Face aux réactions de l'opinion devant les mauvais résultats des élèves français, le ministère dans la précipitation et sans concertation rejoue le refrain des fondamentaux. Les équipes sur le terrain sont sommées de s'adapter.
Concrètement ? Une suppression
Le ministère supprime une heure de l’Enseignement Intégré de Sciences et Technologie en 6ème. Il a demandé au CSP dans une lettre de saisine de modifier le programme de 6ème pour en supprimer la technologie.
Le Sgen-CFDT Bretagne proteste contre cette suppression ainsi que contre la méthode employée.
Concrètement ? Une mise en barrette (=alignement horaire) sur plusieurs classes de 6ème
Cette heure est reconvertie en heure pour tous les élèves de 6ème soit en français soit en maths. Les équipes doivent utiliser les évaluations à l’entrée en 6ème pour former des groupes de besoin.
Cela suppose des alignements car selon le B.O. du 12 janvier les élèves doivent pouvoir changer de groupe en cours de route en français comme en maths, en soutien comme en approfondissement. Voici le texte (c’est nous qui soulignons)
« À compter de la rentrée 2023, afin de donner à chaque élève les moyens de réussir au collège, des sessions d’une heure hebdomadaire de consolidation ou d’approfondissement sont instaurées pour tous les élèves de 6e en mathématiques ou en français.
Ces sessions sont organisées de manière transversale pour tous les élèves de 6e d’un même établissement et se fondent sur une programmation qui répertorie les objets d’étude à travailler : fluence, maîtrise de l’orthographe, écriture, syntaxe, vocabulaire, en français ; numération, fractions, calcul, grandeurs, mesures, espaces et géométrie à partir de résolutions de problèmes ou d’entraînement sur les automatismes, etc., en mathématiques.
Ces sessions interclasses permettent, en offrant un cadre adapté, de renforcer les acquis des élèves et de faciliter leur réussite au collège. Les élèves sont répartis entre les différentes sessions en fonction de leurs résultats aux évaluations et de leurs compétences, et non en fonction d’un niveau général, afin de permettre effectivement à chaque élève de réduire ses difficultés ou d’approfondir ses compétences dans les domaines où cela apparaît le plus pertinent à l’équipe pédagogique […] À la fin de chaque trimestre, une évaluation de la progression depuis le début de la période sur les compétences qui avaient été ciblées permettra à l’ensemble de l’équipe pédagogique de proposer à chaque élève une suite adaptée pour sa réussite dans la session suivante. »
Les Profs d’École à la rescousse ?
C’est dans le passage que nous avons coupé qu’il est précisé :
« Ces sessions peuvent notamment être assurées par des professeurs des écoles. »
Le texte ne précise pas sur quel horaire les PE qui travaillent toute la journée pourraient intervenir. Mais tout le monde a bien compris que les seuls créneaux qui pourraient être disponibles sont
- des heures de 16h30 à 17h30 (les PE ont des pouvoirs magiques, ils/elles peuvent quitter leur école et se rendre au collège par téléportation)
- le mercredi matin : le ministère ne sait pas que quelques écoles travaillent encore le mercredi matin. Mais les PE ont des pouvoirs magiques d’ubiquité. Elles/ils n’ont en outre aucune animation pédagogique le mercredi.
Le ministère s’est fondé sur des expérimentations appelées « Tremplin » dans l’académie d’Amiens. Il a juste oublié qu’aux dires des expérimentateurs eux-mêmes, s’il y avait un grand intérêt à l’intervention des Profs d’Êcole, la concordance horaire posait problème …
Quant à la question des modalités de rétribution, elle n’est même pas évoquée. Les PE ont des pouvoirs magiques, elles/ils ne mangent pas et travaillent gratuitement !
Des heures de maths faciles à trouver : heures sup à volonté !
Comme il s’agit de groupe de besoins, comment fixer par avance le nombre d’heures et de groupes qu’il faut anticiper dans les deux disciplines, français et maths ?
Le texte ne précise pas dans quelle proportion entre le français et les maths….mais il insiste largement sur les maths. Il faut donner « une nouvelle dynamique » aux mathématiques ! C’est sous cet objectif que le B.O. annonce l’introduction de cette horaire dédié » : « Au collège, lutter contre la grande difficulté scolaire en mathématiques et cultiver l’excellence »
Le ministère oublie juste un petit détail : nous manquons de profs de maths.
Moralité : on va voir les heures supplémentaires se concentrer sur les collègues de maths. Pas sûr que cela rende la discipline plus attractive !