Reprise progressive d’activité dans l’enseignement agricole breton : ou en est-on ?

Le DRAAF a présenté lors du CHSCT-REA de Bretagne du 27 mai 2020, les orientations de l’administration pour encadrer la reprise d’activité progressive dans l’enseignement agricole public breton.

Ce CHSCTREA était présidé par M. Stoumboff (DRAAF Bretagne). Étaient également présents au titre de l’administration M. Garnier (chef du SRFD-Bretagne), M.RENAULT (ISST). Le Sgen-CFDT Bretagne était représenté par Anne-Françoise Jubin Uhel et Corinne Maubert.

PROPOS LIMINAIRE

Pour information, le premier ministre, jeudi 28 Mai 2020 a annoncé la réouverture des lycées en zone verte, la Bretagne est concernée.

Le Sgen-CFDT a indiqué que dans un contexte actuellement dégradé, l’ensemble des agents bretons font de leur mieux pour assurer la conduite de leur mission que se soit par une organisation du travail en présentiel et/ ou à distance. La période de confinement a été un choc. Beaucoup de collègues éprouvent une réelle fatigue qui s’accumule au fur et à mesure du temps. Le climat actuel incertain et anxiogène aggrave le phénomène. Les agents ont besoin d’être rassuré, d’obtenir des réponses aux nombreuses questions qu’ils se posent pour pouvoir se projeter dans leur travail et la reprise. Pour les enseignants, l’objectif suivi est de maintenir la motivation des élèves, de lutter contre le décrochage, de poursuivre jusqu’au bout les activités pluridisciplinaires, de maintenir le lien avec les apprenants. La poursuite de tousst ses objectifs est loin d’aller de soi.

En réponse, M. Stoumboff reconnaît le caractère difficile de la situation actuelle. La crise sanitaire est inédite. L’administration la gère au jour le jour sans bénéficier d’une expérience acquise dans la gestion d’événements passés similaires. La construction d’une stratégie de lutte contre le virus se fait par tâtonnements et ajustements successifs. Le système « D », la solidarité, la responsabilité, l’engagement de chacun forment des atouts précieux pour traverser ce moment délicat. Ce qui compte c’est la solidarité et sa manifestation entre les agents et avec les usagers. Le DRAAF souligne la mobilisation remarquable des acteurs du système éducatif agricole. Le DRAAF admet que de nombreuses interrogations portant sur l’organisation de la prochaine rentrée sont toujours en suspens et créent un sentiment d’incertitude compréhensible. Il faut cependant rester optimiste, confiant et ne pas se décourager.

UNE NOUVELLE SEQUENCE SE PROFILE : RETOUR DES APPRENANTS EN VUE !

Le DRAAF a suite à cette introduction annoncé la suite possible des événements dans les jours à venir. Une nouvelle séquence à compter de mardi prochain va s’ouvrir : LE RETOUR DES APPRENANTS.
Les établissements d’enseignement ont travaillé depuis plusieurs semaines sur sa programmation. La doctrine nationale, présentée dans une circulaire en date du 15 mai 2020 pose un cadre sanitaire à respecter.

Le Sgen-CFDT par les nombreux amendements qu’il a posé a su enrichir la version initiale du texte. Il a notamment obtenu la possibilité offerte aux établissements (moyennant de fortes contraintes) d’envoyer au mois de juin les élèves âgés de plus de 16 ans en entreprise.

Pour le DRAAF, chaque établissement doit désormais élaborer, en se basant sur ce cadre national, un PRA sur site avec les représentants du personnel. Le dialogue social doit être organisé et enrichir les PRA. Pour ce faire, les CoHS doivent être réunies. Pour M. Stoumboff, l’échelon régional (CHSCTREA/ CTREA) n’est pas l’échelon pertinent pour débattre et élaborer un PRA par établissement. Chaque site est singulier.

Le Sgen-CFDT rejoint cette analyse. Il ne faudrait pas que cette crise soit une occasion pour instaurer un jacobinisme régional déconnecté des réalités locales. Les agents sont fatigués de subir des injonctions technocratiques parfois très décalées avec la réalité de leur travail. Il faut qu’ils puissent exprimer leur point de vue et participer localement à la construction des PRA. Qui mieux qu’eux connaissent leur travail et les conditions de son exercice ?

