Déclaration au CTA du 8 juin 2017

Au CTA du 8 juin 2017 le Sgen-CFDT Bretagne s'est exprimé sur les choix du nouveau gouvernement (contre réforme du collège, réforme des rythmes des écoles) et sur les choix académiques (formation continue et cadre de gestion des collègues non titulaires AESH et Enseignants, CPE et PsyEN-Edco)

Déclaration - Comité Technique Académique CTAM. le Recteur, mesdames, messieurs,

Une même méthode de la réforme du collège…

« A propos de la réforme du collège, il faut laisser le temps à la réforme de produire ses effets et de contribuer à la réduction des inégalités » . Ce sont vos propos M. le Recteur, le 28 mars dernier. Vous n’aurez semble-t-il pas été entendu par le nouveau Ministre de l’Education nationale qui aura soumis à la fin de cette journée un texte au Conseil supérieur de l’Education, texte visant à modifier un arrêté qui aura été discuté pendant plusieurs mois en 2014-2015 avec les organisations syndicales de personnels, celles de parents d’élèves, etc avant sa large adoption au CSE d’avril 2014.

Le formalisme démocratique aura été respecté, pas son esprit. L’idéologie semble l’emporter, pas les faits scientifiques.

En effet, le rapport du CNESCO de septembre 2016, cité à plusieurs reprises par le camarade de Sud Education dans cette instance, souligne l’intérêt en terme de justice sociale de cette réforme du collège.

Le projet d’arrêté Blanquer sur le collège revient à remettre à la marge le travail interdisciplinaire pour donner à chaque collège la possibilité de donner plus à ceux qui ont déjà plus. Or le rapport du CNESCO pointe la ségrégation intra établissement, résultat de cette vieille habitude française de donner davantage à ceux qui ont déjà beaucoup.

Une politique éducative ne peut se mener que sur le long terme et les problèmes générés par la mise en place de la réforme du collège (évoqués aussi par le rapport du CNESCO) ne peuvent seuls amener à remettre en cause son bien fondé.

C’est par ailleurs mépriser le travail des personnels qui s’y étaient investis et qui arrivent fatigués dans les collèges en cette fin d’année. C’est donner le signe qu’il n’est pas utile de suivre les instructions ministérielles, qu’il suffit d’attendre un peu.

Or, une fois encore, le rapport du CNESCO  souligne la nécessité d’un engagement professionnel des enseignants pour que les élèves réussissent. Comment l’institution imagine-t-elle l’obtenir ? Après avoir engagé une réforme sans même prévoir de moyens suffisants pour acheter de nouveaux manuels, elle la remet en cause.
Et pourtant M. Blanquer indiquait le 22 mai 2017 qu’« il faut créer du désir chez les enseignants et chez les maires » (source site maire-info.com). C’est bien mal parti.

….au rythme des écoles

La méthode qui s’applique à la réforme du collège trouve son équivalent dans le premier degré avec la possibilité offerte aux communes qui le souhaitent dès la rentrée prochaine de revenir à la semaine de 4 jours.

Possibilité dont de nombreuses collectivités ont souhaité s’emparer avant même la publication du décret…

Le simple retour à la situation créée par le décret Darcos engagerait l’école vers une reconcentration des heures de classe sur un trop petit nombre de jours, une ré intensification du travail des élèves comme des personnels, une dégradation des conditions d’apprentissage et des conditions d’exercice des enseignants.

Ainsi le temps de la concertation qui avait fait défaut sur certains territoires lors de la mise en place de la réforme Peillon est totalement absent de ce nouveau retour de balancier…

L’Ecole a aussi besoin de temps long et de cohérence. Quelle est la cohérence d’un système qui promeut une organisation du temps scolaire à la suite d’une grande consultation nationale et qui la remet en cause à la première alternance politique ?

Il aurait été souhaitable qu’une évaluation soit faite de cette organisation du temps scolaire, que l’on prenne le temps de la concertation avec tous les acteurs… cette façon d’agir, dans la précipitation ne permet pas la sérénité pourtant tellement nécessaire à l’école. En n’imposant pas d’organisation nouvelle, le nouveau décret vous permet toutefois M. le Recteur, ainsi qu’au directeur et directrices académiques, de prendre le temps de mettre en place un échange entre les différents acteurs.

Une formation continue qu’il faut nettement renforcer…

L’ordre du jour de ce CTA semble du coup en décalage avec l’actualité politique. Parmi les sujets du jour figure notamment celui de la formation que l’on retrouve aussi dans le bilan social. Nous remercions le rectorat de mettre ce point à l’ordre du jour du CTA . C’est un des axes majeurs d’amélioration du système éducatif pointé par le CNESCO, et la formation est un problème soulevé de façon récurrente par nos adhérent(e)s.

Sans entrer dans le détail des documents présentés lors de ce CTA, la lecture du bilan social sur ce point nous pousse à quelques interrogations. Pouvons-nous saluer la hausse des journées de formation qu’il fait apparaître ? Devons-nous nous attrister de la faiblesse quantitative de ces journées de formation ? Peut-on faire l’impasse sur la confusion entre formation et information, formation et groupe de travail ou groupe de secteur ?

Nous retiendrons quelques chiffres issus de ce bilan social 2016. Avec une moyenne de 2,8 jours de formation par agent pour 2014-2015 et 2015-2016 on est bien au-dessus des 1,8 jours de 2013-2014.

Mais ce sont des moyennes et au final relativement peu d’agents participent à des formations, d’autant plus que beaucoup n’en sont pas mais des groupes de secteurs ou des réunions liées à la mise en place de la réforme du collège. C’est à comparer, pour les enseignants, aux 15 à 35 heures de formation obligatoire par an pour chaque enseignant de nombre de pays européens.

…par l’application des nouveaux droits à la formation

Nous espérons une amélioration de cette situation dans les années à venir puisque la loi travail a maintenant créé un droit à la formation pour les fonctionnaires avec une base de 24 heures de formation par an pendant 5 ans puis 12heures par an.

Nous souhaitons à ce sujet savoir si le rectorat sera bien en mesure de communiquer à tous ses agents le montant de leur Compte personnel de formation au 31 décembre 2017 comme le prévoit le décret paru au JO du 10 mai 2017.

Des avancées à poursuivre pour réduire la précarité

Concernant les nouveaux cadres de gestion des collègues non titulaires, qu’ils soient enseignants, Cpe, PsyEn-Edco ou Aesh nous souhaitons saluer ici le travail du rectorat et les avancées obtenues. Tout n’est pas réglé mais tous ces collègues vont y gagner non seulement financièrement mais aussi en terme de transparence de gestion de leur situation professionnelle. Nous interviendrons toutefois en séance sur certains points et notre fédération ainsi que notre confédération continueront à oeuvrer auprès du gouvernement pour réduire encore la précarité.

 

Rennes le 8 juin 2017