Nos rendez-vous de carrière

Témoignages de professeurs des écoles

Marion, professeure des écoles en Ille et Vilaine

J’ai été prévenue en septembre 2020, via I-prof,  que j’étais éligible au rendez-vous de carrière. Comme je suis un peu la procédure, je le savais, donc pas de surprise de ce côté-là. En décembre, la secrétaire de circonscription a directement appelé la directrice de mon école pour l’informer de la date dudit rendez-vous. Date confirmée dans l’heure qui a suivi, par un mail via I-prof et messagerie professionnelle. Mes réactions ont été multiples :

« Ah déjà! Chouette, ce sera fait! Oui, mais bon, là, c’est bientôt les vacances de Noël, je pensais faire autre chose pendant ces 15 jours pas toujours de tout repos ! ».

Finalement, j’ai commencé à rédiger mon document préparatoire, avec l’aide de mon syndicat préféré. Je n’ai pas attendu le dernier moment. Ce document préparatoire est très différent des précédents, avec les inspections. Il s’intéresse réellement à moi : dans ma vision du métier, dans mon école. Je me suis ainsi posé des questions que j’occultais, inconsciemment ou non.

J’ai préparé ma matinée comme d’habitude. J’ai toujours refusé de stresser pour la visite d’un inspecteur, ce sont mes parents qui me l’ont appris. Donc, comme on n’est jamais trop vieux pour écouter ses parents,  j’ai appliqué leurs conseils, encore une fois.

Le matin, j’avais quand même une petite boule au ventre. Mais l’IEN a passé la première partie de matinée dans la classe voisine, et venait chez moi après la récréation seulement. J’ai donc démarré ma matinée sereinement, une fois les élèves passés au lavage de mains (COVID oblige). Elle est restée 1h45 dans ma classe, c’est plus long que la plupart des rendez-vous de carrière, mais c’était lié aux horaires particuliers des récréations (encore ce satané COVID). Nous avons discuté rapidement de quelques points de mon document préparatoire, mais l’entretien n’a eu lieu officiellement que la semaine suivante, l’IEN étant prise avec des obligations urgentes. Sur le coup, frustrée, je me suis dit :

« Allez, c’est pas fini! On remet ça la semaine prochaine »

Comme j’écoute vraiment mes parents, j’ai refusé de rentrer dans mon jeu. Et j’ai eu raison. Le rendez-vous la semaine suivante m’a permis de réfléchir à ce qui avait marché ou moins. Avec notre accord, il a eu lieu conjointement avec ma collègue. Comme nous travaillons beaucoup ensemble, nous avons eu matière à discuter, de façon construite.

Mon seul regret, c’est d’avoir eu cet entretien à 3 uniquement, et pas en tête-à-tête avec l’IEN, pour une partie au moins. Il était intéressant, certes, mais nous avions aussi des particularités propres à chacune de nous, que nous n’avons pas eu le temps d’analyser. Nous sommes, je crois que je peux le dire aussi pour ma collègue, restées un peu sur notre faim.

L’avis de l’IEN est arrivé début juillet, et l’appréciation finale mi-septembre. Cela retire aussi du poids à ce compte-rendu, qu’on sait tardif. On prend donc du recul en le lisant. Mais il arrive malgré tout vraiment trop tard. La nouvelle année a commencé, dans parfois un nouveau cycle ou une nouvelle école. Ce compte-rendu parait alors trop décalé de la réalité d’une vie de classe, où tout va à 100 à l’heure.

 

Marjolaine, professeure des écoles en Ille et Vilaine

Mon rendez-vous de carrière a eu lieu en 2017-2018, première année où cela a été mis en place.

J’ai rempli le document préparatoire bien en amont de la visite pour ne pas à avoir à faire ça en plus au dernier moment. J’avais préparé beaucoup de documents comme pour une inspection, au cas où, mais l’IEN ne les a pas regardés. Cela ne m’a pas dérangé, j’ai pris cela comme une marque de confiance. L’observation en classe a duré 1h30 puis l’entretien a eu lieu dans la foulée. L’entretien a d’abord porté sur les éléments que j’avais indiqués dans le document préparatoire, puis la discussion s’est élargie. J’ai apprécié que ma séance ne soit pas « décortiquée » dans les moindres détails mais que l’entretien porte sur des points plus vastes. La discussion était respectueuse et s’est déroulée agréablement.

Cela permet de prendre du recul sur sa carrière et ses pratiques.

J’ai reçu le compte-rendu fin juin. J’ai été très largement en accord avec ce qui y était indiqué. Cependant, dans le remplissage de la grille, j’ai été un peu déçue. Pour quelques items qui, selon moi, n’avaient pas été abordés lors de l’entretien ou alors difficilement observables, j’avais obtenu un niveau d’expertise inférieur à celui des autres items.

L’appréciation finale est arrivée début septembre, reflétant plutôt le niveau « bas » de la grille que le haut, comme souvent constaté chez les collègues depuis. Mais cette appréciation finale, utile pour les promotions, est à décorréler du RV de carrière en lui-même, utile pour faire le point et regarder son évolution professionnelle sous un angle nouveau.

J’étais au 9e échelon, je n’aurai donc pas de nouveau RV de carrière. Mais PPCR permet un « accompagnement professionnel », qui peut-être initié à tout moment de la carrière, (en tout cas c’est ce qui est écrit sur le papier !), je n’hésiterai pas à utiliser cet outil si le besoin s’en fait ressentir, et si cela peut se réaliser dans une relation de confiance…