L'inclusion reste un sujet largement abordé en cette rentrée. Les annonces - que ce soit sur la revalorisation ou l'augmentation du temps de travail - s'avèrent trop souvent décevantes et éloignées des besoins réels et des attentes.
Des sous ou des bouts de ficelle ?
Avant l’été le gouvernement avait annoncé des mesures concernant tous les fonctionnaires ou agent·es de l’Etat, comme l’augmentation du point d’indice de 1.5%.
A ces mesures globales il a ajouté des mesures spécifiques :
- l’octroi d’une prime; 63 € par mois pour les collègues qui ont une quotité de travail de 62%, elle sera versée dès septembre et a priori devrait être pérenne.
- l’octroi d’une autre prime, exceptionnelle celle-ci, pour le pouvoir d’achat de 800 € bruts qui devrait être versée avant la fin de l’année.
- Enfin il a revu les grilles de salaire pour qu’elles ne commencent pas en dessous du SMIC.
Dans sa conférence de presse de rentrée, Gabriel Attal ajoute encore l’augmentation du taux de remboursement des frais de transport passant de 50% à 75%… Il cite donc p16 du dossier de presse un exemple de revalorisation : « AESH au 1er échelon; À titre d’illustration, outre le bénéfice de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat mentionnée et, le cas échéant, du relèvement de la prise en charge du prix de son abonnement transport de 50 à 75 %, un(e) AESH au 1er échelon bénéficiera au total d’une revalorisation, entre janvier 2023 et janvier 2024, de 1 769 € bruts annuels pour une quotité de travail moyenne, soit 119 € nets par mois ».
L’addition de bouts de ficelle ne fait pas un salaire correct !
Nuançons tout de suite le propos. D’abord, la promesse, c’était +10% !
- la prime de pouvoir d’achat est exceptionnelle; si elle est bienvenue, elle ne résoudra pas le problème structurel de la faiblesse du salaire. Elle ne comptera pas pour la retraite, tout comme la prime pérenne.
- l’augmentation de la prise en charge du transport est une revendication CFDT partiellement obtenue, mais qui laisse de côté bon nombre d’AESH exerçant leurs missions en zone rurale et n’ayant pas d’autre choix qu’un mode de transport individuel qui n’ouvre pas droit à prise en charge. Rappelons que le guide académique présente des modalités de prise en charge de frais de transport très restreintes (p7) et qui le sont devenues encore plus depuis les PIAL, la résidence administrative étant désormais le PIAL et non plus un établissement précis de rattachement. Même si la volonté affichée est de ne pas dépasser une vingtaine de kilomètres de trajet, le prix de l’essence sur des salaires aussi faibles, pèse lourd.
- la problématique d’une grille de salaire trop plate demeure. On partait certes de très bas, 14 points d’indice seulement de différence ! Mais même en ajoutant un échelon, il n’y a que 34 points d’indice entre le début et la fin de carrière. Autant dire, que cela n’a pas l’air vraiment d’être une carrière…
- la problématique d’un indice de départ trop bas reste posée; le ministère de la fonction publique a revalorisé si faiblement le point d’indice que cela ne couvre pas l’inflation. Il a fallu à plusieurs reprises remonter l’indice de départ pour ne pas se retrouver en deçà du SMIC. Voilà la conséquence d’augmentations trop faibles promulgués par à-coups. L’autre conséquence d’augmentations faibles c’est aussi parfois la disparition d’une aide sociale car le salaire ainsi augmentée vous amène juste au-dessus de son seuil de versement !
Quelles nouveautés en cette rentrée sur l’exercice du métier ? Beaucoup d’ambition …pour quels résultats ?
- l’ augmentation du temps de travail ; dans sa conférence de presse de rentrée Gabriel Attal dit « L’objectif est désormais de permettre à ceux qui le souhaitent de pouvoir travailler à temps plein ». SIC !!!!!! On peut noter l’adverbe « désormais », sachant que cela fait au moins 5 ans que nous entendons cette promesse… la dernière fois, la création des PIAL en 2019 devait permettre de résoudre la problématique du temps de travail. On a vu le résultat. Depuis, on a entendu d’autres « solutions » comme le cumul avec des activités périscolaires. Avant d’évoquer des solutions, ne serait-il pas temps d’en vérifier la faisabilité ?
- justement, Gabriel Attal reprend-il la fusion AESH AED en ARE évoquée lors de la conférence nationale sur le handicap ? p70 nous avons relevé un très flou « – La mise en œuvre des mesures de la Conférence nationale du handicap 2023 » Une façon de noyer le poisson ?
Des nouveautés pédagogiques ?
- « les familles doivent, en amont de la rentrée ou dans les tout premiers jours, pouvoir rencontrer l’AESH qui accompagne leur enfant ainsi que l’équipe pédagogique ».
- le renforcement de postes de profs référents payés par le pacte. Si c’est indispensable, pourquoi le conditionner au volontariat du pacte ?
- la création d’un identifiant national élève ou numéro INE pour tous les enfants pris en charge dans le cadre médico-social,
- la transformation des Pial – comment, dans quel sens ???
- le renforcement de la formation – chiche !!!
- la mise en œuvre des rapprochements entre les instituts médico-sociaux et les établissements scolaires.
- la création d’une Ulis par collège d’ici 2027
- la mise en place du Livret de Parcours Inclusif ainsi que de la nouvelle appli de gestion des élèves en situation de handicap (AGESH) pour faciliter le suivi des élèves en SH. Quid de l’accès des AESH à ses données ?
POUR ALLER PLUS LOIN
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