Déclaration liminaire lue par la CFDT au CSA du 12 juin 2025 qui traitait essentiellement du plan de formation académique.
Pour commencer, Madame la Rectrice nous vous souhaitons de nouveau la bienvenue dans notre académie. Nous souhaitons que ce soit l’occasion d’une revitalisation du dialogue social, qui s’il est toujours courtois et empreint de respect de part et d’autre, n’est pas toujours « concluant » pour les personnels que nous défendons.
Enfin un véritable dialogue social ?
Pour la CFDT de nombreux sujets abordés ici depuis des années restent en attente de réponses concrètes.
Nous l’avons évoqué lors de notre rencontre, le sujet des conditions de travail et de la prévention des RPS reste largement devant nous.
Lié à celui-ci la mise en œuvre d’une école réellement inclusive nous semble tout aussi urgente. Puisque vous avez évoqué dans la presse à votre arrivée l’organisation « d’assises de l’école inclusive » nous aimerions d’ailleurs en savoir plus à ce sujet.
Enfin, nous souhaitons que rapidement se mette en place une réflexion prospective réunissant tous les acteurs sur l’organisation du réseau public sur notre territoire. Le contexte de baisse démographique actuel et à venir nous y oblige.
C’est particulièrement urgent concernant les petites structures (écoles, collèges et parfois même lycées) beaucoup plus sensibles aux variations d’effectifs.
Programme académique de formation continue : trop de freins
Pour revenir au sujet principal à l’ordre du jour tout en faisant le lien avec les préoccupations évoquées plus haut, parlons de la formation.
La formation continue pour nous, c’est non seulement un droit pour tous les travailleuses et tous les travailleurs mais c’est aussi un levier puissant d’évolution du système éducatif. Notre académie est riche de personnels de toutes catégories pour la concevoir et l’animer. Les formations proposées sont nombreuses et enrichissantes.
Pourtant nous constatons depuis quelques années que l’accès à la formation devient un luxe pour beaucoup. Nous rencontrons fréquemment des collègues qui partent très peu, voire pas du tout en formation. Les freins d’accès à la formation vont croissant. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes que dans une profession où l’on doit tenter de faire apprendre à des plus jeunes, on ne puisse pas facilement sans cesse apprendre soi-même !
La Cour des Comptes a pointé du doigt la faiblesse des fonds alloués à la formation continue qu’on estime à moins de 1% du budget global de l’Éducation nationale, bien en deçà des recommandations de l’OCDE. Cette faiblesse est une constante.
« La formation continue demeure une variable d’ajustement. Les contraintes de gestion ont conduit plusieurs académies à réduire leurs équipes de formateurs, voire à reporter ou annuler certaines actions prévues dans le PRAF. »
(Rapport IGÉSR, 2021)
La cour des Comptes remarque également l’opacité du financement de la formation. Lors du groupe de travail BOP du 5 juin nous avons émis le souhait de distinguer les budgets de la formation initiale de ceux de la formation continue.
Quels budgets pour la mettre en œuvre ? Quelle consommation de ces budgets ? Nous pensons que c’est une donnée majeure à observer et que nous devrions en disposer.
La formation continue ne devrait, par ailleurs, pas être tributaire des contingences et des difficultés liées au remplacement.
Angle mort : l’inclusion
Vous avez dit Madame la Rectrice, lors de notre rencontre du 4 juin que la clé pour la réussite de l’école inclusive c’était la formation.
Nous en sommes depuis longtemps convaincus et ne nous sommes pas privés de le dire et de le redire dans toutes les instances…
C’est aussi ce que nous ont dit les collègues lors de l’enquête effectuée auprès des enseignants de l’académie en 2023
Pourtant là où les besoins sont les plus criants, pour les personnels du 1er degré comme pour les AESH, les formations à l’inclusion sont soit inaccessibles soit vraiment trop restreintes. Le volume de formations alloué aux AESH, une des catégories de personnel les plus nombreuses désormais est totalement insuffisant. Nous avons réclamé pendant longtemps des formations inter-catégorielles à l’inclusion car nous pensons que l’inclusion se construit à plusieurs.
Un tout petit mieux
Si nous constatons des progrès en la matière, nous constatons dans le même temps qu’en volume pour les AESH le compte n’y est toujours pas. Nous constatons également que les collègues du 1er degré en sont aussi quasiment tout le temps exclus. Pour ces deux catégories, information et sensibilisation à distance tiennent trop souvent lieu de formation sur ce sujet essentiel.
Même s’il y a quelques évolutions marginales, le cadre national des plans math et français en particulier reste trop contraignant pour permettre une formation massive des personnels afin de les aider à faire face au défi de l’inclusion. Surtout comme nous l’avons déjà dit, dans un contexte général qui n’est pas du tout inclusif (programmes, évaluations, groupes de niveau…)
Il ne s’agit pas d’une appréciation personnelle ou dogmatique, mais de constats maintes fois répétés y compris par l’inspection générale dans son rapport de 2017, par la cour des comptes en Septembre 2023 et tout dernièrement en mai 2025.
Dans ce dernier rapport la cours écrit :
Il importe que ces personnels, qui sont confrontés aux évolutions très rapides de la société et des attentes vis-à-vis du système éducatif, puissent bénéficier d’une offre de formation continue étendue et diversifiée. Or, tel n’est pas le cas.
Nous aurions pu l’écrire.
Des progrès insuffisants et des inégalités d’accès persistantes
Concernant le plan académique de formation dans le premier degré il reste très largement une compilation de plans départementaux, le bilan présenté et l’exemple des formations à l’inclusion l’illustrent d’ailleurs parfaitement mais nous y reviendrons lors de l’étude des documents.
Nous continuons de constater de fortes inégalités d’accès à la formation. Nous nous retrouvons ainsi avec une sorte de hiérarchie d’accès aux formations. Le volume proposé de jours de formations diffère considérablement en fonction de la catégorie et le nombre de jours effectué tout autant, en proportion bien sûr.
Ces inégalités se retrouvent même à l’intérieur d’une même catégorie, par exemple selon les disciplines dans le second degré.
Par ailleurs, nous constatons désormais dans le second degré une prédominance forte des modules sans candidature individuelle par rapport à celles sur inscription. Il est légitime que l’institution flèche une partie de l’offre de formations en fonction des besoins et des objectifs prônés par le ministère. Pour autant, pour que la formation fonctionne, il faut qu’il y ait rencontre entre des désirs exprimés et des propositions.
Enfin, nous constatons que bien des collègues ne partent plus en formation en raison de la pression sur les heures de cours perdues. Il est légitime de veiller à ce que les élèves puissent bénéficier de leurs heures. Mais nous alertons sur l’intensification du travail. Quand les collègues ne sont pas face aux élèves, que ce soit dans le 1er ou le 2nd degré, ils/elles sont aussi au travail, en correction, préparation de cours etc. Ajouter des heures aux heures n’est pas le meilleur moyen pour inciter à se former.
Mélanie G, mourir au travail : le temps du recueillement et des condoléances
Pour finir, nous ne pouvons pas clore cette déclaration sans avoir une pensée pour la collègue AED décédée sur son lieu de travail, pour sa famille et son équipe éducative. Laissons le temps au recueillement et au deuil.