La maltraitance institutionnelle, ça suffit !

Sur une suggestion du Sgen-CFDT Bretagne, le secrétaire du CHSCT-A en accord avec les autres organisations syndicales de l'académie, a demandé la tenue d'un CHSCT-A extraordinaire. Il s'est tenu le jeudi 6 janvier. Voici la déclaration lue pour notre syndicat.

A distance : cohérent ?

Avant-propos : La décision de tenir à nouveau les instances de dialogue social en distanciel a été prise au niveau national. Nous l’avons bien compris, cette mesure se veut protectrice et l’on peut entendre ce choix dans l’absolu. Toutefois, il interroge. Que craint-on à réunir au rectorat 20 personnes dans un amphithéâtre quand on entasse dans des salles de classes de 60 m² jusqu’à 35 personnes sans que l’institution ne s’en préoccupe vraiment jusqu’ici ?
Ce choix est pour le moins contradictoire ! Nous tenons à pointer ce paradoxe.

Alerte ! On craque !

Monsieur le Recteur,

Voilà des mois que le Sgen-CFDT alerte sur l’état de fatigue des personnels tous corps confondus ! On en est arrivé à l’épuisement pour beaucoup d’entre eux. La conscience professionnelle de nos collègues leur a permis jusqu’ici de ne pas craquer. Cependant, ce seul ressort pour tenir semble avoir atteint ses limites et il est urgent d’en prendre conscience.
Ainsi que nous vous l’avons dit dans la lettre ouverte que nous vous avons adressée ce jour, le contexte favorise les RPS des agents de l’académie et il est de la responsabilité du Rectorat en tant qu’employeur de mettre en oeuvre des dispositions allégeant ces risques.
Nous attendons donc de notre administration qu’elle prenne conscience de la réalité du terrain.

D’indispensables mesures : nos revendications

Certaines mesures deviennent indispensables :

  • une dotation exceptionnelle « vie scolaire » comme au printemps dernier
  • le recrutement de personnels remplaçants supplémentaires dans le 1er degré
  • des masques FFFP2 pour les personnels les plus exposés (AESH, AED, PE en maternelle,
    d’une manière générale tous les personnels en contacts avec des élèves non-vaccinés ou
    non-masqués)

Distanciel + présentiel : maltraitance ou poudre aux yeux ?

Nous exigeons l’abandon de la concomitance présentiel et distanciel.
Pour le Sgen-CFDT, c’est NON, NON et encore NON !
D’un point de vue réglementaire, le double travail doit donner lieu à rémunération supplémentaire et rien de tel n’est prévu.

Par ailleurs, déjà en temps normal, cette double gestion serait intenable. Dans le contexte actuel c’est juste impossible. Cela s’appelle de la maltraitance organisée vis-à-vis des personnels. Il n’y a pas d’autre qualificatif.

C’est aussi de la poudre aux yeux et surtout une injonction contradictoire de plus où l’on demande aux personnels une chose qu’ils ne sont pas en capacité de mettre en œuvre sauf, peut-être, au détriment de leur santé. En conséquence, il ne saurait-être question de l’envisager !

En outre, l’administration doit rassurer les collègues enseignants sur le fait qu’on ne peut leur tenir rigueur d’un programme forcément édulcoré puisqu’il ne peut pas être conduit comme dans une année normale !
Il est illusoire d’imaginer fonctionner autrement qu’en mode dégradé. L’absentéisme qui succède à l’absentéisme ne permettra pas aux élèves de suivre pleinement les apprentissages.

Arrêtons de faire « comme si » !

 

Une illusion de continuité pédagogique … et un bac inéquitable

Quel intérêt de maintenir les classes ouvertes à 7 présents parfois ?

Mêmes interrogations concernant les épreuves anticipés du bac. Quelle équité pour tous les élèves quand une bonne partie d’entre eux n’auront pu bénéficier de tous les cours ?

Les évaluations CP-CE1 ne sont pas non plus une priorité en cette période où plein d’élèves sont ou seront absents.

Le Ministre met en avant une illusion de continuité pédagogique, un affichage, une affirmation que tout va bien alors que si les enseignants sont absents et pas remplacés, il ne risque pas d’y avoir de continuité pédagogique !!!!

 

Enquête à l’appui

Le Sgen-CFDT a lancé le 2 janvier une enquête sur les conditions sanitaires dans l’académie de Rennes. Les retours confortent ce que nous avions déjà repéré.
Le sentiment qui domine dans notre grande maison éducation nationale est d’être mal protégé par notre institution.
Ce qui est un comble puisque que le ministère attend de nous que nous protégions les élèves (respect des gestes barrières, non brassage) !
A titre d’exemple, 83 % des collègues achètent leurs propres masques, à leurs frais, cela va sans dire… C’est dire la confiance dans le matériel mis à disposition par l’institution.
Par ailleurs, peu de capteurs de CO2, aération problématique, purificateurs d’air absents, les motifs d’inquiétude sont nombreux et le Sgen-CFDT, avec d’autres fédérations CFDT vient d’écrire en ce sens aux différents ministres concernés.

Les collègues mettent  également en avant la désorganisation liée au changement de protocole et à sa mise en oeuvre précipitée dans des délais, une fois de plus, intenables. Qui a pensé aux directeurs d’école ce lundi matin quand ils ont dû gérer à la fois les absences d’élèves et celles de collègues enseignants, alors que beaucoup de ces directeurs n’étaient même pas déchargés et bien évidemment sans aide administrative ?

Un pôle d’accueil pour les enfants de soignants

Quelle organisation prévoit l’académie de Rennes concernant l’accueil des enfants de professions prioritaire ?
C’est ingérable si chaque école doit le faire. Ne vaudrait-il pas mieux privilégier un pôle d’accueil?

Du mépris

Pour résumer, les personnels se sentent peu considérés voire même méprisés par le Ministre qui persiste à claironner sur BFMTV que tout va bien, que tout est sous contrôle, s’arc-boutant sur le maintien des écoles ouvertes et s’en félicitant alors qu’on en voit déjà le résultat après 4 jours de classe, entre les rangs d’élèves clairsemés et les enseignants absents !!!

Bienveillance, confiance? Pour quoi faire ? Depuis longtemps c’est surtout la bonne vieille méthode Coué qui prévaut, et qui a permis à l’Education Nationale de tenir le coup. Mais jusqu’à quand ?

Pour en savoir plus :  notre compte-rendu du CHSCTA du 6 janvier 2022