Côtes-d’Armor : pour une vision pluriannuelle, équitable et adaptée à la ruralité

CDEN de novembre 2025 : Face à la baisse démographique, aux fragilités des territoires ruraux et au besoin d’équité entre réseau privé et réseau public, la CFDT appelle à une véritable vision pluriannuelle pour l’Éducation dans les Côtes-d’Armor.

À l’occasion du CDEN de novembre 2025, votre représentante CFDT a porté des demandes claires : transparence des données, soutien aux écoles rurales, meilleure répartition des dispositifs inclusifs et vigilance sur l’égalité professionnelle.

Déclaration préalable CFDT – CDEN des Côtes-d’Armor

La CFDT réaffirme son attachement à un service public d’éducation de qualité, présent sur tout le territoire costarmoricain. Dans un contexte de baisse démographique durable et d’inquiétudes récurrentes au sein des écoles et des établissements, nous appelons une nouvelle fois à un pilotage fondé sur l’anticipation, la transparence et le dialogue social.


1. Une vision pluriannuelle indispensable, pour les effectifs comme pour les emplois

Les baisses d’effectifs observées ces dernières années, dans le premier comme dans le second degré, appellent une stratégie claire, étayée et partagée. Les personnels vivent dans l’incertitude, les collectivités locales se retrouvent dans l’urgence, et les arbitrages sont souvent tardifs.

La CFDT demande :

  • une vision pluriannuelle des effectifs et des emplois ;

  • un travail anticipé sur les moyens d’enseignement, les décharges de direction, l’inclusion ;

  • l’association systématique des organisations syndicales à ces travaux.

Pour l’instant, la prospective semble conduite entre la direction académique et les maires, sans participation réelle des représentant·es du personnel. Ce fonctionnement ne permet pas une compréhension fine des impacts professionnels ni une construction collective des solutions.


2. Ruralité : besoin d’informations et de travaux partagés

Le département met en avant son engagement pour la ruralité ; nous le saluons. Nous avons eu également l’occasion de saluer la méthode initiée par la démarche « Rebond ».

Mais que s’est-il passé depuis ? Ces rencontres ont-elles produit un effet ? L’actuelle majorité a pris engagement de préserver les collèges pointés par la cour régionale des comptes tant que les effectifs ne descendent pas en deçà de 2 divisions par niveau. Mais quelles perspectives au-delà de la mandature ?

Et pour le premier degré, les RPI dans lesquels les municipalités ont fait d’importants investissements suffiront-ils face au gros creux démographique qui se profile ?

La CFDT constate l’absence :

  • de partage des résultats de l’Observatoire des dynamiques rurales,

  • des conclusions des travaux sur “l’école rurale du futur”.

Nous demandons que ces analyses soient présentées en CDEN, et qu’un travail structuré, pluriannuel et associant tous les partenaires soit ouvert.


3. Renforcer les structures sans affaiblir les écoles ni modifier la chaîne hiérarchique

Sans remettre en cause l’autonomie pédagogique des écoles ni la responsabilité propre des directeurs et directrices,  la CFDT propose d’examiner des formes possibles de mutualisation ou de coopération écoles/collèges et collèges/lycées, dans les territoires où cela pourrait améliorer :

  • l’encadrement éducatif,

  • le soutien administratif,

  • la qualité de l’inclusion,

  • ou la cohérence du cycle 3,

Dans plusieurs départements ruraux,  des collectivités ont mis en place des dispositifs de coopération (pôles éducatifs, mutualisations de locaux ou d’agents, projets communs cycle 3). C’est donc possible quand il y a une véritable volonté de coopération.


4. Continuité du cycle 3 : tirer les enseignements des expérimentations existantes

La CFDT souhaite également attirer l’attention sur les organisations territoriales visant à améliorer la continuité CM2-6e.
Dans certaines régions, notamment en Bourgogne, des RPI ou pôles éducatifs organisent la scolarité du cycle 3 de manière rapprochée avec la commune du collège, sans changement de statut ni de hiérarchie, afin de faciliter. Des expérimentations nées dans le cadre de l’école du socle, par exemple dans la Nièvre, et poursuivies dans le cadre des Territoires Educatifs Ruraux pourraient nous inspirer

  •  Travail de co-intervention des collègues PE et PLC,
  • les projets communs,  échanges de pratiques,

  • l’utilisation des équipements mutualisés, partage de cour de récréation pour des établissements voisins,

  • rationalisation pour l’occupation de bâtiments plutôt que de les laisser se vider
  • et la transition vers la 6e.

