Préparation rentrée 2nd degré Côtes d’Armor : non à la contre-réforme du collège, non à l’école de l’ordre, non à l’augmentation des heures sup

Nos élu·es ont siégé le 21 février : retrouvez leur déclaration liminaire.

Déclaration liminaire SGEN-CFDT – CSA SD 22 2nd degré du 21 février 2024

 

Monsieur le secrétaire général, Mesdames et Messieurs les membres du Comité Social d’Administration Spécial des Côtes d’Armor,        

 Une école de l’ordre : un passé fantasmé et dangereux

        Quelle école à la rentrée 2024 ? Une école qui a l’allure de l’ordre et les couleurs du passé. Le président de la République parle de réarmement civique, d’uniforme, de SNU, son ministre de l‘éducation en octobre 2023, de choc des savoirs. La mobilisation générale est décrétée. Le vocabulaire militaire appliqué à l’école envoie un message d’autorité, de fermeté et de mise en ordre. Le discours est ferme, martial, énergique. Gabriel Attal, alors ministre de l’ EN, « assume les groupes de niveaux », notre président réarme civiquement. L’école semble en ordre de marche et pour finir le tableau, on réactive l’image d’une école du passé où le redoublement, les examens de passage et l’uniforme auraient eu leur place et de l’efficacité.

Mais cette école rétrograde est une école du passé fantasmée où on triait les élèves à coup de redoublements et d’orientation précoce. On aurait cependant pu retenir de ces temps pas toujours si lointains d’autres points : une offre de formation riche qui se voulait et se pouvait toute aussi ambitieuse que celle de l’enseignement privé, des salaires à la hauteur de l’engagement et des missions des enseignants, une vraie politique pour le service public d’éducation.

Désordre au sommet

        Mais dans les faits, loin des discours qui mêlent fermeté et ordre, on observe plus que jamais du désordre au sommet de notre institution. L’année dernière, suppression expresse de la technologie en 6ème, création de groupes de soutien en maths et en français. Les professeurs des écoles sont invités à s’investir dans le dispositif via le pacte. Quelques mois plus tard, sans aucune évaluation, le dispositif est aboli. Place aux groupes de niveau, sans moyens complémentaires dans notre académie et sans textes de cadrage. Les chefs d’établissement alertent, s’opposent ; au vu du manque de ressources humaines et de moyens, la mise en œuvre est quasi impossible. La recherche a par ailleurs depuis longtemps montré les effets délétères de regroupements de ce type sur la réussite des élèves les plus fragiles. Mais le ministre Attal assume, la ministre Oudéa-Castéra maintient. La ministre Beloubet, quant à elle, n’ose plus les qualifier « de niveau » et personne ne sait plus vraiment de quoi il s’agit. La cacophonie la plus totale ruisselle jusqu’à nous, enseignants, troupes engagées sur le terrain et fatiguées de ces changements de stratégie incessants.

Lycée pro encore et toujours dans la tempête

Le lycée professionnel subit, lui aussi, depuis plusieurs années ces changements incessants non planifiés. Le chef d’œuvre est en cours d’abandon au profit d’un oral qui n’est pas défini. En juin, les élèves de bac pro seront en concurrence avec les élèves de 2nde générale pour leur stage. Et quid de la carte des formations ? Quelles filières ouvriront, lesquelles fermeront ?

        La valse des mesures et leur communication ne sauraient faire office de politique éducative. Le temps du dialogue et de la réflexion est plus que jamais nécessaire. Précipitation, absence de dialogue et approche budgétaire de l’école la conduisent au chaos et plongent les acteurs de terrain dans le désarroi voir le découragement car dans les faits, ce sont eux qui assument les décisions prises. 

Moyens : le compte n’y est pas; non à la surcharge de travail et aux heures sup !  

        Au niveau budgétaire, le compte n’y est pas non plus. Les groupes de niveau ne sont pas financés et pour les mettre en œuvre, il faudrait renoncer aux maigres marges d’ajustement allouées d’ordinaire aux collèges. Dans les lycées, on continue à rogner sur les options, les dédoublements, le doublement des heures d’EMC n’est pas financé et on tente toujours de respecter l’esprit de la réforme du lycée sans moyens suffisants. On ne connaît pas les moyens alloués aux classes passerelle, quels personnels y interviendront, leurs programmes. On redoute aussi le mois de juin. En effet, une baisse d’effectifs de 5/6 élèves sur un niveau et une division sera supprimée. Les compléments de service risquent alors d’être nombreux. Nous espérons avoir tort sur ce point et serons particulièrement vigilants.

        Le compte n’y est pas. Dans notre département, la proportion d’heures supplémentaires ne cessent d’augmenter et alourdit la charge de chacun. 6,94 % en 2024 au collège, c’était 5,63 % en 2015 . 11,9 % en 2024 au lycée, c’était 9,01 % en 2015. Il est dommage que nos salaires n’aient pas connu la même évolution. En lieu et place, on nous a imposé le pacte en faisant croire qu’on nous augmentait et qu’on allait ainsi venir à bout du problème des remplacements. 

Une mécanique implacable …qui aboutit à une crise du sens

        Quant à l’évolution des effectifs, la suppression des moyens est une constante. Cette année, au collège, tous les 17 élèves en moins, un poste supprimé ;  au lycée, tous les 9 élèves en moins, 1 poste supprimé. Au LP, stabilité des effectifs, 1,5 postes supprimés. La mécanique est implacable. Certes notre ministère ne sait pas  prendre le temps de la réflexion, du dialogue et de la mise en action raisonnée, mais il sait compter et couper au plus serré dans les moyens. Or, à l’heure d’une école de la mixité sociale, de l’inclusion, et si on reprend les axes gouvernementaux, du réarmement civique et du choc des savoirs, des moyens humains et budgétaires doivent être mobilisés. Formules bien tournées et invectives ne peuvent suffire.  

 

        Le SGEN-CFDT refuse l’école du tri, du classement et de la concurrence. Nous portons le projet d’une école inclusive, pour tous et toutes où celui qui sait déjà côtoie celui qui ne sait pas encore, où celui qui a besoin d’un accompagnement spécifique est assis à côté de celui qui est déjà autonome, où chacun grâce au lien avec les autres se réalise. L’école de l’ordre et des coupes budgétaires ne répond en rien à ce projet et nous plonge collectivement dans une crise de sens.