2nd degré : arrêtez de tirer sur l’ambulance !

Lors du comité technique académique du jeudi 20 janvier le rectorat nous a annoncé les mesures de préparation de la rentrée 2022 dans le 2nd degré. Pour le Sgen-CFDT Bretagne, c'est non. Il faut arrêter de tirer sur l'ambulance. Le point sur les prévisions d'effectifs et les suppressions.

Une baisse des moyens en collège et en lycée moins forte que l’an passé, mais importante : c’est non !

Toutes les organisations syndicales présentes ont contesté l’insuffisance des dotations au regard des besoins dans le contexte pandémique.

A l’unanimité nous avons donc voté contre cette dotation. Le rectorat convoque un nouveau comité technique le vendredi 28 janvier.

Présentation fallacieuse, justifications démographiques contestables

Le rectorat présente la dotation et la justifie. Comme l’académie connaît une diminution du nombre de ses élèves, une moindre réduction du nombre de postes, cumulé avec l’apport des lauréats de concours directement à temps plein apporterait une dotation positive de 8 postes, ce qui représente une augmentation des moyens dans l’académie.

+ 8 postes, vraiment ? Ou – 62 ?

Tous les syndicats présents ont contesté cette version de la réalité.

Les documents ministériels permettent eux-mêmes de montrer deux visions bien différentes de la réalité. Qu’on en juge.

Cliquez sur les visuels pour les voir plus clairement.

Voilà la présentation récapitulative de la dotation. Le tableau des emplois permet de mieux comprendre le calcul. La dotation est confortée en réalité par des emplois de stagiaires. Il y a avant tout une suppression brute de 39 emplois, à laquelle s’ajoute une diminution du volume des heures supplémentaires.

Conclusion : -62 et non pas +8. La carte corrigée et plus proche du réel est donc la suivante

Si on y ajoute les 160 suppressions sur les deux dernières années, on aboutit à un total de 222 suppressions en trois ans.

Diminution démographique à la rentrée 2022 ?

On pourrait arguer de la baisse démographique pour justifier cette nouvelle baisse des moyens. Pourtant la baisse prévue paraît très modérée : 0.4% de notre effectif pour l’an prochain. Par comparaison, l’académie de Clermont-Ferrand devrait en perdre 1.2. Nous en avons perdu effectivement cette année 0.9%, un peu plus que la moyenne nationale située à -0.4% mais avec une perte beaucoup moins importante que des académies comme Lille (-1.4%). Nous figurons pourtant parmi les académies qui perdent le plus de postes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette année, nous avons donc effectivement perdu plus d’élèves que prévu. La prévision était une augmentation de 935 élèves, il y en a eu 1585 de moins. (Ndlr, une partie des effectifs du privé partie en 2020 dans le public est retournée dans le privée). Un examen sur du plus long terme donne des perspectives là encore différentes. En 2011 la Bretagne comprenait 160 047 élèves, en 2021 nous en avons 168 131, soit une augmentation de 8 084 élèves (+4.8%).

Prévisions  d’effectifs pour les 4 départements bretons

Voici la prévision d’évolution démographique des 4 départements pour 2022 :

Prévisions par niveau

Voici la prévision d’effectifs collège, LGT, LP, post-bac :

Des constats sur l’utilisation de nos emplois : pas assez de remplacement, trop d’heures sup.

Notre académie a dépassé son budget en emplois de remplacement (+109.9 postes) mais n’a pas réussi à consommer ses heures sup. En même temps ce n’est pas comme si nous n’avions pas alerté sur le fait que les collègues n’en voulaient pas ! Ce n’est pas non plus comme si nous n’avions pas fait remarquer à plusieurs reprises que bon nombre d’établissements ne peuvent pas en absorber vu la moyenne d’âge de l’académie, vu le nombre important de petits établissements  !

Les orientations académiques

Le rectorat dit vouloir faire attention aux effets de structure, c’est-à-dire limiter les fermetures de divisions dans les établissements qui connaissent de fortes baisses, pour restreindre les mesures de carte, tout en tenant compte de la diminution du nombre d’élèves en LP et en BTS.

En lycée, les mesures pour garder les 7 spé de base dans les petits lycées (6 classes de 1ère) sont reconduites à hauteur de 7.1 postes.

De même que l’an passé, les options de terminale sont de l’ordre de la négociation avec les directions académiques.

