Réforme du lycée et du bac en Bretagne en 2021

Quelles sont les spécialités les plus choisies en Bretagne ? Combien y a-t-il de combinaisons et qui les choisit ? Quel impact de la réforme du lycée sur la voie technologique ? sur l'orientation filles-garçons ? et surtout comment envisager la suite ?

Le 17 décembre 2020 a eu lieu un groupe de travail sur la réforme de la voie pro et du LGT.

Ce groupe de travail permet de faire le point sur l’année écoulée et de préparer le comité technique académique. Cela permet d’anticiper sur la rentrée prochaine, par exemple en examinant la carte des spécialités.

Déclinaison du comité de suivi national, c’est la seconde année que ce groupe se réunit. Il accueillait pour la première une représentante des parents d’élèves.

Le grand oral : une épreuve discriminante ?

Le grand oral ne risque-t-il pas, vu qu’il est basé en grande partie, sur des compétences transversales de maîtrise de l’oral, de renforcer des discriminations sociales ? Les élèves qui maîtrisent les codes de la communication ne sont-ils pas déjà les élèves de milieu favorisé ?

Les réponses du  doyen des IPR

« C’est déjà le cas avec des épreuves écrites pour lesquelles on se questionne moins »

« Il ne s’agit pas d’un concours d’éloquence. Ce sont des collègues qui connaissent les élèves – même si ce ne sont pas les leurs – qui feront partie des jurys »

« Le ministère se place dans une logique d’harmonisation »

« Le candidat peut choisir des pans de programme »

« Les enseignant·e·s ne doivent pas hésiter à solliciter les inspectrices et les inspecteurs sur ces nouveautés »

Composition des jurys et compétences évaluées

Dans les jurys, il y aura deux personnes, un·e prof de la spé du candidat, l’autre pouvant être un·e prof documentaliste ou un·e prof du tronc commun. Dans la majorité des cas, le jury interrogera le candidat sur les deux spé, s’il n’y a qu’un représentant de spé, alors ce sera uniquement sur la spé du membre du jury. Il s’agit d’évaluer certes la qualité de la prise de parole, mais aussi la solidité des compétences mobilisées. Le jury pourra, dans la deuxième partie de l’épreuve, interroger le candidat sur l’ensemble du programme mais en restant en lien avec la question posée. Le jury évaluera également les facultés d’argumentation du candidat, sa capacité à interagir avec le jury.

La représentante des parents d’élève a relayé les fortes angoisses des familles sur cette épreuve, qu’il conviendrait de préparer dès la seconde.

Nous avons également souligné la difficulté de ce type d’épreuve pour les spé scientifiques.

Conseils de classe : missions impossibles

Nous avons rappelé qu’avec l’éclatement du groupe classe entre toutes les spécialités et combinaisons possibles, tenir des conseils de classe devenaient très compliqué. Le Sgen-CFDT propose de réfléchir à des solutions alternatives qui permettent d’assurer un conseil et un suivi des élèves par système des tutorats. Dans cette perspective, il faudrait envisager de nouveaux espaces de représentation pour la parole des délégués des élèves et des parents.

La représentante des parents a indiqué aussi que ces conseils demandaient deux fois plus de délégués de parents.

Un calendrier à revoir d’urgence

Nous avons, comme nous le faisons depuis le début de cette réforme, répété que le calendrier n’était pas tenable. Le confinement, l’hybridation a accentué encore la difficulté. Les épreuves de spécialité en mars ont lieu beaucoup trop tôt pour la plupart des disciplines. L’avis des collègues est quasi unanime sur ce point.

Le Snes-FSU réclame un report des épreuves en juin. Sauf que les dates de mars permettent l’intégration des notes pour Parcoursup. On pourrait bien sûr ne pas les intégrer, comme cela se faisait avant.

Mais la représentante des parents a souligné qu’il ne fallait pas surcharger le mois de juin et penser l’étalement des épreuves.

La seule solution reste, comme nous le disons depuis le début de l’année, le basculement total en contrôle continu. Quand le ministère finira-t-il par entendre raison ? 15 jours avant les épreuves ?

 

Inquiétude pour la voie technologique

Comme l’an passé, les effectifs de certaines filières de la voie technologique, STL, ST2S, STI2D, sont en baisse. Seule la filière STMG connaît une augmentation. Nous avons déploré cette tendance et évoqué la question des places bloquées dans le supérieur pour ces élèves. Nous avons aussi souligné que les élèves de SI sont défavorisés s’ils n’ont pas suivi de spé physique en 1ère. Il conviendrait que ses élèves soient beaucoup mieux informés pour éviter de subir de telles situations.

 

Une offre très large de choix de spé

L’académie de Rennes présente 280 combinaisons possibles de spécialités. La diversité augmente par rapport à  l’an dernier, le public offrant plus de combinaisons que dans le privé. Dans cette configuration les spé HG, SES, HLP gagnent 4 places par rapport à l’an passé.

Et les nouvelles spé ? (anglais monde contemporain, EPS)

L’anglais monde contemporain a été peu proposé dans le public, le privé en revanche s’est beaucoup plus mobilisé.

