CSA Académique le 29 mars : Parlons Travail !

Ce CSA de mars a pour principal objectif la préparation de la rentrée 2023. Les conditions de cette rentrée s'annoncent compliquées au regard des suppressions de postes prévues tant dans le premier degré que dans le second degré

Monsieur Le recteur, Mesdames et Messieurs les membres du Comité Social Académique

Nous allons travailler aujourd’hui sur la préparation de la rentrée 2023. Les suppressions de postes annoncées tant dans le premier que dans le second degré ne sont pas un bon signal envoyé aux personnels.
Aussi nous faisons le vœux que les sujets abordés ce jour ne le soient pas sous le seul angle budgétaire.

Nous voulons parler du travail réel, de ce que vivent les personnels.

Quand évoquerons-nous la dégradation des conditions de travail, et la difficulté croissante à exercer nos métiers ?

Écouter les personnels

La nouvelle configuration voulue par la loi, qui renforce le lien entre la Formation Spécialisée et l’instance dans laquelle nous siégeons aujourd’hui affichait cette ambition.
La souffrance au travail qu’expriment un nombre croissant de collègues via les registres SST ou plus radicalement par les démissions et les ruptures conventionnelles doit être entendue.
Nous constatons année après année le découragement des personnels face à une tâche qui leur semble de plus en plus insurmontable. Les indicateurs du mal être au travail des personnels de l’Éducation Nationale se multiplient.Les concours peinent à faire le plein, nos métiers ne sont plus attractifs. Les salaires en bernes y sont pour beaucoup, mais la dégradation des conditions de travail, la perte de sens de nos missions ont également une grande part de responsabilité.

Parler travail

Les fiches SST qui remontent années après années nous disent que les personnels se sentent démunis face aux difficultés et aux comportements de certains élèves.
Leur engagement à faire progresser tous les élèves leur semble souvent intenable. L’accompagnement attendu n’est pas toujours au rendez-vous, la formation est défaillante, les effectifs trop lourds.
Par ailleurs les tâches annexes se multiplient.
Les réformes qui se succèdent demandant des adaptations permanentes aux collègues et les effectifs très lourds en particulier au lycée ne permettent plus aux collègues les respirations indispensables à l’exercice de leur métier.

Alors certes les P/E et H/E s’améliorent mais la réalité du travail dans les établissements et les services change et nous n’en tenons pas compte.

Penser ensemble les changements futurs

Les métiers de l’enseignement et de l’Éducation sont confrontés à des dilemmes professionnels fondamentaux qui ne peuvent être résolus que collectivement et qui sont pourtant renvoyés de plus en plus aux individus. C’est ça qui rend les personnels malheureux au travail, c’est là-dessus qu’il est impératif d’agir.

Épuisement professionnel

Pour conclure je vais vous lire le courrier que nous a adressé une collègue très investie, et aujourd’hui sur le point de démissionner

Depuis plusieurs semaines je vais travailler avec un sentiment d’épuisement aussi bien moral que physique.

Je ne parviens plus à fournir les multiples adaptations qui permettraient aux enfants de progresser. Les besoins sont nombreux, multiples et complexes puisqu’ils relèvent aussi bien du comportement que du scolaire : ¼ d’enfants non lecteurs en CE2, d’autres plus près du Haut Potentiel…

Les tâches  administratives se cumulent, réduisant mon temps de préparation de classe : PPRE + rencontres avec les parents, fiches RASED, réunions RASED, réunions enseignants, contacts avec les professionnels qui suivent les élèves, réponse aux demandes de bilan, etc.

Début octobre, j’ai demandé le soutien au RASED pour un élève en souffrance par ses difficultés de comportement et qui met la classe et moi-même en difficulté, cela n’a pas abouti. Je me sens bien seule devant l’immensité des besoins, devant la détresse des parents et celle des élèves.

Je m’interroge sur la profondeur de ma fatigue, de mon usure et sur mon avenir dans ce métier qui me passionne mais pour lequel je mets de moins en moins de sens tant la distorsion entre mes intentions pédagogiques et ce que j’arrive à mettre en place est grande. C’est à l’image du décalage entre ma réalité de terrain et les exigences de l’institution.

Je mesure aussi à quel point le cumul de ces situations depuis ces dernières années m’ont impactées profondément. Je n’ai jamais ressenti dans ma carrière un tel épuisement, un tel dépit. Je me sens inquiète et désemparée pour la suite de l’année. Je suis en arrêt maladie pour 15 jours.