Lundi 4 septembre, le ministre de l’éducation Gabriel ATTAL était en visite en Ille et Vilaine. À l'initiative de Wilfried LEMARECHAL, SG de l’UD CFDT d’Ille et Vilaine, le Sgen-CFDT et la FEP ont demandé une audience au ministre. C'est sa conseillère sociale, Madame TCHOU-CONTRAUX qui nous a reçu.
La FEP-CFDT et le Sgen-CFDT rencontraient lundi 4 septembre la conseillère sociale du ministre Madame TCHOU-CONTRAUX, la secrétaire générale du rectorat Madame LAMOTTE D’INCAMPS et la DAASEN 35 Madame DESILLIERE.
Nous avons pu échanger longuement (près de 2h) et nous avons été écoutés avec attention (sans être sûr d’être entendus) sur :
- La charge de travail et les conditions de travail des personnels.
- La reconnaissance, les revalorisations.
- Le dialogue social
Parlons travail
L’éducation nationale fait face à une forte augmentation des démissions (1), souvent de collègues très engagé·es à bout de force qui quittent l’éducation pour se protéger. Ces situations résultent de la dégradation des conditions de travail.
Nous voyons plusieurs cause à cette dégradation :
- L’école inclusive telle qu’elle se met en place depuis 2005 est maltraitante pour les personnels et les élèves. En premier lieu du fait du déficit d’accompagnement (Mme LAMOTE D’INCAMPS reconnait une difficulté de recrutement des AESH en particulier dans le 35), mais les effectifs en classe et la formation des personnels nous semblent également importants.
L’école inclusive est une révolution pour le système éducatif qui mérite un plan de formation massif qui n’a jamais été mis en œuvre et des moyens qui ne sont pas au rendez-vous.
- Les effectifs sont trop importants. Il faut profiter de la baisse démographique pour améliorer les taux d’encadrement dans les classes et permettre un meilleur suivi des élèves et de meilleures conditions de travail.
L’accueil des élèves à Besoin Éducatif Particulier et la charge de travail supplémentaire pour les enseignant·es nécessitent une baisse des effectifs. La CFDT porte le projet d’une école inclusive pour construire une société plus inclusive mais nous regrettons le manque de moyens et de formations. Plus globalement nous dénonçons le manque d’ambition au service de cet objectif.
- Les enseignant·es ont un sentiment de perte de sens de leur métier. du fait de la multiplication des missions et impossibilité de les remplir correctement.
- Il faut une formation initiale et continue massive et adaptée à l’école d’aujourd’hui.
Nous avons redit notre opposition au projets qui entraineraient un décrochage du niveau de recrutement entre 1D et 2D et avons rappelé à la conseillère du ministre l’attachement du Sgen-CFDT au corps unique des enseignant·es.
Un projet aux objectifs contradictoires, une tension intenable
Plus globalement nous avons dit que le projet pour l’école demandait une clarification. Il n’est pas possible de laisser les personnels dans cette injonction contradictoire. On leur demande de plus en plus d’individualisation au service d’une école plus inclusive au sein d’un système essentiellement normatif. Les programmes sont trop lourds et les évaluations permanentes.
Mme TCHOU-CONTRAUX nous a répondu que l’on n’exigeait pas de nous la réussite de tous nos élèves à ces évaluations.
Pour Nous c’est nier la pression qui s’exerce sur les collègues, par la hiérarchie d’une part, le regard des familles et la médiatisation autour des résultats de l’école française dans les tests internationaux d’autre part.
Le sentiment de ne pas être à la hauteur est l’un des éléments qui participe au burn-out et à l’épuisement professionnel. Cela d’autant plus que l’institution n’hésite pas à culpabiliser les collègues.
A défaut de formation « on compte sur notre engagement et notre professionnalisme »
Reconnaissance et revalorisation
Cette rencontre a été l’occasion de redire que les « revalorisations » sont nettement insuffisantes. Le pouvoir d’achat d’un professeur débutant en 1980 équivalait à 2,4 Smic contre 1,2 aujourd’hui…
Le pacte n’est pas une réponse à la reconnaissance du travail des personnels. C’est un « travailler plus pour gagner plus ». Le Sgen-CFDT demandait une reconnaissance du travail réel et des multiples missions déjà effectuées par les personnels.
Nous demandons une refonte totale des grilles indiciaires, de vraies augmentations de salaires pérennes. Celles ci doivent entrer dans le calcul de nos retraites. Les revalorisations doivent porter sur l’ensemble de la carrière.
Dialogue social
Nous avons demandé un changement de méthode, une véritable écoute et un vrai dialogue social. Les annonces par voie de presse avant même d’informer les personnels concernés ne sont plus supportables.
Les réformes ne peuvent pas se faire sans celles et ceux qui font l’école.
En conclusion
Mme TCHOU-CONTRAUX a pris le temps de nous écouter et de nous répondre point par point. Elle nous a dit que le nouveau ministre souhaite un autre mode de communication que celui de ses prédécesseurs. Il est très attaché au dialogue social, dit-elle et il sera à l’écoute des personnels.Il veut aller sur le terrain régulièrement. Elle s’est engagée à rapporter fidèlement tous nos propos au ministre de l’Éducation Nationale.
Le dialogue avec nos organisations syndicales a été sincère et nous avons été écouté, mais n’avons pas pour autant la conviction d’avoir été entendus. Nous jugerons aux actes.