Se donner les moyens de réussir le Grand Oral

La note de service sur l’épreuve orale terminale du bac 2021 est parue au BO du 13 février 2020.  Fuitée dans la presse avant publication, elle précise les objectifs de cette nouvelle épreuve ainsi que ses modalités.

Baccalauréat - Grand oralDes objectifs intéressants…

Le déroulement de l’épreuve, appuyée sur les apprentissages des 2 spécialités, est sensé à la fois permettre d’évaluer une posture de communication mais aussi les qualités d’une argumentation, et la réflexion du candidat sur la place des spécialités choisies dans son parcours. Ces aspects sont plutôt intéressants et dénotent une certaine rupture dans le traditionnel baccalauréat en France.

Mais une mise en œuvre qui sera sans doute difficile…

Ni le travail sur les compétences nécessaires pour réussir un oral, ni le travail préalable sur un questionnement issu du contenu des enseignements des spécialités du cycle terminal, ne sont  prévus dans les temps et  l’organisation des cours. Les programmes sont en effet déjà surchargés avec des attendus pour l’écrit extrêmement ambitieux, que ce soit en première ou en terminale, et les organisations des lycées en salle, moyens humains, trimestres… sont peu adaptés à faire pratiquer l’oral.

La préparation de cette épreuve orale risque de se réduire à quelques séances après la passation des épreuves de spécialités…

Les DHG étriquées des lycées rendent les cours à 35 quasiment automatiques, les élèves sont pressurés par les épreuves permanentes des E3C. L’idée d’un projet à travailler pendant le cycle terminal (prévu dans l’arrêté sur les épreuves du Bac) a tout simplement disparu. Il est donc à craindre que dans la lignée du bachotage accru déjà en vigueur dès cette année, la préparation de cette épreuve orale ne se réduise à quelques séances après la passation des épreuves de spécialités. Les élèves se prépareront donc sur ces temps à la procédure mais pas forcement aux compétences sous-tendues par cette nouvelle épreuve.

Et nécessitera de former et de faire confiance

Coté enseignants, dans de nombreuses disciplines c’est l’écrit qui régnait sur l’ensemble des épreuves. Faire travailler l’oral aux élèves en classe ne va donc pas de soi. Pour l’instant pourtant peu (voire pas) de formations institutionnelles aux disciplines de spécialité n’ont porté sur la façon d’introduire un apprentissage de l’oral dans la classe.

Se donner le temps de  laisser émerger de nouvelles pratiques…

Il est donc indispensable de permettre l’émergence de nouvelles pratiques, sans une fois de plus les parachuter par injonctions successives et contradictoires : cela nécessite aussi pour les enseignants du temps d’appropriation, notamment en utilisant l’expérience des TPE ou d’oral de DNB.

Les temps d’appropriation à la fois pour les élèves et  les enseignants sont pourtant une fois de plus non pensés (et donc absents), alors même que de profonds changements sont attendus dans les positionnements et les pratiques des uns et des autres.

Pour le Sgen-CFDT il faut donc :

  • Des allégements de programmes
  • Du temps pour le projet disciplinaire ou transversal
  • Du temps pour l’apprentissage des pratiques de l’oral
  • Réinvestir dès la 2nde les acquis du collège développés pour l’oral du DNB
  • accompagner les enseignants et leur faire confiance