Conditions de travail des PE : Retour d’enquête

Ce sont près de 400 PE de l'Académie qui ont répondu à notre enquête sur les conditions de travail, nous vous proposons ici une restitution des résultats, nos analyses et les revendications que nous porterons à partir de vos réponses.
(Vos réponses libres feront l'objet d'un prochain article)

Des réponses préoccupantes

Les retours de notre enquête montrent des signes qui devraient alerter l’Education nationale. Le métier continue d’avoir du sens mais l’alourdissement des tâches, le manque de reconnaissance par le salaire, les difficultés de mise en œuvre de l’inclusion créent de la souffrance au travail. Peu de collègues imaginent être au même poste dans dix ans. Décryptage.

Qui êtes-vous  ?

  • Des femmes très majoritairement (77%) ce qui est  représentatif de la profession.
    Mais la proportion d’hommes répondants est un peu supérieure à leur part réelle dans l’académie (19% contre 17%) 4% des répondant·es n’ont pas souhaiter se prononcer.
  • Près de 30% des répondant·es ont eu une première carrière avant de passer le concours de PE.
  • 50% des répondant·es ont plus de 21 années d’ancienneté, 30% entre 21 et 10 ans. Soit une grosse proportion de collègues expérimenté·es.
  • Une partie importante des différentes fonctions possibles pour un·e PE sont présentes.
  • La grande majorité est à temps plein (80%).
  • Les répondant·es exercent dans les 4 départements de l’académie, mais il y a une plus forte représentation de l’Ille-et- Vilaine.

Ambiance :

Des relations de travail plutôt sereines à l’interne mais parfois plus tendues à l’externe.

Vous nous dites que les relations sont bonnes ou très bonnes :

  • Avec les autres personnels de l’école (97%),
  • Avec les familles (90%).

C’est un peu moins vrai pour les relations avec les municipalités et la hiérarchie :

  • Avec les municipalités cela se passe bien ou très bien pour 73%, mais mal ou très mal pour 27%,
  • Avec la hiérarchie nous retrouvons les même proportions, cela se passe bien ou très bien pour 75% et mal ou très mal pour 25%.

Un métier qui a du sens mais une charge de travail et une fatigue…

  • Vous êtes 12% à nous dire que vous êtes de plus en plus fatigué·es, pas loin de craquer et vous n’êtes que 12% à dire vous sentir bien dans votre travail !
  • Si 23% nous disent que malgré la fatigue ils/elles aiment leur métier, vous êtes également 24% à dire que ce métier a des conséquences sur votre santé.
  • 21 % d’entre vous estiment ne jamais voir la fin des tâches à accomplir.
  • 4% nous disent qu’ils/elles ne trouvent plus de sens à leur travail.

…qui donnent envie d’aller voir ailleurs.

  • Seul·es 27% des répondant·es s’imaginent sur le même type de poste dans 10 ans,

  • Pour les autres, 15% se voient évoluer au sein de l’Education Nationale, 20 % hors de l’éducation nationale, 17 % sur un poste différent dans le 1er degré et 22% espèrent être en retraite.

Salaires en berne, des demandes pourtant raisonnables…

  • Vous êtes 23 % à trouver votre rémunération suffisante pour vivre, mais 17% à la trouver trop juste.
  • En revanche vous êtes 59% à trouver qu’elle ne reconnait pas votre travail à sa juste valeur (seul·es 1% pensent le contraire).

Quelle augmentation de salaire traduirait, selon vous, une juste reconnaissance de votre travail ?

Les attentes sont plutôt modestes en la matière :

  • 22% l’estiment entre 100 et 300 €,
  • Pour 56% des répondant·es une augmentation comprise entre 300 et 500 € reconnaitrait leur travail à sa juste valeur, 
  • 20% l’estiment entre 500 et 1000 €,
  • enfin 2% pensent que nous devrions être augmentés de plus de 1000 €.

Et la retraite ?

