RentrĂ©e covid19 : enfin un mode d’emploi ?đŸ€žđŸ˜ŻđŸ˜–đŸ˜”

A la veille de la rentrée, avec un protocole sanitaire paru - dans ses derniÚres modifications - le 26 août, bien des questions restaient en suspens. Le ministÚre vient enfin de faire paraßtre des fiches-repÚres. Pourquoi si tard ? Explications et analyses

Un protocole sanitaire trÚs léger et tardif

AprĂšs une parution reproduisant avec peu de diffĂ©rences (signalĂ©es en bleu) avec le protocole de juillet, une deuxiĂšme version du protocole de rentrĂ©e – dont les changements sont signalĂ©s en orange – est parue le 26 aoĂ»t. C’est actuellement la derniĂšre en date (jusqu’Ă  la suivante…)

De nombreuses questions en suspens : personnels fragiles, modalités pratiques et responsabilité

Personnels fragiles

La toute premiÚre question sur laquelle nous avons interpellé le rectorat est celle des personnels fragiles. Toutes les précisions sur les dispositions actuelles concernant ces collÚgues à retrouver dans notre article.

Modalités pratiques et responsabilité

Sur les modalitĂ©s pratiques d’application du protocole, bien des questions ont surgi, soulevĂ©es notamment par les personnels de direction, mais aussi par les collĂšgues et les parent·e·s.

Elles portent essentiellement sur :

  • l’Ăąge Ă  partir duquel il convient de faire porter le masque Ă  nos Ă©lĂšves
  • la difficultĂ© Ă  ventiler correctement certains locaux
  • la difficultĂ© pour Ă©viter le brassage des Ă©lĂšves : Ă  la cantine, Ă  la rĂ©crĂ©ation, en lycĂ©e (avec la prĂ©cision que tout le monde a apprĂ©ciĂ© de ne pas se faire croiser les niveaux !) oĂč le groupe classe a explosĂ© depuis la rĂ©forme
  • l’accueil en internat
  • la mise en place de certaines activitĂ©s artistiques (chorale) ou physiques
  • l’organisation de certains Ă©vĂ©nements (sorties, venues d’intervenant·e·s extĂ©rieurs, rĂ©unions parents-professeur·e·s)
  • la conduite prĂ©cise Ă  tenir en cas de suspicion de covid et de cas avĂ©rĂ©

Bien entendu, c’est en cas de cluster que tous les choix d’organisation pourraient ĂȘtre remis en cause et la responsabilitĂ© juridique de celles et ceux qui les ont faits engagĂ©e.

Des débuts de réponse vendredi 28 août au soir

Nous dĂ©couvrons donc trĂšs tardivement des « fiches-repĂšres thĂ©matiques ». On notera un principe de rĂ©alitĂ© avec des formulations du type « il peut ĂȘtre mis en place », « lorsque cela est possible ». Mais ces fiches comportent aussi des indications plus prĂ©cises et directives (lavage de mains Ă  l’entrĂ©e et Ă  la sortie du self par exemple) qui constituent donc bien des prescriptions Ă  mettre en oeuvre.

Elles portent sur l’organisation de

Un retard Ă  l’allumage catastrophique… les raisons d’une gestion dĂ©sastreuse

Toutes ces questions se sont déjà posées en juin et les acteurs de terrain que nous sommes ont déjà dû mettre en place des adaptations. Pourquoi donc attendre si tard pour les faire paraßtre en mettant sous pression, une fois de plus, les personnels ? Des pistes pour le comprendre.

Un fonctionnement vertical d’une administration centralisĂ©e

La France connaĂźt une longue tradition jacobine. Toutes les solutions ne peuvent donc venir que de la rue de Grenelle. Le ministĂšre commande donc aux recteurs qui eux-mĂȘmes passent commande auprĂšs des directeurs acadĂ©miques qui eux-mĂȘmes dialoguent avec les IEN et les chef·fe·s d’Ă©tablissement pour finir par les directrices et directeurs d’Ă©cole… qui attendent depuis un moment tout en croulant sous des injonctions contradictoires.  Les enseignant·e·s, personnels de vie scolaire, personnels administratifs, aesh, bref, tous les autres, sont les dernier·e·s de la chaĂźne, y compris directeurs et directrices d’Ă©cole qui sont responsables mais dĂ©cisionnaires de rien.

