Que ce soit pour prendre son poste ou au cours de sa carrière, les besoins en formation des AESH sont nombreux et variés. Le point sur ce qui serait, aux dires des collègues, le plus utile et le plus urgent.
Nos nombreux échanges avec les AESH – enquête, heures d’information syndicales, visites d’établissement, discussions sur les réseaux sociaux – nous montrent que les collègues ont des attentes fortes sur la formation… mais qu’elles sont souvent déçues.
Le compte n’y est pas
Le nombre de jours de formations proposées au Plan Académique de Formation a certes augmenté. Il faut pourtant d’emblée dire fortement qu’il se situe bien en dessous du nombre de jours proposées à d’autres catégories de personnel. Le volume global est nettement insuffisant. Nous avons fait le calcul en juin : moins de deux heures par agent et par an.
La formation des Aides Médico Psychologiques (AMP) auxquels on compare parfois le métier des AESH comprend 495 heures contre seulement 60 heures pour les AESH. Ce qui est bien peu au regard des différents handicaps et situations difficiles que les AESH croiseront dans leur pratique. L’insuffisance est encore plus criante quand on demande aux agents de se former en tout ou partie sur Magistère (pour faire des économies, on s’en doute).
Manque d’information
La publicité autour de ces formations reste en outre trop timide. Combien d’AESH en ont connaissance ? L’accès au Plan Académique de Formation reste bien compliqué ! Il suppose un accès dès début septembre à Pronote qui donne les informations dont la date limite pour les inscriptions. Or il arrive souvent que les AESH soient les dernières à avoir un compte Pronote. Les écoles n’ont ni secrétariat ni cahier de texte électronique. Les AESH dans le 1er degré auront donc uniquement les informations via leur adresse mail académique. Parfois les coordo PIAL font circuler une liste de formations, parfois non.
Formations inter-catégorielles… et confidentielles
Le rectorat a fini par entendre nos demandes de formation mêlant différentes catégories de personnel.
Par exemple, le Plan Académique de Formation proposait une formation intitulée « AESH-Enseignant, ensemble au cœur de la classe ».
La formation semblait impliquer un binôme AESH-enseignant. Aucun·e Prof d’Ecole n’a participé à la première session. Les collègues ont-ils pu seulement s’y inscrire ?
Formation virtuelle ou qui existe virtuellement ?
Plus globalement, l’accès des collègues des écoles à ces formations est problématique. Les PE ont un accès très, très restreint au PAF. Pourtant la question de l’inclusion revient sans cesse dans leurs demandes de formation.
En pratique, il y a très peu de possibilité de remplacement pour les PE comme pour les AESH. Ces deux catégories ont un besoin urgent de travailler ensemble à l’inclusion.
Cela conduit l’institution à proposer des webinaires le soir entre 17h et 19h. Qui serait disponible et apte à suivre une formation après une journée de travail ? Mais c’est bien connu, les AESH sont des Wonder Woman ! Nous sommes d’ailleurs beaucoup à nous plaindre de ce mode de formation où les échanges sont réduits avec les formatrices et les formateurs. Rien, en effet ne remplace la formation en présentiel.
Des besoins en formation aux premiers secours
Les collègues AESH demandent très souvent des formations aux premiers secours. Les collégiennes et les collégiens bénéficient souvent d’une formation appelée PSC1 (Prévention et Secours Civiques de niveau 1).
Nous avons fait syndicalement la demande de cibler les AED comme les AESH pour ces formations. En effet, les AED suivent les élèves aussi sur des temps de pause, dans les cours de récréation ou au self. Les AESH suivent des élèves susceptibles d’être plus fragiles.
Mais le rectorat a refusé au prétexte que la formation à des gestes médicaux doit être explicite dans le plan d’accueil de l’enfant.
La réalité est hélas plus simple. Ces formations visent les élèves en priorité et les adultes sont accueilli·es… dans la limite des places disponibles. Il faut aussi préciser que certains élèves ne bénéficient que d’une petite sensibilisation de deux heures appelée « Gestes qui sauvent » car l’institution manque de personnel habilité à faire passer la formation. Faute de formatrices ou de formateurs, chaque collège doit recourir à des services payants effectués par des pompiers, la protection civile ou la Croix Rouge.
Nous demandons que le PSC1 s’ajoute aux 60h de formation initiale quand les personnels recrutés n’en sont pas déjà titulaires. Pour celles et ceux qui l’ont déjà passé il y a plus de 3 ans, nous demandons un module de réactualisation des connaissances.
Des besoins sur le Spectre du trouble autistique mal pris en compte
De nombreux collègues nous ont aussi fait remarquer, à juste titre, que les formations concernant les troubles du spectre autistique sont insuffisantes alors que de plus en plus d’élèves porteurs de ce trouble sont scolarisés (ce qui est positif).
En effet, ce trouble aux manifestations multiples nécessite une solide formation théorique et pratique. Ce n’est évidemment pas un ou deux webinaires proposés sur ce domaine en guise de formation professionnelle qui nous permettront d’être armée·s face à certaines situations.
De plus en plus d’AESH font aussi face à des situations de violences
Face à ces situations extrêmes, les collègues se sentent souvent démunies. Quelle attitude adopter ? Comment se protéger ? À quel moment doit-on refuser ? Le peut-on ?
Il ne faut pas hésiter à remplir une fiche Registre Santé et Sécurité. Si les collègues PE en remplissent beaucoup, c’est hélas trop rarement le cas pour les AESH. La lecture de ces fiches évoquant des morsures quotidiennes, des gestes violents montre les risques physiques et psychiques encourus par les personnels. En école primaire la présence d’infirmières est très rare, il n’y a pas de PSY-EN.
Les TSA ont beaucoup été mis en lumière ces dernières années. Mais il existe bien d’autres maladies psychiques et bien d’autres troubles du comportement nécessitant une formation avant d’accompagner un·e élève.
Étoffer la formation avec des partenaires extérieurs
Nous avons demandé lors du dernier Comité Académique de la formation que le rectorat fasse aussi appel aux compétences du monde médico-éducatif et de l’univers de l’aide sociale à l’enfance.
On peut ainsi imaginer des groupes d’échanges de pratiques au sein des établissements, en équipes pluridisciplinaires sur le modèle des centres de soins (IME, SESSAD, ITEP, Hôpitaux de jour… ). Pourquoi ne pas imaginer des personnes référentes formées (du champ social par exemple) et non pas seulement des AESH référentes (sous payées qui plus est et se formant sur le tas) pour ces missions ?
Il est urgent de mettre en place une formation plus étoffée en début et en cours de carrière des AESH comme cela se pratique dans le champ social. Il faudrait également que l’Éducation nationale pense à créer des passerelles avec les institutions et professionnels en charge de ce public spécifique afin qu’il soit accueilli dans de meilleures conditions. Cela éviterait bien des souffrances pour les AESH et les enseignant·es , voire bien des démissions.
Le Sgen-CFDT Bretagne propose régulièrement une formation syndicale sur l’école inclusive qui elle, est en présentiel et inter-catégorielle ! N’hésitez pas à vous inscrire !