Le 1er février a eu lieu le conseil académique de la formation. Avec un focus particulier cette année sur le 1er degré.
Enquête : c’est bientôt parti !
Afin de mieux faire correspondre les attentes des collègues à l’offre de formation, le rectorat a lancé il y a deux ans des enquêtes à destination des personnels. Les deux années précédentes il les a adressées à la filière des personnels administratifs, santé sociaux, et aux personnels enseignants ou de vie scolaire exerçant dans le 2nd degré.
Cette année, l’enquête va s’adresser aux collègues du premier degré.
Les réponses à cette enquête pourraient infléchir l’élaboration du Plan Académique de Formation. Répondez donc sans hésitation à l’enquête reçue le 17 février sur votre boîte professionnelle !
Nous avons dans cette optique tenté de modifier certaines questions ou d’en ajouter d’autres. Nous nous sommes appuyés sur les réponses à notre enquête de rentrée ainsi que sur le rapport de l’Inspection Générale de 2017 sur la formation dans le premier degré
Rappelons en effet que cette enquête avait reçu près de 400 réponses.
Nos interlocutrices ont entendu parfois nos arguments… et parfois non. Il y a cependant des réponses libres dans lesquelles on pourra s’exprimer sans contrainte.
Nos propositions de modification
Le questionnaire citait toutes les fonctions (directeur, instituteur… ) au masculin… pour un métier exercé à 85% par des femmes. Nous avons demandé à inclure le féminin, proposition acceptée.
Des lieux de travail avaient été oubliés, proposition acceptée à l’exception des collègues exerçant en ULIS et Segpa car pour le rectorat l’enquête 2nd degré les avait déjà inclus.
Les priorités énoncées en terme de formation nous paraissent peu parlantes mais nous n’avons pas été entendus au motif qu’il faut garder l’unité du questionnaire entre les trois filières.
En revanche, le rectorat a bien entendu la nécessité d’ajouter des points oubliés dans l’item sur les préoccupations et attentes. Il devrait donc y avoir deux propositions supplémentaires : sur la nécessité de former à l’inclusion ainsi qu’à la différenciation (hétérogénéité, multi-niveaux).
Ces échanges ont permis de rappeler les difficultés et particularités des problématiques de la formation dans le 1er degré.
Le remplacement : un frein désormais quasi insurmontable
Tous les syndicats présents ont rappelé la difficulté des collègues à partir en formation. En l’absence de remplacement, ce sont les collègues qui récupèrent les élèves dans leurs classes.
Trop peu de choix
Quant aux animations pédagogiques, les réponses des collègues à notre enquête de rentrée parlent d’elles-mêmes :
• 2% pensent qu’elles répondent à leurs besoins,
• 1% qu’elles ont fait évoluer leurs pratiques.
Nous avons cité l’intégralité de ces chiffres à nos interlocutrices et interlocuteurs.
Tant que les collègues n’auront pas réellement la possibilité de choisir les formations et que celles-ci resteront centrées sur les apprentissages fondamentaux, il sera difficile d’avoir une formation continue qui donne satisfaction aux personnels du premier degré.
La formule consistant à placer ces temps de formation sur des heures qui s’ajoutent au temps de classe, placées en fin de journée le mardi soir ou au mieux les mercredis matins, sur des séquences courtes ne permettant pas un réel approfondissement, n’est par ailleurs pas efficace. En témoigne le très faible taux de mise en application dans les classes des répondant·es.
Le rectorat reconnaît l’existence de ce problème. Il identifie l’enjeu de lisibilité et de cohérence de l’offre de formation. Le PAF a un côté très prescriptif mais qui correspond également aux besoins de l’employeur.
Des choix en décalage avec les attentes et les besoins : inclusion et insécurité
Nous dénonçons une trop grande différence entre l’offre de formation du 2nd degré et celle du 1er degré. Des collègues ne parviennent pas à s’inscrire à des formations censées être inter catégorielles.
Là encore, le rectorat ne nie pas le problème qui peut parfois s’expliquer de façon purement technique… et reconnaît également le besoin urgent d’améliorer la lisibilité et l’accessibilité de l’offre. Effectivement, il faut savoir ce que l’on cherche précisément pour le trouver dans GAIA !
