Ce 18 janvier s'est tenu le premier CSA de l'année 2024. La préparation de rentrée en était le principal point à l'ordre du jour. Vous trouverez ci-dessous la déclaration lue par le Sgen-CFDT en ouverture de cette instance.
Monsieur le recteur, madame la secrétaire générale, mesdames et messieurs les membres du CSA.
Pour commencer le Sgen-CFDT souhaite à chacune et chacun une belle année 2024, à titre personnel et professionnel. Nous formons de notre côté le vœu que cette année soit celle d’un engagement pour une école publique pour toutes et pour tous. Cela demandera un changement profond de politique !
Maladresse ou projet politique ?
Monsieur le recteur, à plusieurs reprises au sein de cette instance vous avez fait le reproche aux représentantes et représentants des personnels que nous sommes d’abimer l’image de l’école publique en en présentant plus les difficultés que les réussites.
Que direz-vous alors à notre nouvelle ministre, qui a peine nommée jette l’opprobre sur notre système public d’éducation tout en faisant les louanges d’un enseignement privé catholique dans sa forme la plus réactionnaire.
Les personnels se sont sentis insultés par ces paroles, les excuses présentées à nos collègues de l’école Littré ne suffiront pas à rétablir la confiance. C’est l’ensemble de la communauté éducative qui a été blessée par ses propos.
Alors que la ministre dénonce les difficultés de remplacement, nous verrons aujourd’hui que la question des moyens demeure une question centrale pour améliorer le remplacement et plus encore pour prévenir les absences et améliorer l’attractivité de nos métiers.
L’académie défend elle le premier degré ?
Pour en venir à la préparation de rentrée.
Dans le premier degré, nous ne partageons pas la satisfaction affichée dans le document de travail.
Si nous perdons moins de postes que ne le prévoyait le modèle statistique et si le P/E Académique s’améliore, ce n’est pas le cas relativement au P/E national. De toutes les académies, la Bretagne est celle dont le P/E s’accroit le moins. Il faut remonter à 2006 pour avoir un tel écart entre P/E national et P/E académique !
Vous nous dites en outre que la dotation permet une amélioration des moyens dans chaque département. Ce n’est pas le cas dans les côtes d’Armor ou le P/E baisse de 0,2 points.
Pourtant département très rural avec les IPS les plus chutées de l’académie et alors que le nombre d’élèves par classe en zone rurale dans ce département comme dans le Morbihan et l’Ille et Vilaine est supérieur d’un point à la moyenne nationale.
(cf carte)
Remise en question du collège unique ?
Dans le second degré,
Gabriel Attal, lors de son passage éclair à l’Education nationale, a annoncé la mise en place de groupes de niveaux au collège censés provoquer un choc des savoirs. La mesure nous semble être une mauvaise réponse à un problème mal posé. Cette mesure risque d’amplifier la reproduction des inégalités sociales, point sur lequel la France est particulièrement mal notée.
Nous sommes un des pays le plus inégalitaire parmi les pays de l’OCDE. C’est à ce triste record que nous devrions nous attaquer.
Le véritable problème est donc bien celui de la mixité sociale et scolaire. Or, le ministère propose une réforme qui risque de séparer davantage encore les élèves et de les enfermer dans une fatalité sociale. De nombreux travaux de la recherche pédagogique montrent que l’hétérogénéité bénéficie aux élèves en difficulté sans nuire aux élèves les plus performants. Des groupes de besoin ponctuels qui ne stigmatisent pas les élèves peuvent certes être utiles. Mais ils nécessitent une souplesse d’organisation pour en changer la composition afin qu’elle soit au plus près des besoins.
Quelle équité entre académies ?
Le ministère dans un premier temps a annoncé une baisse des moyens corrélée à une diminution des effectifs des élèves. Puis, en décembre, il a annoncé des moyens supplémentaires pour financer les groupes de niveaux en collège.
La Bretagne est, avec la Corse, la seule académie a ne pas avoir bénéficié de dotation supplémentaire, comment l’expliquez-vous ?
Ainsi nous faisons face à une nouvelle diminution du nombre de postes pour la prochaine rentrée
- 25 postes supprimés en collèges, 113 postes de moins en lycée
La ministre affirmait encore hier qu’aucun poste d’enseignant ne serait supprimé à la rentrée 2024. Nous ne dirons pas qu’elle a menti, mais que la réalité lui donne tort !
Parlons conditions de travail !
Enfin, nous le disons ici régulièrement, la loi de transformation de la fonction publique a rapproché les instances CTA et CHSCT au sein du CSA et de sa formation spécialisée. Cela doit amener le CSA à traiter des questions de qualité de vie au travail, cela fait d’ailleurs partie de ses attributions !
Dès lors la préparation de rentrée ne peut se contenter d’une analyse statistique des situations. Comment sont prisent en compte les données et les alertes portées dans les formations spécialisées départementales ?
Quelle pondération est apportée par exemple quand un département comme le 35 peine à recruter des AESH et manque de place en établissements spécialisés, provoquant une dégradation des conditions de travail telle que 50% des fiches du RSST saisies dans le 1D académique le sont en ille et vilaine ? Nous ne voyons pas dans les mesures proposées de prise en compte de ces données.
Nous attendons de notre ministère une politique ambitieuse pour son une école publique permettant la réussite de toutes et tous, cela nécessite un engagement fort et des moyens. Aujourd’hui ni l’un ni l’autre ne sont au rendez-vous.
Nous vous remercions de votre écoute