Lors du comité technique social académique le 11 juin 2024 les syndicats représentatifs de l'académie de Rennes se sont associés pour faire cette déclaration commune
Risque sur la démocratie
La décision du Président de la République de dissoudre l’assemblée nationale et d’appeler à de nouvelles élections législatives ouvre une période d’incertitude qui fait peser un risque sur la démocratie mais aussi sur des dossiers éducatifs déjà bien malmenés depuis 7 ans.
Le Président de la République, qui malmène la démocratie depuis sa réélection, se présente comme le hérault de la lutte contre l’extrême droite alors même que ce sont ses actions et les politiques qu’il a mis en place qui n’ont fait que nourrir les partis d’extrême-droite.
Choc des savoirs et tri sélectif
Dans l’éducation, G. Attal a pioché nombre de mesures du « choc des savoirs » directement dans les programmes de Reconquête et du Rassemblement national et cherche à imposer depuis 6 mois une réforme rejetée par l’ensemble de la communauté éducative.
Si nous n’avons eu de cesse de dénoncer cette réforme c’est parce qu’elle vise à institutionnaliser le tri social dans le 1er comme dans le 2nd degré et remet en cause le projet républicain d’une école publique, laïque, gratuite et obligatoire. Une école qui, grâce à des professionnels formés et reconnus, accueille tous les élèves pour les faire grandir et réussir ensemble.
Si les mesures du « choc des savoirs » sont aussi unanimement rejetées, c’est qu’elles heurtent profondément les personnels qui luttent au quotidien contre la ségrégation sociale et scolaire.
Concurrence déloyale avec le privé
C’est particulièrement le cas dans notre académie où le réseau privé constitue un obstacle au développement de la mixité sociale et scolaire. A chaque nouvelle réforme, le réseau privé catholique communique très largement sur les libertés qu’il se donne dans l’application des mesures nationales, pour capter les familles légitimement inquiètes.
Votre responsabilité M. Le Recteur
Vous avez une responsabilité importante, M. le Recteur, pour garantir l’équité au sein du système éducatif entre les deux réseaux. Il est temps de passer des paroles aux actes et de nous indiquer quelles mesures vous aller prendre pour assurer le secteur public des mêmes libertés que le réseau privé se donne dans l’application de cette réforme.
Dégradation des conditions de travail
Mais les mesures du « choc des savoirs » constituent également une attaque contre les métiers avec une volonté de corseter les pratiques professionnelles. Dans le 1er degré, la réécriture des programmes, les manuels labelisés et le pilotage renforcé à coup d’évaluations nationales mettent à mal la liberté pédagogique. Dans le 2nd degré, l’alignement des emplois du temps pour la mise en œuvre des groupes auront des incidences sur les services de l’ensemble des collègues qui s’en trouveront dégradés.
Face à la pénurie d’enseignants qui touche également notre académie, tous les moyens sont bons (détachements, réforme précipitée de la formation initiale, recours accru aux contractuels…) pour faire face aux urgences sans palier à la crise d’attractivité et de recrutement qui touche les métiers de l’éducation. Les personnels ne cessent de vous alerter sur la dégradation des conditions de travail. Malgré tout, ils restent fermement attachés aux valeurs que porte l’école publique et contribuent à les construire chaque jour.
M. le Recteur, nous refusons d’être complices de ces politiques rétrogrades qui ne feront que renforcer la ségrégation scolaire. Nous ne trierons pas nos élèves.
Nous demandons
– l’abrogation de la réforme du « choc des savoirs »
– le recrutement de personnels à hauteur des besoins
– la revalorisation des salaires et des conditions de travail
Et nous appelons l’ensemble de la profession à se mobiliser pour les obtenir.
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