Les PE sont les seuls personnels de la fonction publique à ne pas pouvoir prendre leur retraite à leur date anniversaire.

  • vous étiez 21% à l’ignorer,
  • vous êtes 10 % à trouver cela normal,
  • mais 69% à trouver cela anormal, injuste ou révoltant.

Le Sgen-CFDT revendique que pour les PE aient le droit de partir à la retraite à leur date anniversaire.

Pour aller plus loin lire notre article ICI

Formation continue… ni continue, ni formative !

Plus de 40% des collègues répondant·es nous disent ne pas avoir eu de formation continue au cours de leur carrière et pour celles et ceux qui en ont eu une pour 35% c’était il y a plus de 10 ans et pour 10% entre 5 et 10 ans.
Quant aux animations pédagogiques les réponses des collègues parlent d’elles-mêmes :

  • 2% pensent qu’elles répondent à leurs besoins,
  • 1% qu’elles ont fait évoluer leur pratiques.

Tant que les collègues n’auront pas réellement la possibilité de choisir les formations et que celles ci resteront centrées sur les apprentissages fondamentaux, il sera difficile d’avoir une formation continue qui donne satisfaction aux personnels du premier degré.
La formule consistant à placer ces temps de formation sur des heures qui s’ajoutent au temps de classe, placées en fin de journée le mardi soir ou au mieux les mercredis matins, sur des séquences courtes ne permettant pas un réel approfondissement, n’est par ailleurs pas efficace. En témoigne le très faible taux de mise en application dans les classes des répondant·es.
Ces éléments étaient déjà pointés dans le rapport de l’Inspection Générale de 2017 sur la formation dans le premier degré


Lorsque nous dénonçons en CTA l’absence de véritable plan de formation pour le premier degré, le doyen des IEN en charge de ce plan nous répond « CONSTELLATIONS »…
Si parfois celles-ci répondent un peu mieux à l’attente des collègues, il faut que certaines conditions soient réunies : le libre choix de la thématique, le volontariat de la démarche et la possibilité d’être remplacé·e pour participer aux observations croisées.

Visiblement dans l’académie, ces conditions n’étaient pas réunies pour les collègues :

  • 31 % seulement disent avoir pu choisir leur thématique,
  • 6% ont été remplacé·es pour les observations croisées,
  • et seulement 7% nous disent que ces formations ont permis de faire évoluer leurs pratiques de classe.

Ecole inclusive et qualité de vie au travail

Si seulement 33% des répondant·es ont saisi une fiche SST, une large majorité de celles et ceux qui l’ont fait nous disent que c’est en lien avec l’inclusion scolaire.

Elles/ils nous disent leur désarroi face à des élèves qui perturbent le fonctionnement de la classe faute d’accompagnement ou face à des gestes violents à l’égard des camarades et/ou des adultes.
Le verbatim des réponses laissées à votre libre choix reprend également très souvent cette question de l’école inclusive. (nous y reviendrons dans un prochain article, spécifiquement consacré à vos réponses libres).

Ces éléments confirment les remontées que nous avons sur le terrain, mais aussi celles que nous constatons dans les CHSCT : 90% des fiches SST qui reviennent au rectorat concernant cette question proviennent du Premier degré.

Pour celles et ceux qui nous ont répondu ne pas connaitre la démarche de saisine du CHSCT :

Dans TOUTATICE sur l’onglet « Mes applications » vous trouverez l’Item « Registre Santé et Sécurité au Travail »

La fiche que vous y remplissez sera systématiquement lue par les représentants des personnels qui siègent en CHSCT ! Si les moyens d’action du CHSCT sont parfois limités, ces remontées permettent de légitimer nos interventions auprès de notre hiérarchie sur les situations de souffrance au travail.
Ainsi, par exemple, la spécificité du premier degré par rapport à l’école inclusive est aujourd’hui bien identifiée par l’institution… A nous de porter les revendications qui permettront d’améliorer les conditions de l’inclusion et par conséquent nos conditions de travail.