N. Portrait et D. Brunelière (SRFD-Bretagne) ont pris connaissance des PRA des établissements et ont réalisé une synthèse des actions des établissements.  A Pontivy, la CoHS a eu lieu avant la sortie de la circulaire mais M. Stoumboff ose espérer que le PRA présenté était bien conforme à la circulaire. Les représentants des personnels de Pontivy se sont interrogés sur les moyens à déployer pour renforcer l’assiduité des élèves lors du retour en classe, après les vacances. La pression des examens, de l’évaluation est moindre (le Sgen-CFDT le regrette et a été la seule OS à revendiquer le maintien d’une épreuve terminale transversale du type « soutenance du rapport de stage »). Les examens terminaux ainsi que les CCF qui étaient programmés ont été supprimés ou à priori reportés pour la rentrée prochaine (ORAL DE FRANÇAIS BAC G ANNULE). Cette question de l’assiduité est d’autant plus complexe à traiter que certains élèves, peu nombreux, ne disposent pas des moyens techniques pour être assidus et notamment, suivre les cours à distance via les plate-formes numériques.

Pour le Sgen-CFDT, on touche une dès limite de l’enseignement à distance. C’est la question de la pertinence des apprentissages et des activités qui seront offertes aux apprenants qu’il faut discuter au sein des équipes. Il faut donner du sens à ces apprentissages pour que les élèves viennent et adhèrent aux propositions qui leurs seront faites. Il va falloir donc être créatif.

LE POINT SUR LA QUESTION DES MASQUES ET DES INTERNATS

Le rappel de la règle est clair : La règle est la distanciation physique mais si son respect ce n’est pas possible, le port du masque est recommandé. Pour les apprenants, les masques sont fournis pour les collégiens mais pas d’obligation pour les lycéens. Il est prévu que les lycéens qui souhaitent porter un masque pourront s’en fournir à titre personnel. M. Stoumboff  précise que deux établissements rendent le port du masque obligatoire à : Guingamp, Le Rheu.  Il ne souhaite pas ajouter de règle sur le port du masque au niveau régional. Le financement de ces masques pour tous pose problème. A ce jour, le déficit est colossal pour les établissements agricoles du fait de cette crise sanitaire. En conclusion, le DRAAF a indiqué que sur la question des masques, il faut encourager les apprenants à porter un masque et à respecter les gestes barrières et distances.

Pour le Sgen-CFDT, le respect des gestes barrière est la première chose à pratiquer. Le masque est nécessaire quand le respect des gestes barrières n’est pas possible. Porter durant toute une journée un masque, notamment quand il fait chaud est une gageure. Il faut plus que jamais former les agents et les usagers au respect des gestes barrière et au bon port des masques de protection. La prudence s’impose. Le port d’une visière peut aussi être un complément.

M. Stoumboff  a ensuite précisé que la question de la gestion des internats est centrale pour organiser le fonctionnement des établissements. Le 20 mai dernier, il a donné aux 10 chefs d’établissements les contacts nécessaires pour bénéficier d’un avis médical (médecin de prévention ou médecin de leur choix). Ainsi, à Merdrignac, le médecin généraliste est venu avec l’infirmière pour valider ou pas le PRA sur l’internat. M.Renault (ISST) précise que cette mesure vient d’un protocole de l’EN et que certains médecins de prévention refusent d’assurer cette tâche car ils sont en charge des personnels et non pas des apprenants. L’initiative prise à l’EPL de Merdrignac est ainsi peut être la bonne.

Pour le Sgen-CFDT, la gestion des internats constitue un défi de taille. Le Sgen-CFDT demande à ce que fin juin, un retour d’expérience soit fait dans chaque établissement pour établir ce qui relève des bonnes/ mauvaises pratiques. Un bilan doit être fait et partagé. Ce travail est indispensable pour préparer l’organisation de la rentrée de septembre.

FOCUS SUR LES PERSONNES FRAGILES, LA PRISE DE TEMPÉRATURE

M. Renault (ISST) reprend l’avis du haut conseil scientifique portant sur la prise de température : le HCS ne recommande pas la prise de T°. Cette mesure si elle est systématique pose aussi la question des libertés individuelles à respecter. Actuellement, la prise de température se fait à Saint Aubin du Cormier.

