Suite au courrier adressé au recteur de l'académie de Rennes, une délégation du Sgen-CFDT Bretagne a été reçue le mercredi 15 mars au rectorat pour porter la parole et les inquiétudes des collègues enseignant·es de technologie.
La délégation du Sgen-CFDT était constituée de Marie Odile BERTRAND, enseignante de technologie, Adeline SALIOU élue CAPA 2D et Luc GRIMONPREZ Secrétaire général du Sgen-CFDT Bretagne.
Nous avons été reçus par
Mme LAMOTTE D’INCAMPS, Secrétaire Générale du Rectorat, Mme RAULT, SG Adjointe DRH, M. GODFROID DPE2 , Mme DAPPOIGNY en charge de l’EAFC et Mme LANGLET IA-IPR de Technologie
Suppressions de postes et services partagés
Le Sgen-CFDT Bretagne a écrit à M. le Recteur suite aux annonces ministérielles concernant la suppression de l’enseignement de la technologie en 6ème.
Comme nous vous l’avons écrit et dit en FS SST A, cette décision aura de graves conséquences en termes de ressources humaines pour les professeur·es de technologie. Certain·es risquent de se retrouver en sous-services ou même faire l’objet de mesures de carte scolaire dès la rentrée prochaine.
Nous avons demandé
- Le nombre de postes supprimés par mesure de carte scolaire : nous estimons qu’entre 50 et 70 postes pourraient être concernés. Confirmez-vous cette estimation ?
- Le nombre de complément de services générés ;
- Le nombre de collègues sur deux voire trois établissements.
Nous l’avons dit en CSA FS SST, en termes de Prévention des RPS cette décision est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Même si nous avons bien conscience que celle-ci ne relève pas de la responsabilité du rectorat, en tant qu’employeur il lui appartient d’évaluer les risques, y compris psychosociaux. Il doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salarié·es.
Le Sgen-CFDT Bretagne revendique pour ces collègues :
- qu’il n’y ait pas de suppression de postes (y compris contractuels) ;
- l’acceptation de sous-services, surtout quand celui-ci est limité ;
- l’intégration de missions actuellement rétribuées en IMP pour compléter les services incomplets. (Ex. : les missions de RUPN, souvent exercées par les collègues de technologie) ;
- une anticipation RH des répercussions de ces mesures par des rendez-vous individuels pour limiter une attente anxiogène ;
- un accompagnement et de la formation pour les collègues qui souhaiteraient s’engager vers une autre valence.
Selon M. GODFOID, au 31 Janvier il y avait en poste 188 enseignant·es de technologie titulaires et 83 contractue·ess dont 35 en CDI et 48 en CDD.
L’Académie avait une politique volontariste sur la technologie en 6ème avec le plus souvent 2h de service dans ce niveau (1h30 pour les élèves). Du coup la mesure ministérielle a un impact majoré.
Mesures de carte scolaire
Les services RH travaillent à un ajustement fin, mathématiquement on arrive au même nombre que celui de nos estimations (50 à 60 postes). Mais, nous dit Mme RAULT, ce n’est pas mathématique.
Le rectorat travaille avec les DASEN pour appréhender au plus prêt les impacts RH.
Le nombre de mesures de carte devrait être extrêmement réduit : 2 postes de titulaires sont touchés. L’un dans le Finistère et l’autre en Ille et Vilaine. Les collègues concernés bénéficieront d’une bonification pour leur mobilité.
Personnels contractuels
Il y a aujourd’hui un certain nombre de postes vacants sur lesquels sont affectés des personnels contractuels.
Les effets de cette mesure sur les postes vacants, à savoir sur des postes occupés par des personnels non titulaires devraient aboutir à ce stade à 26 suppressions de postes de non titulaires. Le rectorat dit avoir une attention particulière pour les collègues qui sont en limite de contrat (proches de la CDIsation)
Le Sgen-CFDT demande une attention sur la situation des personnels contractuels dont les postes sont supprimés.
Les services travaillent en particulier sur la situation de ces collègues, qui sont dans les situations les plus fragiles.
Pour ces derniers, le rectorat envisage une bascule sur le lycée pour faire face, notamment, à la montée en charge en STI2D. Il y aura aussi un abondement des postes de remplaçants en technologie pour permettre les départs en formation.
Il est évident que le redéploiement des postes se fera en priorité au bénéfice des titulaires, les contractuels seront peut-être contraints à des mobilités géographiques. Certains alors ne souhaiteront pas renouveler leur contrat si la zone géographique proposée ne convient pas.
Sous services et services partagés
Il y aura une augmentation du nombre d’enseignant·es placé·es en complément de service surtout dans le Finistère et en Ille et Vilaine. Les chiffres concernant les personnels concernés seront stabilisés fin mars pour le CSA.
Concernant les sous-services il y aura une bienveillance du rectorat (et un message en direction des Chefs d’établissement en ce sens). Les sous-services limités (jusqu’à 2h ?) ne donnant pas lieu à complément de service.
