Rebondir ou comment empêcher la fermeture de collège dans les Côtes d’Armor

Durant le Conseil Départemental de l'Education Nationale qui réunit les collectivités territoriales, les syndicats, la direction académique et les parents d'élèves, le conseil départemental a présenté sa démarche pour faire face à la baisse démographique sur 4 bassins des Côtes d'Armor

Déficit démographique et fragilité de 4 territoires

La chambre régionale des comptes a pointé la fragilité de 4 territoires. Sur ces quatre territoires, le taux d’occupation dans certains collèges deviendrait insuffisant. C’était le cas sur le secteur de St Nicolas du Pelem et Corlay qui a conduit le département à la décision de fermer le collège de Corlay pour reconstruire sur site un collège à St Nicolas du Pelem. Les travaux commenceront vers 2026 pour une livraison 2027-2028. La chambre régionale des comptes a également pointé les secteurs de Matignon Erquy Pléneuf, Grâce Bourbriac Guingamp, Perros Pleumeur-Bodou Lannion.

Le département a donc commandé une étude auprès d’un cabinet d’études démographiques. Cette étude fait une prospection à long terme, d’ici 2035 qui permet d’avoir une perspective pour l’occupation, la rénovation des établissements. Elle prend en compte aussi les Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI). Le cabinet l’a réalisé en 2020 et incluait une réactualisation en 2022. Les grandes tendances n’ont pas changé en 2 ans. La population du département gardera un solde positif grâce aux arrivées mais la moyenne d’âge baisse. Cette étude confirme la fragilité des trois secteurs visés par la chambre régionale.

Dispositif Rebond : ne pas fermer de collèges, maintenir l’attractivité du réseau public

Le département a pris l’engagement de ne pas fermer de collèges sur les 3 autres secteurs. L’objectif est de maintenir des structures avec 2 divisions par niveau en cherchant les moyens pour maintenir et renforcer l’attractivité de ces établissements.

Dans ce but, il a initié une  série de rencontres associant les directrices/directeurs d’école primaire, les syndicats, membres de conseil d’administration, parents d’élèves, représentant·es des collectivités territoriales. La première série s’est achevée mardi 20 février à Perros Guirec.

La 2ème étape  réunira les personnels de direction avec le conseil départemental.

La 3ème étape réunira les mêmes actrices et acteurs de la première étape pour voir comment consolider les secteurs.

Le vice-président du département en charge des politiques éducatives a fait ensuite un point sur les transports prévus pour le nouveau collège à St Nicolas.

Les transports prévus pour le nouveau collège Corlay-St Nicolas

La compétence du transport revient sur ce secteur à la région. Elle a validé et fait des propositions pour ne pas rallonger les trajets et les distances sur St Nicolas. Le temps de transport maximum est de 35 mn de Saint Mayeux au collège Paul Eluard de Guerlédan, les plus lointains étaient à 50 mn; le collège de La Harmoye aura un trajet de 32 mn, il était de 7 mn inférieur pour les élèves les plus loins, ceux de saitn martin des prés seront au plus loin à 25 mn, ils gagnent 2 mn. Le collège de Corlay passe à 30 mn quand ils étaient à 6 mn avant. Ceux du Haut Corlay seront à 18 mn, ils gagnent 2 mn par rapport au temps de transport initial; ceux de Plussulin seront au max à 20 mn.

Ce qu’en pense le Sgen-CFDT Bretagne

Une judicieuse volonté de dialogue

Nous avons pu participer à deux rencontres, celles sur le collège de Grâces et l’autre sur le collège de Perros Guirec.

En premier lieu, nous saluons la démarche de concertation du département. Nous avons estimé qu’il y avait eu défaut de méthode sur le collège de Corlay par précipitation. On peut acter qu’il en ira différemment pour les autres collèges.

Une démarche lisible : pas de fermeture

Nous actons aussi positivement la lisibilité de l’objectif du CD22. Le département affiche clairement sa volonté de ne pas fermer d’autres collèges pendant sa mandature. Cette affichage a de quoi rassurer les personnels des établissements concernés et leur offrir un temps de répit. Par ailleurs, il indique un repère simple : deux divisions par niveau. Même si, à notre connaissance, il n’existe pas d’étude qui détermine un seuil minimal pour la bonne vitalité d’un collège, ce repère nous semble cohérent. A moins de huit divisions dans un établissement, le nombre faible d’enseignant·es à temps complet rend plus difficile les dynamiques d’équipe.

Une démarche exigeante, avec des limites

Cependant on trouvera vite plusieurs limites à la démarche :

  • la diminution très forte de l’autonomie des Conseils d’administration à cause des groupes de niveau. Plus le collège est petit, plus ses marges horaires sont faibles, plus le fléchage sur le français et les maths corsette les équipes. Hormis le breton qui est en partie financé par le rectorat, tout vient des horaires attribués selon le nombre de divisions. Comment dans ce cadre orienter différemment la politique pédagogique sans casser l’existant ? On peut avoir mille projets en lien avec son territoire, encore faut-il pouvoir avoir les moyens de les mettre en œuvre.
  • l’implication de tous les partenaires. Il suffit qu’un acteur manque et la démarche devient plus difficile à mener. Ainsi, si une mairie n’est pas présente et/ou ne mène pas de politique volontariste en matière d’accession au logement, les personnels auront un gros frein devant eux/elles. Les mairies ont elles-mêmes des contraintes, leurs initiatives nécessitent un temps long pour se concrétiser.
  • l’absence de prise sur le privé. Le Sgen-CFDT et la fédération de l’enseignement privé Fep-CFDT revendiquent un système de bonus-malus dans l’attribution des moyens corrélé à des critères de mixité sociale.

Pour finir, l’engagement vaut le temps de la mandature. Nul ne peut prédire ce qui se passera ensuite.

Tout en étant conscient de ces limites, le Sgen-CFDT Bretagne estime qu’il y a là une méthode de dialogue au plus près des bassins de formation qui mériterait d’être étendue au sein de l’Education nationale.