Protocoles Sanitaires, ce qu’en disent les médecins scolaires

Le 4 mai 2020, le SNAMSPEN, syndicat des médecins de l'Éducation nationale du Sgen-CFDT a rencontré, avec d'autres organisations représentatives, Jean-Michel BLANQUER, Ministre de l’éducation nationale, Madame PRADEILLE-DUVAL de la DGESCO et Monsieur DELANOE de la DGRH.

Protocoles Sanitaires

Protocole écoles

Protocole collèges et lycée

Concernant les protocoles sanitaires publiés le 3 mai dernier et pour lesquels nous avons été trop brièvement concertés à partir du 30 avril :

L’hygiène des locaux pour le SNAMSPEN/Sgen-CFDT est  la première des priorités des cinq fondamentaux de ce protocole : comment les parents peuvent ils s’engager à reprendre l’école sans l’assurance de celle-ci ?

Les règles d’hygiène restent trop succinctes quant au matériel partagé entre élèves (lycées professionnels, TP et maternelles), à contrario des fiches sanitaires élaborées par le ministère du travail pour les ateliers et pour les plus petits par l’AFPA (association française de pédiatrie ambulatoire).

Rassurer les personnels et leur apprendre à communiquer dans ce contexte de crise sanitaire : ni psychose, ni banalisation.

L’école ne peut devenir un nouveau lieu de confinement ni un lieu anxiogène.

Une réflexion plus approfondie, sur les plannings d’activité, la déambulation, doit pouvoir permettre de retrouver les activités normales de l’école. La restauration en dehors de la classe dans ce nouveau protocole va dans notre sens.

Les personnels médicaux sont aussi là pour rassurer les personnels et leur apprendre à communiquer dans ce contexte de crise sanitaire : ni psychose, ni banalisation.

L’angoisse, qui existe chez certains enseignants et élèves, nécessite de répondre aux questionnements de tous et de s’organiser autour de cette question.

La diffusion de tutoriels et de visuels est indispensable pour accompagner les personnels et les enfants, notamment sur la manipulation des masques.

 Conduite à tenir en cas de Covid à l’école…

Le SNAMSPEN a noté le manque de précisions quant à la conduite à tenir en cas de COVID à l’école : quelle articulation des personnels de santé avec les brigades COVID ?

Notre syndicat revendique le fait de situer les médecins au niveau 3 du protocole de traçage, au coté des ARS, à l’identique de ce qui est fait pour les pathologies infectieuses tel méningite et tuberculose.

Niveau 1 : Médecin traitant chez qui les patients sont envoyés en cas de suspicions

Niveau 2 : Brigade COVID :  » personnels médicaux et administratifs relevant des CPAM et de l’échelon local du service médical » qui sera chargé de finaliser la recherche des cas contacts si informations incomplètes et pour leur indiquer les mesures de confinement, la réalisation d’un test, la délivrance d’un arrêt de travail si nécessaire ; dès lors les personnes contactées, donc enregistrées ont accès à un masque et un test gratuit.

Niveau 3 : de l’organisation mise en place sera assuré par les ARS et Santé Publique France, toujours à partir de Contact COVID, pour gérer par exemple les chaines de contamination complexes (débuts de cluster, « patients testés positif dans un foyer, établissement médicosociaux etc. »)

Pour les écoles, l’organisation doit être territorialisée avec un médecin référent…

L’organisation pour les écoles doit-être territorialisée avec un médecin référent, de l’éducation nationale quand il existe, sinon avec un autre médecin du secteur, dans un périmètre défini.

Le rôle du médecin coordinateur local apparaît indispensable pour gérer non pas les personnels mais l’information notamment entre les mairies, l’ARS, les médecins traitants, les familles, et agir dans les situations complexes au côté et en lien avec les brigades COVID.

Il est impensable de faire face à cette épidémie sans que le rôle de chaque personnel du service de santé ne soit connu de tous et sans coordination entre les personnels santé-sociaux, chacun courant dans son propre couloir en ignorant ce que fait l’autre ou ce qu’il va faire !

Les personnels de santé devraient ainsi pouvoir être informés, en même temps que la hiérarchie et conjointement avec elle, de tout cas suspect dans un établissement afin de mettre en place les mesures sanitaires qui s’imposent et faire un suivi de cohorte à la demande des ARS.

Le secret médical doit s’imposer à tous les personnels…

La notion de secret médical, qui s’impose aux personnels médicaux et brigades COVID, doit s’imposer aussi à tous les personnels de l’éducation nationale.

La suspicion d’un cas nécessite une communication interne et externe adaptée dans l’intérêt de la collectivité et de l’individu concerné. 

