la limitant très fortement.
Risques sanitaires et risques psycho-sociaux : du cas par cas nécessaire…
Il ne nous appartient pas de dire ce qui médicalement convient à telle ou telle pathologie.
Au Sgen-CFDT Bretagne, nous déplorons qu’il faille tant de temps pour obtenir ces précisions, sachant que pour les personnes fragiles la situation n’a pas changé depuis juillet. Pourquoi le recensement n’a-t-il pas été fait avant la fin des classes ?
Nous demandons aussi ce qui se passe si les personnes concernées jugent cette protection insuffisante. Pour l’instant, leur seul recours est de se mettre en arrêt maladie. Un gâchis quand ces personnes pourraient être utiles à distance.
De même, pour les élèves fragiles, plus aucune disposition pour prévoir un enseignement à distance. Les familles sont donc renvoyées soit à une prise de risque – qu’elles ont le droit de juger inconsidéré – soit un absentéisme coupable soit à …. l’école à la maison !
L’Éducation nationale peut-elle envoyer des personnels pétris d’angoisse, sur les nerfs au contact des élèves ? Ne convient-il pas aussi de prendre en compte les risques psychologiques générés ?
Le ministère craint-il vraiment les « appels d’air » des ASA – alors que la liste des pathologies est limitée et précise – ? N’y a-t-il pas là plutôt un effet médiatique pour montrer que tout le monde est sur le pont ?
…et une nécessaire anticipation. Risques sur le front du remplacement !
Dans l’immédiat, certain·es vont forcément recourir aux arrêts de travail en l’absence de dispositions. Les établissements vont l’apprendre tardivement puisque les personnels n’ont pu agir avant. La question de leur remplacement se pose donc en dernière minute.
Autoriser le télétravail, des binômes entre le personnel fragile et un collègue qui intervient en présentiel par exemple pour qu’il y ait présence face aux élèves, impliquerait aussi une anticipation. La généralisation d’un dispositif « plus de maîtres que de classe » dans le 1er degré pourrait éviter ce type d’écueil tout en permettant de faire des groupes pour répondre aux besoins d’individualisation pédagogique post-covid. De même abonder la marge horaire dans le 2nd degré.
Mais, sans même parler de PDMQC, après 80 suppressions de poste dans le second degré de notre académie, la ressource disponible en remplacements risque d’être nettement insuffisante.
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