Bilan de rentrée dans les Côtes d’Armor et inquiétudes sur la suite

Jeudi 24 novembre se tenait le conseil départemental de l'Education nationale des Côtes d'Armor pour faire le bilan de la rentrée 2022. Voici la déclaration que nous avons lue. Vous retrouverez le compte-rendu de la réunion dans un prochain article !

Qualité de l’air : capteurs à la poubelle ?

L’an passé, à même époque,  nous avions à affronter des problématiques de remplacement dues au COVID. Aujourd’hui la levée des contraintes sanitaires peut nous donner l’illusion d’une amélioration. Pour autant, il ne faut pas estimer  que la situation des établissements scolaires est redevenue normale.

Loin s’en faut.

Evoquons tout d’abord ces questions sanitaires. Nous avons demandé la dotation pour les établissements scolaires en capteurs de CO2. Cette dotation était nécessaire mais elle n’est pas suffisante. L’objectif n’est pas seulement de mesurer la qualité de l’air, il est de l’améliorer. L’Etat a mis beaucoup de temps à s’emparer de cette question, sous la pression des organisations syndicales. Il a fini par  participer au financement des capteurs. Mais il a laissé ensuite la main aux collectivités territoriales sans se soucier ni du résultat  ni de l’équité entre les territoires.

Des investissements toujours nécessaires

Cet objectif, mis en lumière avec le COVID, ne doit pas disparaître. En effet, nombre d’indicateurs de santé publique montrent une augmentation des pathologies respiratoires. Des études montrent également le lien entre qualité de la concentration chez les enfants et taux de CO2 dans les salles de classe.  Il n’existe malheureusement pas de baguette magique. L’amélioration de la qualité de l’air nécessite un plan pluriannuel d’investissement dans les collèges et les écoles d’ampleur .  Et cette amélioration est particulièrement difficile dans les vieux établissements.

Vu la forte augmentation des coûts de fonctionnement nous craignons que des dépenses immédiates – et nécessaires – n’obèrent des investissements à plus long terme.

Chauffage, cantine et papier

En effet, les EPLE doivent affronter de très fortes augmentations de dépenses structurelles : coût du chauffage, des denrées alimentaires et du papier. Maintenir des tarifs de restauration accessibles permet de ne pas mettre en difficulté les familles les plus précaires et donc les plus touchées par l’inflation. Toutefois, comment réussir à garder dans chaque assiette à la fois les quantités et la qualité nécessaires à l’alimentation de nos adolescent·es ? N’y a-t-il pas, de ce point de vue, des améliorations à la loi Egalim à apporter pour que cela ne devienne pas une quadrature du cercle ?

Rentrée chaotique et manque d’attractivité de nos métiers

Ce CDEN se tient aujourd’hui pour faire le bilan d’une rentrée dont il est difficile de se satisfaire tant le contexte est dégradé et les inquiétudes fortes pour la suite.

Les préparations de rentrée dans le second degré, en raison notamment de la réforme de la formation initiale, sont de plus en plus complexes. Les collègues nous font remonter des affectations plus que tardives, malgré la bonne volonté des services. Cela s’ajoute aux habituelles tensions sur certaines disciplines ou sur certains territoires. Et c’était encore sans compter  l’heure et demie de maths qu’il faudra mettre en place l’an prochain. Nous avons pourtant dès 2018 alerter sur le fait que la réforme du lycée se faisait à marche forcée. Entre temps, bon nombre de postes de maths ont été supprimés.

Nous n’évoquerons pas ici la réforme de la voie professionnelle qui relève du CTA et du CAEN. Disons tout de même que la très forte inquiétude des collègues les a conduits à faire massivement grève le 18 octobre à l’appel, chose inédite jusque-là, de toutes les organisations syndicales.

Et globalement, même dans notre académie très demandée par les collègues, les questions de déficit d’attractivité se posent de façon criante.

Inclusion en panne

Comme si cela ne suffisait pas, nos élèves manquent aussi dAESH dans certains territoires.   Certes, on peut se satisfaire de la nette diminution du nombre d’enfants notifiés sans aucun AESH. Mais là encore, ces chiffres ne doivent pas masquer la réalité d’une inclusion en panne. Il est urgent d’accorder un véritable statut et une véritable reconnaissance à des personnels, les AESH, qui sont un maillon important dans la chaîne de l’inclusion.

Tout le monde connaît la faiblesse du salaire de ces collègues dont le temps partiel est très souvent subi. Il faut ajouter les incidents de paye récurrents :  retard en septembre, absence des 15 euros mensuels de la complémentaire santé etc. Les AESH n’ont pas accès aux droits au chômage à la fin de leur CDD, contrairement à ce qui se passe ailleurs dans le monde du travail. Et ce ne sont pas les motifs légitimes de démission qui changent la donne. Comment peut-on imaginer qu’après trois ans de contrat à 800 euros mensuel on va pouvoir affronter un retour sur le marché du travail sans indemnisation pendant 4 mois ? Forcément, au vu du salaire et des conditions de travail, le recrutement est difficile et le turn-over inévitable. Et cela a de lourdes conséquences pour le suivi des enfants à besoin éducatif particulier.

En outre, qu’il y ait moins d’enfants sans AESH ne signifie pas que les enfants bénéficient de toutes leurs heures de notification. Nous assistons depuis la mutualisation à un émiettement des prises en charge qui compliquent la tâche des AESH. Il manque des moyens, notamment administratifs, pour la gestion des PIAL. Un de leurs objectifs était de coller au plus près des besoins des territoires. Trois ans plus tard, il n’est pas du tout atteint. Il est urgent de mettre en place des outils de gestion dimensionnés pour des collègues en nombre croissant.