Remplacement : deux poids, deux mesures entre le public et le privé

Communiqué de presse du jeudi 15 mai 2025

Depuis plusieurs semaines, des personnels de direction d’établissement du réseau privé du Morbihan, relayés par le président du Conseil départemental du Morbihan et le député Paul MOLAC, dénoncent le manque de remplaçant·es dans leurs établissements. Une indignation soudaine, largement médiatisée.

Mais qu’en est-il du réseau public ?

Bien avant l’arrivée de la nouvelle rectrice, la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques Bretagne avec les personnels de direction a alerté le rectorat sur les difficultés majeures de remplacement dans les établissements publics. Des courriers ont documenté des situations critiques dès la mi-mars, encore ignorées sur la scène politique et médiatique.

Des remplacements non assurés, même en classe d’examen

◆ En lycée professionnel, le contrat d’un enseignant de terminale en enseignement professionnel n’a pas été renouvelé, laissant les élèves sans professeur à quelques semaines du bac.
◆ En lycée général, une enseignante en congé maternité n’était pas remplacée, alors qu’elle enseignait une spécialité du baccalauréat.
◆ En collège, un professeur d’anglais non remplacé jusqu’à la fin de l’année.

Ces non remplacements ont parfois un impact direct sur l’obtention du Diplôme National du Brevet, en 3ème où les disciplines contribuent aux points du socle commun.

Ces décisions sont incompréhensibles, alors que depuis des mois, le rectorat demande aux équipes de direction de faire du remplacement une priorité, notamment en développant le Remplacement de Courte Durée (RCD) avec un objectif de 32 % de couverture interne. Mais ces heures de remplacement interne ne compensent en rien l’absence de remplaçant·es pour les congés longs.

Quelle cohérence collective pouvons-nous offrir aux équipes et aux usagers ?

Un système à bout de souffle et une pression accrue sur les personnels

Les parents d’élèves s’organisent, les équipes de direction sont sous pression, et la mobilisation monte, dans un contexte tendu par la récente condamnation de l’État par le tribunal administratif d’Orléans pour carence de remplacement.

Le même constat s’impose pour les assistants d’éducation (AED) : lorsque ces personnels sont absents, ils ne sont remplacés qu’à 75 %, amputant leurs missions alors même qu’ils jouent un rôle clé dans le climat scolaire, la prévention du harcèlement – autre priorité affichée du gouvernement.

Enfin, des contractuels administratifs voient leurs contrats suspendus pendant les vacances scolaires. Un recul inquiétant, et une illustration supplémentaire de la logique court-termiste qui pénalise gravement le bon fonctionnement des établissements.

Une gestion contrainte… mais un ministère responsable

Face à ces tensions, le rectorat a tenté de faire face, en priorisant les classes à examen, allant jusqu’à dépasser son plafond d’emploi autorisé. Il a agi avec les moyens qui lui ont été alloués. Le problème est ailleurs.

Le ministère n’a pas anticipé les besoins réels de notre académie : vieillissement des personnels, augmentation du nombre de Reconnaissances de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), crise d’attractivité, etc.
Il s’enferme dans une logique idéologique : celle du pacte, du travailler plus pour gagner plus, malgré la fatigue croissante voire chronique de nombreux personnels.

Une École publique à respecter et à défendre

Nous exigeons :

La reconnaissance pleine et entière des besoins du réseau public, qui ne peut être relégué au second plan ;
Une transparence des décisions de gestion sur les remplacements, y compris pour les cadres ;
Des moyens adaptés à la réalité du terrain, pour éviter que les agents tombent malades ou quittent le métier ;
Une politique digne sur le handicap, avec respect des préconisations pour les personnels concernés.

Si le focus se porte actuellement sur les collèges et les lycées, nous rappelons le manque chronique de remplacements dans les écoles. Il serait juste aussi de s’en émouvoir. Ce manque est totalement invisibilisé par la répartition des élèves dans les autres classes mais il pèse très lourd sur les épaules des collègues en cette fin d’année.

L’École publique, gratuite et laïque, c’est l’école de la République. Elle devrait être la priorité de tout élu républicain. Elle ne mérite pas un niveau de réactivité et de considération inférieur à celui exprimé aujourd’hui pour les établissements privés.

CFDT Éducation Formation Recherche Publiques Bretagne
Le 15 mai 2025