Pour le Sgen-CFDT, la prise systématique de température ne s’impose pas. Des personnes touchées par le virus n’ont pas vu leur température corporelle augmenter. Il faut se garder de ce type de préconisation qui peut se révéler être une vraie fausse bonne idée. Encore une fois, c’est le respect des gestes barrière qui s’impose. L’avis des scientifiques doit être suivi.

M. Stoumboff précise ensuite que la définition des personnes dites à risque est donnée par la haute autorité de santé. Une liste est établie. Les personnels à risques voulant être reconnu en tant que tel et bénéficier des mesures prévues pour cette catégorie de personne doivent fournir un certificat médical. M.Renault indique qu’ un agent vulnérable qui reprend de son libre chef le travail en présentiel sans bénéficier d’une visite avec le médecin de prévention ou sans avis tranché du médecin traitant, expose juridiquement son chef de service. L’agent doit écrire qu’il souhaite reprendre le travail pour couvrir le chef de service. L’obtention d’un certificat délivré par le médecin traitant est primordial. Par contre, si l’agent n’informe pas de ses pathologies son chef d’établissement n’est pas responsable. Si le chef d’établissement est officiellement informé et qu’il exerce une pression sur l’agent pour reprendre le travail, la responsabilité du chef d’établissement est engagée.

Le Sgen-CFDT revendique que pour les personnes fragiles et les agents vivant avec une personne fragile, la poursuite du dispositif ASA ou du télétravail continue quand celui-ci peut être mis en œuvre.

PÉRIODE DE FORMATION EN MILIEU PROFESSIONNEL

M Renault indique que les conditions de réalisation des stages doivent permettre le respect des gestes barrières, Le chef d’établissement doit s’assurer que les conditions sont acceptables dans les entreprises. M. Stoumboff ajoute que cette décision appartient aux chefs d’établissement avec les équipes pédagogiques. Ne rajoutons pas un niveau régional.

Pour le Sgen-CFDT, l’acquisition des gestes professionnels en milieu professionnel est essentielle pour maintenir la qualité de la formation et pour forger la compétence professionnelle des jeunes. C’est aussi la marque de la singularité de l’enseignement agricole et sa force. Pour le Sgen-CFDT, il n’y a aucune défiance à avoir à priori et par principe envers le monde professionnel qui est un partenaire de longue date de l’enseignement agricole (la confiance n’excluant pas le contrôle). Les jeunes et les familles ont depuis longtemps compris et intégré ce fait. Si les conditions de respect des règles sanitaires sont réunies dans les entreprises, si les enseignants, les familles, les maîtres de stage sont volontaires, le stage en entreprise peut se réaliser.

VERS UNE ORGANISATION HYBRIDE DES ENSEIGNEMENTS

La question de la reprise en alternance présentiel/ distantiel se pose pour les enseignants qui continuent d’assurer leurs cours suivant cette organisation du travail hybride. Quelle va être son incidence ? Va t-on vers une double journée ? M. Stoumboff indique qu’il n’y aura pas de double journée. Il va y avoir des cours en présentiel et un travail personnel donné aux apprenants pour ceux qui sont chez eux.

CE QUE VEUT LE SGEN-CFDT

Le Sgen-CFDT formule le vœu que ces temps obscurs ne nous fassent pas collectivement basculer dans « l’hyper hygiénisme », qui ne permettra jamais d’assurer le risque zéro mais qui créera immanquablement des conditions de travail ou d’étude insupportables et des tensions ingérables. La peur est mauvaise conseillère. L’heure n’est pas au repli sur soi mais à l’ouverture vers les autres et plus que jamais à la solidarité. L’heure n’est pas à la rupture du dialogue social mais au contraire, à son intensification partout où il est possible du faire.

Le Sgen-CFDT souhaite que les semaines à venir soient un véritable échauffement et temps de dialogue social pour mettre à jour les PRA, les ajuster et organiser au mieux la rentrée de septembre qui d’annonce, elle aussi, atypique. En situation de crise, il faut savoir accepter la moins mauvaise des solutions, et ne pas remettre en cause ce qui a été fait à l’étage du dessus ou du dessous, le travail des ISST, la circulaire DGER et le PRA du MAA doivent être le ciment de ces différentes briques. La solidarité s’impose, valeur chère à notre organisation, tout comme la confiance et l’autonomie.

Prochaine réunion prévue: deuxième quinzaine de Juin.