Des tentatives hasardeuses de décentralisation

Notre premier ministre a pu laisser penser, dans ces interventions ces derniers temps, qu’il laissait un espace de dĂ©cision aux acteurs locaux. Mais une chose est de laisser, Ă  juste titre, des adaptations locales en fonction des rĂ©alitĂ©s sanitaires et architecturales, une autre de proposer une boĂźte Ă  outils permettant d’agir suffisamment en amont en fixant des repĂšres stables Ă  tout le monde ! Sinon on n’est pas dans la souplesse de la dĂ©centralisation mais, pour reprendre une expression Ă  la mode, dans le « dĂ©merdentiel »….!

Un dialogue social à la traßne et des partenaires sociaux mis de cÎté

En France, on a tendance Ă  faire comme si toutes les rĂ©ponses ne pouvaient venir que du monde politique. La culture de la nĂ©gociation et du compromis que nous revendiquons Ă  la CFDT depuis des annĂ©es progresse mais une longue tradition de syndicalisme contestataire – du type des grĂšves qui vont venir encore Ă  la mi-septembre – a crĂ©Ă© chez beaucoup de femmes et d’hommes politiques l’idĂ©e que ce n’est pas par le dialogue social qu’on fait des rĂ©formes.

Audiences ou instances de derniĂšre minute

Dans le monde de l’Éducation nationale, nous sommes trĂšs souvent placĂ©s face Ă  des interlocuteurs Ă  l’Ă©coute, voire comprĂ©hensifs. Mais la marge de nĂ©gociation est quasi nulle. Les prises de dĂ©cision, mĂȘme si nous essayons d’alerter, de conseiller, d’orienter, se font de façon unilatĂ©rale. Dans la gestion de cette crise, le ministĂšre aurait pu – aurait dĂ» – rĂ©unir toutes les organisations syndicales dĂšs la mi-aoĂ»t, voire mi-juillet. Notre fĂ©dĂ©ration, comme les autres, n’a dialoguĂ© que le 25 aoĂ»t avec le ministre et son cabinet. Le protocole sort le 26 en catastrophe et les fiches-repĂšres le 28 au soir… alors que la rentrĂ©e se prĂ©pare dĂšs le 20 !

Un CHSCT-A est prĂ©vu en Bretagne mercredi 2 septembre…

Une infantilisation du discours Ă©ducation nationale et une confiance en la parole magique

Nous sommes des adultes qui comprenons fort bien les difficultĂ©s de la crise. Notre syndicat, interprofessionnel, entend les impĂ©ratifs sociaux, Ă©conomiques et pĂ©dagogiques qui militent en faveur d’un retour en classe de tou·te·s nos Ă©lĂšves. Nous n’avons pas rĂ©clamĂ© un dĂ©calage de la rentrĂ©e mais une anticipation des difficultĂ©s !

Certains points restent  Ă©pineux. Nous prĂ©fĂ©rerions que nos interlocuteurs, ministre ou recteur, arrĂȘtent de rĂ©pĂ©ter dans les mĂ©dias que tout est prĂ©vu et sous contrĂŽle.

Non, il ne suffit pas de proclamer que quelque chose doit se faire pour que cela se réalise.

Une trop faible place laissĂ©e Ă  la dĂ©mocratie locale…qui Ă©viterait des burn-out

Nous revendiquons des  modalitĂ©s de prises de dĂ©cision collĂ©giales. Des instances existent, les chsct, les conseils d’administration. Il y a des rĂ©fĂ©rents sĂ©curitĂ© dans les EPLE. Pourquoi ne pas leur donner plus de poids plutĂŽt que de laisser les personnels de direction face Ă  des responsabilitĂ©s trop lourdes ? et un travail Ă  faire une nouvelle fois en catastrophe durant tout un week-end ?

Des incertitudes sanitaires

Enfin, il faut bien le reconnaĂźtre, les connaissances scientifiques Ă©voluent en permanence et des dĂ©bats ont lieu, avec des flottements dans la parole de l’OMS par exemple sur l’Ăąge adĂ©quat pour le port du masque.

Ces incertitudes et évolutions sont légitimes et compréhensibles. Si elles étaient reconnues et assumées, elles éviteraient de créer une méfiance voire une défiance envers la parole publique, délétÚre à long terme pour la démocratie.

Pour aller plus loin