La mise en œuvre de la Loi Rilhac mais aussi le déploiement du dispositif « évaluation d’école » va obliger, si l’on veut une école et des équipes plus autonomes, un changement de posture à plusieurs étages. Pour le Sgen-CFDT, ce sera à ce prix que les équipes disposeront d'un réel pouvoir d'agir.
Cette rentrée scolaire va voir la mise en application des décrets de la Loi Rilhac mais aussi la poursuite du dispositif évaluation d’école.
Ces deux évolutions de notre système éducatif peuvent à terme donner plus d’autonomie à la fois aux personnels mais aussi permettre enfin de développer un travail plus horizontal et de proximité au service des élèves.
Pour le Sgen-CFDT, un certain nombre d’acteurs et d’actrices de notre institution doivent changer de posture professionnelle.
On ne peut aujourd’hui piloter un système éducatif à coup de circulaires ou sur la base d’injonctions.
Cette infantilisation permanente ne permet pas de reconnaître l’investissement des enseignant·es, des directeurs et directrices dans leurs écoles. L’école, à chaque étage, mais aussi, au delà, la circonscription a besoin de sérénité pour travailler.
Il faut sortir de l’urgence permanente et de directives qui se succèdent et qui sont parfois contradictoires.
Loi Rilhac : vers un changement de posture pour tous
La mise en place de la Loi Rilhac va conférer aux directeurs, aux directrices d’école une autorité fonctionnelle sur un certain nombre d’aspects :
- Protocole sieste pour les enfants de maternelle,
- Sécurisation des personnels,
- Gestion des 108 heures,
- Pacte
- Répartition pédagogique
- Sorties scolaires…
Pour le Sgen-CFDT, il va falloir que les IEN en soient conscients et arrêtent de demander enquête, comptes-rendus, justification pour telle ou telle initiative.
Pour les directeurs et directrices, il faudra aussi pleinement prendre possession de ces nouvelles responsabilités et savoir dire non à une demande non fondée y compris quand elle vient de la hiérarchie.
C’est bien dans la confiance que cette Loi doit être installée, que les décrets d’application peuvent être mis en œuvre.
Il faut donc sortir d’une stratégie de contrôle permanent de certain.e.s pour aller vers une confiance mutuelle notamment sur les nouvelles attributions des directeurs et directrices d’école.
C’est à ce titre que l’école pourra disposer d’un véritable pouvoir d’agir, que l’équipe pédagogique osera pour le bien-être des élèves et leur réussite scolaire.
Faire de l’entretien professionnel un temps constructif
Le Sgen-CFDT a obtenu que le mot « évaluation » très connoté dans la sphère « éducation nationale » soit abandonné au profit d’un entretien professionnel comme cela existe dans toutes les autres professions de la fonction publique.
L’entretien professionnel n’est en aucun cas une inspection mais bien un échange entre professionnels.
Il doit permettre aux directeurs et directrices d’exprimer leurs difficultés, leurs réussites, leur envies de carrière, leurs besoins.
Le Sgen-CFDT revendique à cet effet une formation spécifique afin de mener ce type de rencontre. C’est bien d’un changement de paradigme qui est demandé pour conduire à une confiance mutuelle, source de collaboration. Il s’agit en effet de mettre les directeurs et directrices en confiance et non dans une position d’être jugé sur leur façon de piloter leur école.
Nous sommes toujours dans l’attente du cadre règlementaire de ces entretiens professionnels.
Le Sgen-CFDT, en tout cas est vigilent à ce que l’on soit bien dans cette posture respectueuse de la profession de l’autre notamment dans les attendus.
Utiliser l’évaluation d’école comme un levier de valorisation des équipes pédagogiques
L’évaluation d’école appelle également à un changement de posture.
Les retours de l’année 2022-2023 montrent bien que, pour que le dispositif soit efficace et produise des choses, les équipes pédagogiques doivent se sentir en confiance et valorisées. Les évaluateurs doivent avoir une attitude bienveillante, en pointant les éléments positifs effectuées par les personnels sur l’école au profit de la réussite des élèves.
Il faut là encore sortir d’une inspection et effectuer un audit utilisant le regard externe autour des pratiques. L’objectif est de déboucher sur des pistes d’améliorations.
Pour permettre ce changement de posture, il va falloir former les membres des équipes d’évaluation, former à un nouveau mode de fonctionnement dans l’éducation nationale, moins jugeant, plus à l’écoute des besoins des personnels. L’objectif est de déboucher sur des pistes d’améliorations. Cela passe notamment par la nécessité d’allouer du temps dédié pour permettre à l’ensemble de l’équipe, au delà simplement de la direction, de s’approprier la démarche. C’est bien à ce prix que les évaluations d’école seront perçues comme positives car elles donneront du sens au travail des personnels.
Instaurer un climat de confiance à tous les étages
Il faut pour le Sgen-CFDT sortir d’un système éducatif où il faut demander l’autorisation pour tout, où l’on demande des comptes continuellement, où la confiance n’est qu’une façade qui vole en éclat chaque fois qu’un grain de sable vient enrayer le système.
Comme disait, Antoine de Saint Exupéry « La vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier ». Sachons donc utiliser les erreurs du passé en matière de pilotage des équipes enseignantes et mettons en place une plus grande horizontalité dans le système éducatif français laissant plus de place à l’initiative.
Pour le Sgen-CFDT, c’est peut-être un vœu pieux mais, la mise en œuvre de la Loi Rilhac, l’évaluation d’école laisse entrevoir des avancées possibles pouvant permettre un mieux-être de chacune, de chacune. Il convient donc de s’en saisir et de les accompagner dans la mise en œuvre.