Le CAEN s'est tenu ce 28 novembre en présence des représentant·es de la région et du rectorat mais en l'absence notable des élus départementaux, de la plupart des maires invités, des représentants de la DRAAF, des présidents d'universités... Une désaffection qui interroge le rôle de cette instance.
Déclaration liminaire du Sgen-CFDT
Ce CAEN doit faire le bilan de la rentrée 2023 alors que l’année se termine bientôt.
Cette année ce sont 2 774 élèves en moins accueillis dans les écoles publiques bretonnes (et 1244 dans les établissements secondaires). Sur les 10 dernières années nous avons perdu un peu plus de 21 000 élèves dans les écoles. Les indicateurs ne font malheureusement pas apparaitre de retournement de tendance pour les années à venir.
Cette baisse des effectifs est un phénomène national corrélé à une baisse générale de la natalité.
Nous regrettons que les documents de travail se contentent d’en établir le constat. Ne serait-ce pas pourtant le rôle de cette instance de mettre en perspective cette baisse et d’avoir une vision prospective ?
Aménagement du territoire une problématique globale…
La baisse démographique conjuguée à une concentration des populations sur les métropoles pose de multiples questions en termes d’aménagement du territoire dont celle du maillage du tissu scolaire public. Elle interroge l’accessibilité à un service public d’éducation de qualité et de proximité sur l’ensemble du territoire régional.
Elle pose aussi des questions en termes d’emploi public. Un établissement scolaire ce sont des élèves mais ce sont aussi des personnels.
Parmi eux des personnels de l’éducation nationale qui ont le plus souvent passé des concours exigeants, qui pour nombre d’entre eux doivent passer des années éloignés de leur région d’origine et parfois même de leur famille.
La raréfaction des postes liés à cette baisse d’effectif rend les mobilités de plus en plus compliquées. Cela pèse lourd sur la qualité de vie au travail des personnels.
…face à une organisation cloisonnée des collectivités
Nous regrettons que le CAEN ne s’empare pas de cette problématique, de la maternelle à l’université. La répartition des responsabilités (aux communes les écoles, aux départements les collèges, aux régions les lycées) nous amène à avoir sur les questions d’organisation du tissu scolaire une réflexion en silo, sans vision globale de l’ensemble.
La chambre régionale des comptes invite les collectivités à s’interroger sur les synergies possibles. Si elle l’aborde sur un plan économique essentiellement, il y a certainement à y réfléchir également d’un point de vue pédagogique, d’amélioration et de pérennisation du service public d’éducation.
Une opportunité à saisir pour des effectifs allégés
Par ailleurs, plutôt que de reprendre les idées du café du commerce, le ministère serait bien inspiré de faire de cette réalité démographique une opportunité pour améliorer les conditions d’enseignement et permettre les adaptations pédagogiques nécessaires à une école réellement inclusive. De meilleures conditions de travail pour les personnels, d’apprentissage pour les élèves permettraient de rendre effective la bienveillance réclamée par l’institution tout en progressant vers l’excellence.
(L’institution elle-même, lorsqu’elle exige au 1er degré des effectifs limités à 24 élèves de la GS au CE1, qu’elle met en place des CP et CE1 dédoublés ou bien encore qu’elle « organise » des heures de soutien et approfondissement dans les collèges pour constituer des petits groupes de travail, voient dans des effectifs limités un levier pédagogique.)
Voie pro : une réformite aigüe à soigner d’urgence
Lors de ce CAEN nous devrons également nous prononcer sur la carte des formations. Il nous faut à nouveau souligner le grand désarroi des collègues de la voie professionnels face aux réformes en cours. Tous les ans la voie professionnelle a droit à une nouvelle réforme de la réforme précédente…Une remise en question permanente des équilibres et de l’avenir de leur métiers particulièrement maltraitante.
Sur la nouvelle démarche pluriannuelle nous espérons que le dialogue annoncé avec les établissements sera de meilleur qualité que celui que nous constatons aujourd’hui.