Le 9 décembre, la Région organisait un séminaire sur l’avenir des lycées bretons à l’horizon 2040. Cette rencontre, associant la Région, le Rectorat, les DSDEN, les représentants des personnels et différents acteurs institutionnels, s’inscrit dans un contexte démographique et budgétaire contraint
Un constat partagé : une baisse durable des effectifs
En s’appuyant sur un rapport récent de la Cour des comptes, les collectivités territoriales sont alertées sur la baisse significative à venir des effectifs scolaires dans les EPLE.
En Bretagne, la diminution du nombre de lycéennes et lycéens est estimée à –15 % entre 2025 et 2040. Une évolution structurelle qui impose d’anticiper dès aujourd’hui les transformations du réseau des lycées.
Dans certains secteurs la baisse attendra même 25% comme c’est le cas dans le secteur de LANNION ou encore de FOUGERES
cf enquête INSEE sur la démographie lycéenne à l’horizon 2040

Une volonté affichée d’anticipation et d’équité territoriale
Pour la Rectrice, l’enjeu est clair : « anticiper pour ne pas subir ». Il s’agit d’engager une réflexion à moyen terme afin de maintenir une offre éducative de qualité sur l’ensemble des territoires, sans attendre que les contraintes démographiques s’imposent brutalement.
Mme Pellerin, vice-présidente de la Région en charge de l’éducation, a insisté sur la nécessité de garantir une équité géo-sociale face à la réussite scolaire. La baisse des effectifs ne doit pas conduire à un appauvrissement de l’offre éducative dans certains territoires, mais au contraire à une réflexion collective sur son adaptation.
Points de vigilance majeurs pour les personnels
Plusieurs enjeux ont été identifiés au cours des échanges :
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Anticiper pour innover, expérimenter de nouvelles formes d’organisation pédagogique et mieux accompagner les personnels ;
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Adapter les transports scolaires, indispensables à l’accessibilité des établissements ;
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Maintenir un équilibre public / privé (en Bretagne : 60 % public – 40 % privé). Une concurrence accrue nuirait aux deux réseaux selon la Rectrice. Sur ce point nous sommes en opposition à cette vision. Pour la CFDT Education Formation Recherche Publiques il doit y avoir une priorité claire donnée à l’enseignement public.
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Rééquilibrer les viviers d’élèves plutôt que fermer mécaniquement des structures, en restant attentif à l’offre proposée sur chaque territoire.
Des impacts directs sur la qualité pédagogique
La question de la qualité pédagogique a été largement abordée.
Les établissements de très petite taille peuvent entraîner des services partiels, des temps partagés contraints pour les enseignant·es, une difficulté à porter des projets et une dégradation des conditions de travail. À l’inverse, les établissements de très grande taille posent également de sérieux problèmes de fonctionnement et de climat scolaire.
Parmi les pistes évoquées :
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Développer des passerelles inter-degrés ;
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Envisager des fusions LGT / LP pour créer des lycées polyvalents, lorsque la direction est déjà commune ;
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Profiter de cette période pour réfléchir à de nouvelles formes scolaires : bivalence, mutualisation de certaines fonctions, coopérations renforcées.
Un calendrier en deux temps
La démarche s’organisera en plusieurs phases :
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Fin 2025 : phase de cadrage général et identification des territoires prioritaires ;
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2026-2027 : phase de concertation locale et d’expérimentations préfiguratrices.
Il s’agit de proposer des scénarios argumentés à l’horizon janvier 2027.
Une approche territoriale fondée sur les « réseaux pédagogiques »
Le rectorat souhaite réfléchir à l’échelle de réseaux pédagogiques, construits à partir des flux réels d’élèves, inspirés des « aires de parcours ».
Plusieurs critères permettent d’identifier des territoires prioritaires : démographie, taille des établissements, diversité de l’offre, état du bâti, coût par élève (Crozon–Châteauneuf, Brest Nord-Ouest, Redon, nord des Côtes-d’Armor, ouest du Morbihan…).
Les réseaux pédagogiques définis

la démarche associera les lycées agricoles et maritimes, en lien avec les besoins spécifiques de formation, notamment dans le secteur agricole.
Des échanges nourris et des inquiétudes exprimées
Les interventions ont mis en évidence de fortes préoccupations des personnels :
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Crainte d’une concurrence accrue entre établissements, y compris entre réseaux public et privé ;
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Nécessité d’une réflexion à une échelle suffisamment large pour éviter les effets de mise en concurrence locale ;
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Importance des internats, notamment modernisés et correctement dotés en personnels, pour maintenir l’attractivité des territoires ruraux ;
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Questionnements sur la fiabilité des projections démographiques, tout en reconnaissant leur relative robustesse.
La Région a rappelé sa responsabilité dans l’évolution du réseau public, tout en soulignant les contraintes financières croissantes liées au bâti scolaire.
Des ateliers centrés sur la méthode de concertation
La fin de matinée a été consacrée à des ateliers intercatégoriels, réunissant six groupes de travail. Chaque groupe a travaillé sur des situations concrètes (fusion, mutualisation, acceptabilité locale des décisions) afin de faire émerger des principes méthodologiques communs.
Un point fort ressort : la nécessité de prendre le temps de la concertation, de poser collectivement les bonnes questions et de rechercher le consensus le plus large possible, dans l’intérêt des élèves comme des personnels.
Pour la CFDT Éducation
La CFDT Éducation restera particulièrement vigilante :
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au respect d’une concertation réelle et loyale associant tous les partenaires, dont les représentants des personnels.
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à la préservation des conditions de travail des personnels ;
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au maintien d’une offre éducative publique ambitieuse sur tous les territoires bretons,
Anticiper oui, subir non : à condition que cette anticipation se fasse avec les personnels et non contre eux.