Au delà de ces questions pratiques, les syndicats sont unanimes à pointer l’absence de formations qui répondraient à des besoins urgents. Les fiches RSST démontrent les difficultés à faire face à l’inclusion et à une augmentation d’incidents violents.
Le Sgen-CFDT Bretagne demande par ailleurs s’il ne serait pas possible de faire appel aux ressources du monde médico-social pour répondre aux besoins en formation.
Le directeur académique d’Ille et Vilaine ne nie pas les questions d’insécurité, les problématiques liées aux troubles du comportement, qu’ils soient liés à la problématique du handicap ou non.
On manque de places en IME-ITEP, donc cela se reporte sur les ULIS, qui elles aussi manquent de place.
L’État envisagerait des pistes de solution : augmenter des unités externalisées qui s’installent en école et collège donc avec possibilité d’intervention du personnel médico-social auprès des enseignants. Il y a là un sujet prioritaire.
Le Directeur académique du Morbihan estime qu’en plus des compétences médico-sociales requises, il faut aussi faire appel aux compétences de l’ASE. En effet, si les difficultés se concentrent sur certaines zones rurales, les moyens eux se concentrent souvent sur les zones « politique de la ville ».
Un nouveau cadre institutionnel : les Écoles Académiques de la Formation Continue (EAFC)
Pourquoi ?
Les objectifs affichés sont ambitieux, la méthode choisie est humble. Camille Dapoigny, inspectrice en charge de l’EAFC, a beaucoup insisté sur la volonté de concertation, d’y aller pas à pas.
Il s’agirait de suivre le rapport de l’Inspection Générale sur la formation continue en conciliant mieux développement personnel et professionnel pour mieux vivre nos métiers. C’est un droit pour chaque agent, une obligation pour l’employeur. L’objectif est de rendre l’offre de formation plus lisible, de renforcer les partenariats en lien avec la recherche, bien sûr avec les INSPE et les universités.
Il s’agit donc dans cette nouvelle EAFC de piloter la formation, développer de nouvelles modalités, des conventions de partenariat et d’évaluer ce qui est mis en place.
Il ne s’agit pas seulement d’estimer la satisfaction des formé·es sur le plan individuel mais aussi la transformations des pratiques y compris collectives (changement sur un EPLE, sur un service). Cela passerait par des cercles de qualité, des enquêtes flash ; donc prendre le temps pour que la transformation soit effective pour mettre au cœur la question de la qualité du travail. Les professionnels doivent retrouver du pouvoir d’agir en retrouvant confiance en eux-mêmes. Voilà ce que pointe l’étude de l’IGESR.
Comment ?
La journée de formation en présentiel ne saurait être le modèle unique de formation. Les webinaires peuvent également intéresser les collègues parce qu’ils sont plus souples et évitent les temps de transport. Ils peuvent aussi ramener en formation des collègues qui s’en étaient éloignés.
Nous sommes intervenus pour insister sur la nécessité de maintenir une offre en présentiel conséquente. Un webinaire est plus un format d’information qu’un format de formation. Il s’agit en outre de créer des collectifs pour mieux apprendre ensemble. Nous pouvons vite avoir le sentiment d’être submergé·e ou dépassé·e par le flux de ressources sur le net, ce qui est contre-productif en formation. Par ailleurs, nous avons besoin de temps pour partager avec nos collègues ce que nous avons découvert. Cela n’est pas prévu par l’institution. Nous avons également besoin d’avoir une bulle qui permette une pause dans notre quotidien : apprendre en restant préoccupé·e par les urgences est très difficile !
Nos interlocuteurs ne nient pas ces dimensions. Ils insistent plutôt sur la nécessité de proposer des formations de formats et d’échelle variées. Et de se poser la question : quelle offre est valable pour quelle échelle ? l’individu, le collectif, l’établissement, le territoire ?
Le Sgen-CFDT Bretagne continuera d’être force de propositions… sans naïveté toutefois. Dans un contexte de suppression de postes, la priorité de l’E.N. restant de mettre des adultes devant les élèves, la formation en souffre inévitablement.