(Cas d’enfants sans médecin traitant et de secteurs sans assistante sociale ? Enfants et familles successivement renvoyés de l’école vers le médecin traitant, le laboratoire…. Autant de risques de rupture de parcours qui n’ont pas été interrogés lors de cette audience …)

Des réponses rassurantes

Les réponses qui ont été faites par le ministre  sur les points particuliers portés par les organisations représentatives des personnels de santé, ont vocation à rassurer et à apaiser les personnels médicaux, infirmiers, qui se sont trouvés ignorés durant toute cette période de crise sanitaire, même en se plaçant sur les listes des volontaires à disposition des ARS.

 Le manque de personnels est déploré. Le ministre souhaiterait pourtant des équipes complètes.

Mais il n’y a pas de volonté à nous ignorer : « votre ressenti est vrai », « vous ne devez pas être dans un angle mort mais bien en première ligne », « c’était un crève cœur pour moi de vous voir inemployés » a t il dit. « Il faut que vous m’aidiez à vous aider » a-t-il rajouté…

« Le rôle des personnels de santé est décisif pour le respect des protocoles et l’éducation à la santé renforcée »

Les enfants avec PAI doivent pouvoir rester chez eux s’ils sont fragiles, tout comme les personnels fragiles. La circulaire PAI, travaillée avec les organisations syndicales, a bien vocation à paraître pour la rentrée de septembre.

Le ministre affirme la nécessité de soutenir le premier degré…

Nos collègues infirmières ont insisté sur leur rôle dans l’apprentissage des gestes barrières et dans l’éducation à la santé. A leurs questions concernant la validation des organisations par le CHSCT ou le conseil d’école pour s’assurer de l’hygiène des locaux et des mesures sanitaires, le Ministre a répondu qu’il y avait un travail avec les collectivités qui doit être réalisé et qu’il n’y aurait pas d’ouverture d’école dès lors qu’il y a un problème sur ce sujet.

La question du redéploiement des infirmières du second degré vers le premier degré est soulevée. Il faut que les infirmières restent en lien avec les élèves fragiles des établissements du second degré encore fermés. Le ministre comprend l’importance d’agir dans ce cadre dans le second degré, mais affirme la nécessité de soutenir le premier degré (comme pour les assistants de service social).

Informations générales apportées par le Ministre sur cette période

 Le ministre a tenu aussi à apporter un éclairage sur cette crise sanitaire et ses 4 temps pour l’école : celui du confinement, du déconfinement, des vacances et de la préparation de la rentrée. Tous ces temps doivent être articulés.

La période de déconfinement doit être accompagnée…

Il a évoqué deux mots clés : Progressif (souplesse dans le temps et l’espace) et social (avec un rôle déterminant des assistantes de service social vers les décrocheurs) et trois domaines : sanitaire (rôle des infirmiers et médecins), psychologique (place des psychologues essentiels) et l‘éducation à la santé.

Le temps du confinement aura des répercussions psychosociales, pointées par la FSU : oui, a noté le Ministre, c’est une raison pour laquelle l’école doit rouvrir dès à présent sans attendre Septembre ! …

La période de déconfinement doit être accompagnée :
une circulaire est faite en ce sens.

Les protocoles sanitaires ont été élaborés avec le ministère de la santé, ils ne sont pas flexibles et ainsi n’ont pas pu être beaucoup discutés avec les organisations syndicales.

les métiers de la santé sont essentiels…

En revanche les métiers de la santé sont essentiels (notés comme absents des Protocoles sanitaires), il faut travailler ensemble dit le Ministre pour que cela soit lisible sur le terrain et sensibiliser les personnels pour se tourner vers les équipes médicosociales. Le rôle des médecins est important pour faire face aux manifestations d’anxiété et pour l’éducation à la santé. Dans ce cadre 4 vidéos sont sur le site Eduscol ont été mises à disposition.

Organisation de la prise en charge des élèves après le confinement…

Le ministre a évoqué aussi l’organisation de prise en charge des élèves après la levée du confinement :

  • Approche éducative et pédagogique avec la scolarisation en priorité des CP et CM2 ; des élèves de REP/REP+, et les classes rurales aux effectifs de moins de 15 élèves. Chaque école organise sa rentrée par niveau les groupes multiniveaux sont possibles, par rotation, par semaine par exemple…Le cadre pédagogique n’est pas de terminer les programmes mais de réaliser un travail personnalisé.
  • Approche sociale et transversale.

Groupes transversaux : il y aura des priorités faites dans l’accueil, enfants handicapés, décrocheurs, enfants de parents qui travaillent, fratrie :

Groupes constitués suivant le choix de la fréquentation de l’école : soit à la maison (instruction à domicile), soit en étude, soit en dispositifs sport/santé ou culture/civisme en lien pour ces 2 dispositifs avec les mairies comme pour le mercredi. Le ministre a précisé que le rôle des personnels de santé sur ces espaces sera important …

Il s’agit donc de 4 espaces possibles et au choix pour retrouver la confiance. Le choix de l’étude seul peut être fait pour les dispositifs fonctionnant déjà à 15 élèves (REP/REP+).