Il ne s’agit pas d’un modèle à reproduire tel quel, et certainement pas d’un transfert des écoles vers les collèges.
Ces expériences montrent simplement que certaines coopérations peuvent améliorer la continuité pédagogique lorsque les conditions locales s’y prêtent.

À ce jour, nous ne disposons pas d’informations permettant de savoir si des organisations similaires existent dans les Côtes-d’Armor.
La CFDT demande donc :

  • la communication de tout bilan local relatif aux coopérations école–collège et au cycle 3 ;

  • la transmission des conventions ou retours d’expérience dans le cadre des Territoires Éducatifs Ruraux ;

  • l’inscription d’un point dédié au prochain CDEN afin de dresser un état des lieux départemental.

Ces informations sont indispensables pour construire une réflexion sereine et adaptée à notre territoire.


5. Classe relais de Guingamp et dispositifs inclusifs : un manque d’anticipation et un déséquilibre public–privé préoccupants

La situation de la classe relais de Guingamp illustre des dysfonctionnements institutionnels : le Département n’a pas reconduit la prise en charge financière du local, une installation dans le nouveau collège Prévert a été demandée, mais rien n’a été anticipé pour l’accueillir alors même que le nouveau collège vient d’ouvrir très récemment.
Comment se fait-il qu’avant les travaux les plans du collège n’aient pas prévu l’accueil de cette classe ? A l’instar des ULIS, une classe-relais nécessite une configuration spatiale particulière qui aurait pu et dû être anticipée.

Cet exemple révèle aussi une réalité plus large : le déséquilibre persistant entre le réseau public et le réseau privé dans l’accueil des dispositifs inclusifs.
Le collège public Jacques-Prévert scolarise déjà deux ULIS et  assumait hors ses murs la classe relais. Il prend en charge une part importante des élèves à besoins particuliers du secteur.


Le réseau privé accueille bien une ULIS à Notre-Dame de Guingamp, mais aucune donnée consolidée ne permet aujourd’hui de comparer les ratios d’élèves à besoins éducatifs particuliers entre les deux réseaux.

La CFDT demande donc :

  • un état des lieux départemental sur l’ensemble des dispositifs inclusifs dans les deux réseaux ; combien d’ULIS dans le privé, combien de Segpa ?

  • une réflexion globale sur une répartition plus équitable des structures spécialisées ;

 


6. Décharges de direction : transparence indispensable et égalité professionnelle

La CFDT a entendu l’engagement du directeur académique de “prêter attention” à l’attribution des décharges de direction.

Nous rappelons que :

  • au niveau académique, un plan d’égalité professionnelle 2025-2027 vient d’être adopté ;

  • ce plan prévoit une collecte des données genrées, notamment pour assurer un égal accès à toutes les fonctions et responsabilités ;

  • les données nationales montrent que les plus fortes décharges sont majoritairement attribuées à des hommes, alors même que la profession est très largement féminisée. Ce phénomène s’atténue en milieu rural, où les postes de direction faiblement déchargés sont plus nombreux et souvent peu attractifs.

La CFDT demande donc :

  • l’accès aux données départementales sur les décharges de direction ;

  • une analyse genrée, conformément au plan d’égalité professionnelle ;

  • et une politique volontariste pour corriger les éventuels déséquilibres.

Ce sujet ne peut pas reposer uniquement sur l’intention : il nécessite des chiffres, des faits, et un suivi partagé.


Conclusion

La CFDT continuera de défendre une ligne constructive et exigeante :

  • anticiper les évolutions démographiques,

  • renforcer les écoles et les établissements,

  • soutenir les territoires ruraux,

  • partager les données et les bilans,

  • travailler à l’égalité professionnelle,

  • et garantir l’équité entre les réseaux public et privé.

La CFDT est pleinement disponible pour contribuer à une vision éducative de long terme, concertée et respectueuse des personnels comme des élèves.