Le rectorat a présenté la dotation et la répartition des postes d'infirmier·es scolaires pour la prochaine rentrée. Au vu de la dotation, on pourrait penser que la pandémie n'a pas touché les écoles. Ne pourrait-on pas appuyer sur pause parfois pour certaines missions ? Analyses
En Absurdie nulle adéquation des moyens infirmiers aux besoins !
Démographie et nombre d’établissements : impact 0
Combien de postes d’infirmier·es scolaires y a-t-il dans l’académie de Rennes et ce chiffre a-t-il évolué ?
La réponse est simple : il y en a 316 et le nombre est le même depuis des années. Que les effectifs augmentent ou non, la dotation reste elle désespérément plate.
En tout, réseau public et privé confondu, il y a 123 lycées (62 dans le public), 55 LP (36 dans le public), et 385 collèges (213 dans le public). soit en tout 563 établissements du 2nd degré dont 311 dans le public. A ces établissements, il faut ajouter les écoles primaires, 2300 dont 1451 pour le public. Soit 489 590 élèves au total. A priori les élèves du supérieur (BTS, IUT etc…) ne relèvent pas du champ d’intervention de ces personnels mais quand dans un LGT l’internat il y a aussi bien des étudiant·es que des lycéen·nes, on imagine mal un personnel de santé ne pas accueillir l’élève qui se présenterait avec des besoins.
Autant dire que la provision est très nettement insuffisante : 1 infirmière pour plus de 1500 élèves !
L’an dernier, 5 établissements ont ouvert leur porte, un a fermé, soit un solde de 4 établissements supplémentaires dans l’académie. Ces apparitions de nouveaux établissements n’ont entraîné aucune création de poste, que ce soit pour les postes d’infirmerie, d’éducation ou de documentation, malgré – il faut le reconnaître- les demandes du rectorat auprès de notre ministère.
Pandémie : impact ? 0 aussi
On aurait pu imaginer que face aux nombreuses missions supplémentaires dues à la crise du Covid, des dotations complémentaires auraient été attribuées. Il n’en est rien. Que ce soit en terme de remplacement ou en terme de nouvelles affectations.
Gérer la pénurie ou se donner des objectifs prioritaires ? les demandes du Sgen-CFDT Bretagne
Comment répartir les postes et sur quelles missions les exercer ? Au delà de la nécessaire augmentation du nombre de poste, le Sgen-CFDT Bretagne veut qu’on se pose les questions qui permettraient aux infirmier·es d’exercer correctement leur travail et d’éviter les burn-out.
Barème et postes partagés
La première mesure serait évidemment d’augmenter le nombre de postes attribués, ce que tous les syndicats réclament.
Mais il conviendrait aussi de s’interroger sur les modalités d’attribution de ces postes.
En effet, pour gérer la pénurie, le rectorat est bien obligé d’implanter ce qu’il appelle des « postes liés » c’est-à-dire des postes « à cheval » sur plusieurs types d’établissements. On trouve même un poste d’une collègue qui fait deux jours à un endroit, un jour à un autre, un jour encore à un autre et un dernier sur une autre zone, contrainte de dormir sur place en internat, elle doit payer de sa poche les nuitées…. Un scandale que n’ont pas manqué de dénoncer toutes les organisations syndicales présentes au groupe de travail préalable du comité technique académique.
Notre représentante, Catherine Le Riblair, a même comptabilisé 28% de postes liés en collège en pointant des zones qui ne sont pas toujours cohérentes en terme de déplacements. Elle a demandé s’il y en avait autant dans les autres académies….sans obtenir de réponse.
Le zonage est sans doute à retravailler du point de vue de ces fractionnements avec les conseillères techniques départementales mais aussi les critères de priorité des établissements. Il y a des zones et des types d’établissement à considérer en premier.
Mais sur les postes liés, même si le rectorat reconnaît « l’inconfort de ces postes », il indique que les changements de nature impliquent soit une mesure de carte soit une vacance du poste afin de pouvoir le modifier pour le passage des postes au mouvement.
Rural vous avez dit rural ?
Dans les critères permettant d’attribuer des postes par barème, il y a certes la prise en compte de la ruralité. Mais l’indicateur auquel se réfère le barème, c’est le critère de l’INSEE. Or ce critère tient compte exclusivement de la densité de population et non des infrastructures médicales présentes sur un territoire. C’est pourtant ce critère là qui serait le plus utile pour savoir à quel endroit il revient d’affecter prioritairement le peu de postes donnés à notre académie. Quand une population vit dans ce qu’on a coutume d’appeler un désert médical, la présence d’un·e infirmier·e scolaire s’avère plus importante.
Public à suivre : LP, ULIS (1er degré)
De même, vu les statistiques en matière de décrochage et d’absentéisme, le public des lycées professionnels devrait être prioritaire ainsi que ce qu’on appelait autrefois les CLIS dans les écoles. Il est étonnant à cet égard que la présence ou non d’une telle unité n’intervienne pas dans les critères du barème.
Il n’y a pas eu de vote sur la répartition des postes. En effet, au groupe de travail, toutes les organisations syndicales ont refusé les mesures proposées. Le rectorat ne les a donc pas reproposées.
Missions, quelles missions en temps de pandémie ?
La circulaire de mission a changé en 2016. Certes le bilan de santé en grande section n’est plus obligatoire, à l’inverse de celui réalisé en classe de 6ème. Le secrétaire général a cependant tenu à souligner, à titre personnel, l’importance de ce bilan dans la détection précoce. Selon lui, l’excellence scolaire de notre académie tient aussi à la prise en charge pluridisciplinaire précoce des élèves, dont la médecine scolaire fait partie.
Mais comment tout assumer sans risquer le burn-out ? Comment faire pour gérer les missions « ordinaires » et les toutes nouvelles pour les 20% des infirmier·es qui se sont engagées dans la campagne de tests COVID ?
Pause !
Nous avons expliqué que cette importante mission de santé publique impliquait qu’on dise clairement aux personnels quelles étaient les tâches qu’elles pouvaient mettre en suspend pour s’y consacrer.
M.Canerot a précisé que le rectorat essayait de ne pas les mobiliser sur plus de 50% du temps, qu’il retenait l’idée d’un allégement de la charge de travail sur préconisation, même si cela aurait été plus simple qu’il y ait davantage de personnels impliqués dans la campagne (pour mieux répartir la tâche). Sur cet allégement, les conseillères techniques seraient consultées afin de faire du cas par cas.
Le secrétaire général, M.Canerot, a tenu à remercier ces personnels, « c’est un choix qui les honore », et qui mérite un accompagnement indemnitaire.
EN SAVOIR PLUS |
Circulaire de mission : le BO Fonctions, missions | Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports
Carte mentale des missions par l’académie de Bordeaux : Missions IDE (education.gouv.fr) L’académie en chiffres en 2020 : Affiche Chiffres de l’académie 21 (education.gouv.fr) Les critères de l’INSEE sur la ruralité : Définition – Commune rurale | Insee La grille communale de densité | Insee Les statistiques de l’absentéisme dans le 2nd degré public en 2017-2018 : En 2017-2018, l’absentéisme touche en moyenne 5,6 % des élèves du second degré public | Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports Les recommandations de l’observatoire régional de santé pour les LP en Bretagne : 20200427-Sante-Jeunes-FILIERE-PRO.pdf (typepad.fr) |