Mardi avait lieu le Comité Social Administratif Spécial Départemental des Côtes d'Armor portant sur les suppressions de poste et les compléments de service. Voici la déclaration lue au nom de la CFDT
Détérioration de la santé mentale des jeunes dans les Côtes d’Armor
L’enquête nationale intitulée « EnCLASS» ( Enquête Nationale en Collèges et en Lycées chez les Adolescents sur la Santé et les Substances) de 2022 indique que la présence de plaintes somatiques et/ou psychologiques récurrentes concerne 51 % des collégiens et 58 % des lycéens.
14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression. 24 % des lycéens déclarent des pensées suicidaires aux cours des 12 derniers mois, 13 % avoir fait une tentative de suicide. Le département des Côtes-d’Armor est le département qui a le taux de suicide le plus élevé à l’échelle nationale.
Voici présenté en quelques indicateurs un état de la santé mentale des élèves qui sont dans nos classes.
Nous, enseignants, sommes quotidiennement au contact et en dialogue avec cette complexité et cette souffrance humaine, et malgré ce mal-être, notre mission de transmission de compétences et de
connaissances demeure toujours aussi ambitieuse.
Stress et solitude enseignante face à cette détresse
C’est peu dire que notre métier est émotionnellement exigeant et génère souvent un sentiment de
frustration, d’impuissance et parfois de solitude. L’exposition au stress auquel s’ajoute le sentiment d’un manque de reconnaissance et parfois d’une dévalorisation accroît notre risque d’épuisement professionnel.
Et anxiété face à l’incertitude des affectations
À ce stress quotidien s’ajoute le stress annuel des DGH, des suppressions de postes et des compléments de service. Chaque année, la politique du tableau Excel et des moyens à supprimer déstabilise certains d’entre nous. Et plus globalement nos salles des profs qui oscillent entre
colère et résignation.
Cette année, en Côtes d’Armor, ce sont 18 postes supprimés au collège dont 6 occupés, ce sont 17 supprimés au lycée dont deux occupés.
S’ajoute à cela la suppression du poste sur le dispositif SAS, dispositif particulièrement précieux dans la lutte contre le décrochage.
On n’ose imaginer la situation si la suppression annoncée de 4000 postes n’avait été annulée. On compte par ailleurs 417 BMP contre 409 l’année dernière.
Risque d’émiettement des postes, pression face aux menaces de suppression
L’évolution peut sembler minime mais en proportion de la baisse du nombre de postes, elle est un indicateur de leur émiettement.
L’augmentation du nombre de très petits BMP et compléments de service confirme cette tendance.
Le Sgen-CFDT alerte sur ce phénomène qui place les équipes et plus particulièrement certains collègues dans des situations difficiles voire inacceptables.
Le Sgen-CFDT s’inquiète de la pression à laquelle sont soumis les collègues face au choix d’un complément de service ou d’une suppression de poste.
Détérioration et concurrence
Le SGEN CFDT s’inquiète de voir des collègues stagiaires implantés sur deux sites. De tels débuts de carrière sont loin d’être sécurisants et envoient un bien mauvais message en terme d’attractivité. Nous nous inquiétons aussi de voir entrer en concurrence les situations des collègues en attente de
postes au mouvement et l’implantation des stagiaires.
Enfin, le SGEN CDFT déplore la disparition à terme des SPEA sur deux établissements. C’est une énième fragilisation de notre statut et une détérioration des lignes directrices de gestion.
À ces inquiétudes du mois de mars s’ajoute celle du mois de juin.
Dans certains établissements, à quelques élèves près, ce sont des divisions et/ou des groupes de spécialités en lycée qui seront supprimés. Pouvez-vous nous préciser dès à présent si votre politique de restitution des moyens sera identique à celle des années passées ?
De la nécessité d’apporter sécurité et espoir
Nos établissements sont traversés par l’inquiétude, le stress, la fatigue voire l’épuisement. Comment construire un environnement sécurisant et porteur pour nos élèves en étant nous-mêmes dans une telle incertitude, une telle vulnérabilité ?
Pour apprendre, il faut aller bien.
De même, pour enseigner, il faut aller bien.
Pour qu’une société démocratique vive, elle doit former une jeunesse capable de s’ancrer dans le réel et d’y faire face. Il est donc crucial aujourd’hui de se donner les moyens d’un service public d’éducation solide, sécurisant et porteur d’espoir pour tous.