Groupes de niveaux : effet domino

Le ministère pense que les groupes de niveau vont provoquer un "choc des savoirs" et remonter les résultats PISA en français et en maths. Mais leur instauration ne va-t-elle pas surtout entraîner une cascade de problèmes ?

Voici les raisons pour lesquelles nous pensons que l’instauration des groupes de niveau est une très mauvaise idée. Nous appelons à signer et relayer massivement la  pétition contre les groupes de niveau sur change.org

Eclatement du groupe classe et mini réforme du lycée

En 6ème beaucoup d’établissements proposent une journée d’intégration au début de l’année pour permettre de souder la classe car nous en avons bien besoin.

A 11 ans, nos élèves vont donc passer 9h de leur horaire hebdomadaire en groupe de niveau et seulement 16 en classe entière. On aura la même chose en 5ème. No comment.

Perte de profs principaux

Or, conséquence de l’émiettement du groupe classe, on va perdre les collègues de français et de maths comme professeurs principaux. En effet, ayant les élèves 4h30 par semaine, ces collègues étaient fort souvent sollicités pour ce rôle. Terminé. Mais qui voudra bien assumer ce rôle désormais, d’autant que la tâche sera plus ardue pour faire la liaison ?

Recherche prof de lettres et de maths désespérément

Pour faire des groupes à partir des classes, il faut faire des alignements. Cela suppose de pouvoir mettre en face d’une seule heure de cours plusieurs profs de français et de maths. Encore faut-il en avoir suffisamment dans son collège. La ressource n’est pas extensible.

C’est sans compter l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires. Quand bien même on créerait des postes, il n’y a pas assez de candidat·es. Alourdir et compliquer la tâche, est-ce le meilleur moyen d’en recruter ?

Emplois du temps : casse-tête en vue

Avec autant d’alignements, les emplois du temps se révèlent déjà dans les projections des personnels de direction assez acrobatiques.

Plus d’autonomie : adieu la marge horaire !

Rappelons comment fonctionne le collège : 26h pour les enseignements obligatoires- ah non 25h en 6ème désormais, hop ni vu ni connu, on enlève 1h – 3h pour organiser tout le reste.

Avec ces 3h en moyen prof, on met en place quelques dispositifs. Bien sûr l’accompagnement personnalisé – c’est ainsi que fonctionne le soutien approfondissement en 6ème – à peine né, il disparaît, lui qui avait provoqué la disparition de l’heure de techno. Mais on finance aussi les options, LV2, groupes divers (sciences, langues, secourisme). On fait des choix collectifs. Précision : plus le collège est petit, plus faible est sa marge.

Inutile de dire que la marge s’envole à la vitesse grand V avec ces groupes et plus encore sur un petit établissement. L’autonomie de l’établissement aussi.

Stigmatisation et risque de décrochage

Enfin, on nous assure qu’il s’agira de groupes évolutifs. Autrement dit, on aurait là plus des groupes de besoin que des groupes de niveau.

Il va donc falloir nous expliquer comment nous allons, sans aucun temps de concertation, réussir à appliquer le même programme à des groupes de niveau différent mais qui ont le même horaire. On va moins vite avec les élèves les plus en difficulté tout en faisant pareil ? Une belle injonction paradoxale en somme. Et ce ne serait pas une attaque en règle contre le collègue unique ?

A l’heure où les propos de notre ministre suscitent un émoi légitime et un questionnement majeur sur les défauts de mixité sociale et scolaire, il est temps de s’attaquer autrement aux problématiques du collège.

Article fédéral : réforme du collège, le chaos des savoirs par Laurent Kauffmann

Article du café péda : alerte rouge sur les groupes de niveau par Stéphane Germain de niveau

La pétition