Le Comité Technique Académique s'est réuni au rectorat mardi 29 mars, à cette occasion nous avons dénoncé l'absence de prise en compte du contexte dans la préparation de la rentrée 2022. Aucune conséquence tirée ni de l'épuisement des personnels, ni de la fragilité psychologique des jeunes.
Deux ans déjà
Nous fêtons ce mois-ci les deux ans de la crise sanitaire liée au COVID 19 . Elle aura vu se succéder les confinements. Une cinquantaine de protocoles, des jauges, des demies jauges et quart de jauges et lors de la vague Omicron les jauges à géométrie variables…jusqu’à l’absurde histoire d’afficher quoi qu’il en coûte que l’école est ouverte…même lorsqu’il n’y a plus d’élèves.
Des effets psychologiques massifs
Les enfants et les jeunes qui nous sont confiés ont été très affectés par cette pandémie, s’ils ont été peu malades, les effets psychologiques, eux, sont massifs.
Aux dires de Mme Bili de L’ARS, on a constaté une très forte augmentation des soins psychologiques et psychiatriques dès novembre 2020. La tendance s’est confirmée en 2021 notamment par le nombre de passages aux urgences pédiatriques.
Les professionnels de santé ont noté une augmentation des indicateurs de dégradation de la santé mentale : troubles anxieux, troubles du comportement alimentaire, les refus scolaires anxieux et les tentatives de suicide.
La crise sanitaire aura donc des conséquences importantes notamment sur la santé mentale, même si elle se finissait aujourd’hui…ce qui n’est pas assurément pas le cas.
On manque encore de connaissances sur les effets du COVID à plus long terme.
A cela s’ajoutent aujourd’hui les inquiétudes liées à la guerre en Ukraine, au réchauffement climatique.
Des personnels épuisés
Comment imaginer que les personnels en charge de ces enfants seraient épargnés ?
La pandémie les a mis à rude épreuve. Les adaptations multiples à opérer les ont épuisés.
Certes ce virus est imprévisible mais il y a eu manque d’anticipation. Jusqu’à cette levée prématurée du port du masque qui entraîne un nombre considérable d’absences actuellement. (il y avait vendredi 25 mars autant de personnels contaminés dans l’académie qu’au 17 janvier. Alors que le taux d’incidence et le nombre de contamination en population générale étaient deux fois moins élevés.)
Malgré la fatigue, malgré l’absence de reconnaissance, malgré le mépris même lorsque le président sous entend que les enseignants ne travaillent pas assez, les personnels doivent continuer, réparer, parfois au prix d’un épuisement professionnel dû à la perte de sens de leurs missions.
Nos élèves ont été abimés par ces deux années.
Il faut faire avec leurs angoisses, le décrochage de certains jeunes, adapter parce que des heures d’enseignement ont été perdues, des parcours ont été hachés, chaotiques même à certains moments.
Enfin il faut en tenir compte, faire baisser la pression et repenser les programmes.
Aujourd’hui l’épidémie reprend très fort…
Faire comme si…
Et encore une fois, vous faites « comme si »…
Comme si la prochaine rentrée allait être une rentrée normale.
Vous faites avec nous le constat du manque d’attractivité de nos métiers. La difficulté à recruter des contractuel·les dans la période n’en a été qu’une nouvelle illustration.
En groupe de travail, vous nous dites la difficulté à recruter des infirmières. Vous voyez vos personnels administratifs quitter vos services pour d’autres fonctions publiques.
Nous constatons une multiplication des demandes de ruptures conventionnelles et la baisse du nombre de candidats aux concours.
Une gestion erratique
Mais vous ne changez pas de cap, on ne sent pas la moindre inflexion dans cette préparation de rentrée, ni sur le fond ni sur la méthode. Elle est à l’image des précédentes, sur fond de restriction budgétaire et de manque d’ambition à long terme.
L’opinion s’émeut de la faiblesse du niveau de nos élèves en mathématiques ? Sans aucune concertation ni cohérence avec les actions précédentes, notre ministère décide de remettre des maths dans le tronc commun dès la rentrée prochaine. Les DGH ont été déjà remontées et la répartition des heures entre disciplines déjà arbitrée ? Vous avez déjà prévu des mesures de suppressions de poste en maths – 27 dont 16 sur postes occupés contre seulement 19 créations ? Qu’importe ! Les collègues dont le rectorat supprime les postes apprécieront. Tant pis aussi pour celles et ceux qui auront des heures supplémentaires à assurer, en même temps qu’un nouveau programme à préparer conçu dans l’improvisation.
Cet exemple illustre bien le problème de gestion erratique de notre ministère.
A quel moment vous direz-vous que l’on a un problème, que la situation est alarmante ?
A partir de quand considère-t-on que la situation de crise est devenue chronique et demande une nouvelle approche, sur la durée et non plus au coup par coup ?
Cette préparation de rentrée nous semble tellement en décalage avec la réalité vécue par les personnels, que nous n’espérons même plus être entendus.