Pour rappel le Conseil Départemental de l'Éducation Nationale rassemble le DASEN, le Préfet, les représentants des personnels, des parents d'élèves et des collectivités locales.
Nous nous retrouvons ce 5 décembre jour de la publication des résultats de la dernière enquête PISA, pour faire le bilan de la rentrée scolaire 2023 dans le Morbihan.
À quoi sert de faire un bilan, sinon à préparer la suite ? Pouvons-nous seulement espérer que les constats d’aujourd’hui, une fois analysés, permettront de mettre en place les modalités nécessaires pour que la rentrée 2024 se passe dans de meilleures conditions ?
Le Morbihan connaît une légère baisse du nombre d’élèves en primaire et en collège. Alors que la démographie pourrait permettre d’améliorer les conditions de scolarité des élèves et les conditions de travail des agents, nos gouvernants font un choix purement quantitatif : moins d’élèves = moins de personnels. Vous nous retorquerez que le P/E du Morbihan est en hausse, nous vous répondrons qu’il reste inférieur aux P/E académique et national.
Et quand on entrevoit ce qu’il se profile pour la rentrée 2024, à savoir -1 709 postes dans le 1er degré et – 484 dans le 2nd degré, nous ne pouvons qu’être très inquiets.
L’école de demain n’est pas celle d’aujourd’hui et encore moins celle d’hier. Il n’est plus possible d’enseigner la même chose à tous les enfants en même temps. Nous devons différencier, nous adapter à des élèves ayant une capacité de concentration sans doute moindre, mais aussi une multitude de sources d’informations (et de distractions !). Les jeunes doivent acquérir des compétences – sans guillemets s’il-vous-plait – flexibles, une capacité à s’adapter à un monde en perpétuel mouvement.
Pour donner à chaque élève l’attention à laquelle il a droit, il faut, ne vous en déplaise, des moyens humains, il faut des classes moins chargées. Et quand on décide de mettre les moyens humains sur un niveau, en dédoublant certaines classes en primaire, cela ne doit pas se faire au détriment des élèves du secondaire. Les résultats PISA de la France en sont le triste constat.
Les ministres qui se succèdent ainsi que la société nous demandent d’inclure encore plus d’élèves à besoins éducatifs particulier, mais dans un système qui reste extrêmement normatif. L’école inclusive de 2023 s’organise comme une somme de droits individuels à satisfaire avec une individualisation impossible (certainement pas avec les moyens actuels), et non comme l’École pour tous et toutes dans un cadre collectif tenant compte des conditions d’apprentissage des élèves et des conditions de travail des personnels. Il ne suffit pas de mettre les enfants ensemble dans une classe pour que l’hétérogénéité soit bénéfique à toutes et tous.
On peut vouloir qu’un maximum d’élèves ne quittent pas l’École pour aller vers les structures médico-sociales, encore faut-il s’en donner les moyens : moyens humains (plus d’adultes dans l’école, présence sur tout le temps scolaire de spécialistes du médico-social…) moyens en mobilier adapté et moyens architecturaux.
Pour améliorer les conditions d’apprentissage des élèves, encore faut-il trouver du personnel. Si notre académie reste une académie attractive, nous constatons malgré tout un recours aux contractuels de plus en plus fréquent, alors que de nombreux collègues n’en peuvent plus d’attendre une mutation pour la Bretagne.
Rendre le métier attractif, pour éviter le recours aux personnels contractuels, c’est permettre la mobilité professionnelle ou géographique.
Rendre le métier attractif, c’est mettre en place une véritable revalorisation salariale, et non pas à coup de pacte ou primes diverses.
En cette fin de 1er trimestre, nous constatons que la fatigue s’est installée très vite chez les personnels. L’organisation du travail et les prescriptions ne permettent plus d’être en phase avec les objectifs professionnels. Les annonces intempestives et hors-sol dégradent la qualité de vie au travail et nuisent aux conditions de travail des personnels : pacte, volonté que la formation continue se déploie uniquement hors temps de face à face élève, déploiement à marche forcée de certains outils informatiques dans les services déconcentrés.
Le 1er degré semble décrocher la palme des injonctions infantilisantes : 30 minutes d’activité physique quotidienne, 2 heures de lecture quotidienne, une rédaction hebdomadaire. La liberté pédagogique existe-t-elle encore pour les professeurs des écoles ? Toujours pas d’allègement pour les directions d’écoles : la circulaire « mise en œuvre du PPMS », publiée en juin, repousse à 2028, le transfert de compétence aux collectivités pour la rédaction et la mise à jour du protocole.
Quittons la course au toujours plus d’injonctions, pour aller vers le toujours mieux. Il y a urgence à réviser ces politiques pour redonner du sens et de l’attractivité au métier d’enseignant·e.
Nous avons bien compris grâce au courrier reçu ce matin que notre ministre a déjà trouvé toutes les solutions dans sa boîte à outils. Il est appréciable également de voir qu’il a en introduction dit qu’il faisait avec les professeur·es, tout en décidant de tout sans eux.