A la CFDT, nous en avons profité pour rappeler à quel point les collègues étaient fatigué·e·s :  offrir une nouvelle spé c’est s’investir dans un nouveau programme alors qu’il faut déjà tout refaire et qu’il a fallu s’adapter à l’enseignement à distance puis à l’hybridation. En outre le programme de la spé LLCE anglais a évolué et paraît un peu moins littéraire.

Nous avons demandé des informations sur la création de la spé EPS : quand ? comment ?

Selon M.Canerot, Secrétaire général, il faut attendre la fin du semestre pour qu’un établissement fasse une demande d’ouverture. Les équipes d’IPR jugeront de la pertinence de la demande.

Ce moment de la réunion a donné lieu à un échange cocasse, des collègues du Snep faisant remonter l’information selon laquelle une réunion aurait déjà eu lieu dans un établissement brestois avec un IPR. Le rectorat a indiqué qu’il n’en avait pas connaissance tout en reconnaissant que certains éléments, dans le contexte actuel, pouvait leur échapper…!

Le moment où ces nouvelles spé apparaissent est tout de même pour le moins curieux. Cela renforce l’impression d’impéritie qui règne à propos de l’ensemble de la réforme.

Les sciences moins choisies que l’an passé en  Bretagne

Les élèves bretons choisissent un peu plus les sciences que le reste de la France. Toutefois cet attrait a diminué cette année par rapport à l’an dernier. Dans l’académie, 65.6% des élèves de 1ère générale ont choisi les maths  soit 5.3 points de moins qu’en 2019. On constate une baisse en physique aussi (43.8% contre 47.6% soit environ 3 points de moins) et en SVT (43.5% contre 38.9% soit 4.5 points de moins).

Une baisse qui profite au SES, HG et humanité-Philo

Les SES sont choisis à 43.2% contre 37.8% l’an passé, HG-GSP à 41.2% contre 36.8%, HLP à 15.9% contre 18.4%.

De la place des maths

Nous avons débattu de la baisse du  nombre d’élèves en maths entre 2020 et 2019 : difficulté du programme, absence des maths dans le tronc commun, possibilité de se rabattre sur des spé perçues comme moins exigeantes, report des élèves de la spé sur l’option maths complémentaires. Les filles se reportent d’ailleurs plus sur l’option maths complémentaires que  les garçons ce qui renforce les effets d’orientation genrée (cf. infra).

Pour le rectorat, un des objectifs de la réforme était de casser l’élitisme de la filière S qui ne produisait pas pour autant le nombre de scientifiques nécessaire. Cet objectif serait donc atteint : avant la réforme plus de 50% des élèves s’orientaient en S, désormais on ne retrouve que 39% d’élèves en filières purement scientifiques. Les élèves se sont emparés de l’éventail des choix.

Egalité filles-garçons, égalité sociale : peut mieux faire !

Le poids des déterminismes est encore plus important que l’an passé. Les filles choisissent encore moins les maths par exemple, et cette baisse se marque plus encore dans le public que dans le privé. Les enseignements plus littéraires ou économiques attirent moins les garçons. Les enseignements artistiques, sauf  le cinéma et l’audiovisuel, attirent davantage les filles que les garçons.

Ces déterminismes ne sont pas seulement des déterminismes de genre mais ils s’exercent aussi en fonction de l’origine sociale.

Ainsi, ce sont majoritairement des garçons d’origine favorisée qui choisissent les maths et la physique-chimie. Et ce sont davantage les filles issues de milieu plus modeste qui choisissent des spé plus littéraires (LLCE anglais, HLP, LLCE espagnol).

D’après M.Canerot, secrétaire général, il y a là un vrai sujet que notre recteur prend très au sérieux. Il a présenté le mapping (ci-dessus) aux chef·fe·s d’établissement. Un projet en partenariat avec l’université de Rennes 1 a été lancé, les référent·e·s égalité dans les établissements s’en préoccupent également. Les IPR travaillent dans le cadre du plan maths. Si en CP les évaluations sont comparables entre filles et garçons, un décrochage s’opère dès le CE1. Les garçons obtiennent des résultats plus élevés, mais aussi plus bas. De même, alors qu’on a beaucoup de femmes ingénieures, les filles choisissent moins les spé NSI et SI.

Nous avons quant à nous fait remarquer qu’il y avait là une question de fond qui nécessite beaucoup de volontarisme et des efforts importants du côté de la formation continue.

Bien entendu, les Psy-EN ont un rôle important à jouer en la matière. Ils et elles ont été – hélas – bien malmené·e·s ces derniers temps…

 

Le numérique au secours des spés « rares » pour un meilleur maillage territorial ?

Faire vivre les spé langues régionales comme la spé LLCA n’est pas aisée.

Comme l’an passé, l’administration renvoie à la possibilité de convention entre établissement au sein d’une même agglomération pour permettre à des élèves de suivre un enseignement qu’un lycée ne propose pas.

Mais cette année – sans doute en raison de l’enseignement à distance en confinement – M.Canerot fait référence au numérique dans le contrat de plan Etat Région.  Sur 2020-2025, le plan numérique prévoit un investissement de 980 000 €. Il cite aussi des expériences réalisées dans d’autres académies en latin et en grec. Selon lui, on pourrait envisager de proposer un enseignement distanciel performant pour offrir un plus grand accès aux spé dans l’établissement de résidence des élèves.

 

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