Concernant les missions connexes effectuées par les professeurs de technologie, aujourd’hui rétribuées en IMP : elles pourraient être intégrées au service pour éviter les compléments de service.
Le Sgen-CFDT signale que plusieurs collègues ont découvert sur Pronote leur affectation sur un deuxième établissement.
Cela est confirmé par Mme LANGLET, IPR de technologie, qui déplore néanmoins le manque de communication de la part des chef.fes d’établissement vers les collègues concernés.
Par ailleurs le Sgen rappelle que les professeurs de technologie qui étaient 2 sur un même établissement avaient droit à une IMP pour partage de matériels. Ces redéploiements des emplois vont conduire dans de nombreux cas à la disparition de cette IMP puisque les professeur·es se retrouveront souvent seul·es dans leur discipline. Et un alourdissement pour les collègues qui se retrouveraient sur plusieurs établissements avec des outils de travail différents d’un établissement à un autre.
Accompagnement des collègues
Les mesures d’accompagnement proposées par le rectorat
Depuis l’annonce, les équipes de la DPE2 sont à l’écoute des collègues qui les contactent. Il peut y avoir des entretiens individuels avec les enseignant·es de technologie à leur demande.
Mme DAPPOIGNY nous dit qu’il y a un enjeu d’identité professionnelle pour les enseignant·es de technologie. Enjeu qui préexistait à la réforme et que l’on est dans une logique de renforcement et valorisation de la discipline. Cela avec une réécriture des programmes de cycle 3 et de cycle 4. Un effort de formation est déjà programmé pour l’année scolaire 2023-2024.
Quoi qu’en dise le rectorat, le ressenti des personnels n’est pas celui d’une valorisation de leur discipline. Au contraire les collègues se sentent encore une fois méprisés.
Pour le Sgen-CFDT il est difficile d’entendre que cette mesure vise à un renforcement de la technologie.
Le rectorat déclare ne pas être en mesure ni en charge d’expliquer ou commenter les choix du ministère.
Le Sgen-CFDT demande au rectorat de rencontrer TOU·TES les collègues.
Le rectorat a entendu la nécessité de rencontrer les collègues même si toutes les réponses ne pourront être données lors de ces rencontre, beaucoup d’éléments manquant encore.
Fin mars la situation RH sera à peu près connue et il sera possible de dresser des perspectives.
Mme DAPPOIGNY est déjà revenue vers nous pour nous confirmer la mise en place d’une rencontre avec l’ensemble des enseignant·es de technologie dans les plus brefs délais et dans les meilleures conditions pour tou·tes.
Pourquoi acter une situation qui n’est toujours pas inscrite dans les textes
« On anticipe » nous a dit Mme LAMOTTE D’INCAMPS « ce serait encore plus maltraitant si l’on attendait le dernier moment et la publication officielle des textes ».
La Secrétaire Générale reconnait que ce n’est pas confortable. C’est compliqué pour les personnels concernés mais aussi pour les services, en particulier du fait des délais très court de mise en œuvre.
Formation aux nouveaux programme et accompagnement
La disparition de la techno en 6ème a aussi pour conséquence la nécessité de rédiger de nouveaux programmes de cycle 3, mais aussi de cycle 4.
Les nouveaux programmes du cycle 3 qui devraient paraître fin mars concerneront les classes de CM1 et CM2 pour la partie Sciences et Technologie, et le niveau 6ème pour la partie Sciences (SVT et Physique Chimie). Encore une fois, cette rupture au sein d’un même cycle laisse perplexe et interroge.
Le cycle 4 n’est pas en reste avec la réécriture des programmes dont le premier jet devrait paraître mi-juin 2024.
Il s’agirait d’un renforcement de la techno dans le cycle 4. Mais sans qu’il y ait pour autant augmentation du nombre d’heures de Technologie sur ces niveaux.
Dès maintenant le rectorat prévoit dans le PAF des formations pour cette adaptation sur le cycle4 lorsque les nouveaux programmes seront connus.
Une réunion des formateurs·trices est déjà prévue le 4 avril prochain
Les collègues qui souhaiteraient valider une bivalence auront un dialogue avec les corps d’inspection, l’adaptation et donc le parcours de formation proposé se feront au cas par cas.
Il y aura également des offres de formation pour les collègues qui souhaiteraient enseigner en STI2D.
Diplôme Universitaire et Diplôme Inter Universitaire ? Pourquoi un nouveau diplôme pour des personnels qui sont titulaires ? quid si le diplôme n’est pas obtenu ?
Selon la Secrétaire Générale il y a une demande des personnels pour une certification et un intérêt à s’inscrire dans une logique de certification. Ce DU n’est pas annoncé pour le moment comme étant obligatoire et conditionnant au statut des professeur·es de Technologie.
Rassemblement de protestation contre la suppression de la technologie en 6ème
À 14H30 ce mercredi 15 mars une centaine de personnes, surtout des collègues de technologie, étaient réunies devant le rectorat pour signifier leur désaccord et leur colère suite à cette décision.
Une délégation intersyndicale a été reçue par le directeur de cabinet du Recteur.