“Ce congrès est particulièrement historique”

Le Sgen-CFDT s’appelle désormais CFDT Éducation Formation Recherche Publiques. Ce changement de nom a été voté à plus de 78 % lors du congrès de Lorient, du 13 au 17 mai dernier. Réélue secrétaire générale de cette fédération, Catherine Nave-Bekhti en dresse un premier bilan

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Que retiens-tu de cette semaine de débats ?

qui a été marquant durant ce congrès, c’est de voir le plaisir qu’ont eu les militantes et militants à se retrouver, se rencontrer, échanger. Notre précédent congrès s’était tenu en visio à cause du coronavirus ; cela faisait donc huit ans qu’il n’y avait pas eu de congrès « classique ». De plus, il s’agissait du premier congrès fédéral pour beaucoup de participants. Il s’est produit un large renouvellement de nos responsables ces dernières années. Cette semaine de débats a donc eu également un rôle formateur très fort.

Quels sont les principaux sujets qui ont été abordés ?

Le congrès a abordé trois axes revendicatifs majeurs, que nous avons déclinés en trois résolutions. La première porte sur la manière de construire une école vraiment inclusive, une école qui fasse une place à chacune et à chacun, une école qui prenne en compte la diversité des élèves et les fasse tous réussir. La deuxième résolution concerne les conditions qui permettent aux personnels de bien travailler, le décalage entre les objectifs qui leur sont assignés et les moyens donnés pour les atteindre. Nous insistons notamment sur l’importance du dialogue professionnel et du dialogue social afin que les agents puissent être pleinement acteurs. Enfin, la troisième résolution se rapporte à l’engagement syndical, à la manière de mettre en place le syndicalisme de proximité et d’adhérents que toute la CFDT appelle de ses vœux – et qui a d’ailleurs fait l’objet de débats au congrès confédéral de Lyon de juin 2022.

Un moment fort de ce congrès a été le choix de changer le nom de la fédération. Peux-tu nous donner les raisons de cette transformation ?

Tous les congrès sont historiques, mais celui-ci l’est peut-être un peu plus avec ce changement de nom. Cela n’était jamais arrivé depuis la création de la fédération, en 1937. C’est l’aboutissement d’un long cheminement. En 2007, déjà, un syndicat avait porté ce débat. Depuis, à chaque congrès, il y a eu des discussions. En 2021, nous nous étions engagés à mener une réflexion sur ce sujet avec les syndicats.

Il est ressorti de ce travail qu’une majorité de syndicats souhaitait « normaliser » notre nom, le décliner comme celui des autres fédérations CFDT. Il y avait clairement l’idée de réaffirmer plus fortement l’identité CFDT, mais aussi le souhait d’adopter un véritable nom de fédération. Le Sgen s’était transformé en fédération mais avait gardé un nom de syndicat [Syndicat général de l’Éducation nationale]. Enfin, il y avait la volonté de rendre plus visible la diversité des professionnels que nous syndiquons. Nous couvrons en effet l’Éducation nationale, l’enseignement supérieur et la recherche, la jeunesse et les sports ainsi que l’enseignement agricole public.

Catherine Nave-Bekthi (au centre) est désormais la secrétaire générale de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques.

Catherine Nave-Bekthi (au centre) est désormais la secrétaire générale de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques.
(De gauche à droite, Jean-Luc Villeneuve, Thierry Cadart, Catherine Nave-Bekthi, Yvan Ricordeau, Jean-Michel Boullier)

Au vu des résultats des votes, on peut dire que ce congrès a reflété une forte satisfaction des syndicats eu égard au travail mené ces trois dernières années et une grande unité de vue…

Le rapport d’activité a été voté à 88,14 %, un score plutôt élevé pour notre fédération. Cela valide le travail que nous avons mené ces trois dernières années. Les trois résolutions ont donc été adoptées à 88,14 %, 93 % et 94,2 %. On peut dire que les syndicats ont fait passer un message clair de soutien à la fédération…

Nous sommes dans une période de fortes tensions, et ce, de la maternelle à l’université. Les agents subissent des réformes décidées en dépit de l’opposition de l’ensemble des organisations syndicales représentatives, et dont la mise en œuvre se fait de manière précipitée, dans l’urgence. De plus, une partie de ces réformes sont aux antipodes des valeurs que nous portons, aux antipodes de ce que nous pensons qu’il faudrait faire dans l’intérêt des élèves.

Il y a de la souffrance chez les personnels. Cette réalité professionnelle peu enthousiasmante explique, au moins en partie, pourquoi les militants CFDT de l’enseignement, de la formation et de la recherche publiques ont pris tant de plaisir à débattre pendant ce congrès et ont tenu à afficher leur unité. À nous d’entretenir cette belle dynamique. Nul doute que les liens qui ont été tissés pendant le congrès nous seront d’une aide précieuse afin de conduire l’action syndicale dans les mois qui viennent, convaincre des agents de nous rejoindre et de voter CFDT aux élections professionnelles de 2026.

LA NOUVELLE COMMISSION EXÉCUTIVE

Catherine NAVE-BEKHTI, secrétaire générale ;
David ROMAND, trésorier, secrétaire national (nouvel élu) ;
Jean-Marc MARX, trésorier adjoint, secrétaire national.

Laetitia ARESU, secrétaire nationale ;
Christophe BONNET, secrétaire national ;
Caroline BRISEDOUX, secrétaire nationale ;
Florence DUBONNET, secrétaire nationale ;
Laurent GOMEZ, secrétaire national ;
Sylvie PERRON, secrétaire nationale ;
Alexis TORCHET, secrétaire national.