Le rectorat affecte 6 postes supplémentaires pour les ULIS.

Pour continuer de rattraper le retard en matière de remplacement il augmente de 6 postes le remplacement.

Des suppressions oui mais où ?

À ce stade il est trop tôt pour le dire. Lors de la grève du 13 janvier, le directeur académique des Côtes d’Armor nous a reçu. Nous l’avons interpellé sur la question. Sa réponse : dans les 15 jours qui viennent.

Nous devrions donc avoir fin janvier la ventilation par département des suppressions. Nous avons exprimé nos craintes auprès du direction académique quant à des suppressions dans les territoires ruraux de ce département dont les effectifs sont en forte baisse.

DGH dans les établissements : que vote-t-on ? Quand ?

Nous rappelons qu’à ce stade il faut surtout veiller à la préservation des postes, car c’est ce qu’on appelle le TRMD (tableau de Répartition des moyens) que chaque chef·fe d’établissement doit communiquer pour le calibrage des postes à l’intra. Le code de l’Éducation (R421-20 à 24) n’impose pas de calendrier précis de vote. Si des ajustements peuvent avoir lieu en juin, notamment dans une ventilation interne, pour lutter contre des suppressions de poste, c’est avant qu’il faut se manifester en conseil d’administration. Sans oublier de nous prévenir pour que nous puissions protester en comité technique départemental !

Une préparation de rentrée fin août encore bien compliquée… pauvres débutant·es !

Avant le concours : des berceaux à l’eau….

Il faut y ajouter la difficulté à caser les berceaux des contractuels alternants. Ce qu’on appelle les berceaux sont les postes réservés à ces collègues débutant·es. Rappelons que le terme d’alternant·es désigne ces collègues qui préparent le concours en M2 tout en étant à mi-temps devant des classes.

Le rectorat en a diminué fortement le nombre, prenant acte de la réalité. Bon nombre de stagiaires ont dû renoncer à préparer le concours tout en étant dans des classes pour 800 euros par mois. Ces collègues là vont se retrouver à temps plein face à des élèves dès la rentrée de septembre. Ils/elles ont vécu une année compliquée par le covid.

Quelle aide va donc leur fournir l’institution pour faire face ?

À cette question, nous n’avons reçu aucune réponse. Sinon la réponse bien peu satisfaisante, au bout de deux ans de pandémie, que ces étudiant·es ont vécu une pré-professionnalisation…

Par ailleurs, l’expérience d’une seule année suffira-t-elle pour calibrer correctement le nombre d’alternants à cette rentrée ? Ne risquons-nous pas de devoir affronter encore dans les services à la fin août des affectations de dernière minute de TZR voire de contractuels qu’on aura parfois du mal à trouver, comme en éco-gestion ?

Bref, les collègues ainsi que les personnels de direction vont-ils/elles connaître à nouveau une pré-rentrée agitée ?

Quel calendrier pour les affectations des contractuel·les et des TZR ?

Des réponses bien floues

La nouvelle Secrétaire Générale s’est dit consciente des difficultés de préparation de rentrée. Elle a indiqué un possible ajustement puis un nécessaire aménagement des calendriers pour s’adapter aux lauréats des concours, pour « sécuriser la rentrée ». Qu’est-ce que cela pourrait impliquer concrètement ?

Nous avons beau nous creuser la tête, à moins d’obliger celles et ceux qui préparent le concours à ne pas se dédire passé une certaine date (et le peut-on règlementairement ? est-ce même souhaitable de bousculer ainsi des futur·es collègues ?) nous ne voyons pas de solutions à cet imbroglio.

Quid des collègues qui n’ont pas été en alternance ?

La rentrée risque d’être encore plus douloureuse pour ces collègues. Là encore, les réponses sont maigres. Le SGA, M. LARZUL nous rappelle l’existence de stages d’observation et de pratique accompagnée. Il rappelle que ce sont ces collègues qui n’ont pas voulu de l’alternance (sic !).

Nous avons pourtant entendu parler de temps de décharge possible pour ces collègues néo-titulaires. Le rectorat aurait-il besoin de plus d’informations ?

La triple peine en lycée

Nous avons souligné les difficultés des collègues en lycée. Ils/elles doivent affronter la réforme, la pandémie et les suppressions, avec un nombre d’heures supplémentaires imposées plus grand. Rien ne vient soulager le poids de la tâche en l’absence d’adaptations du programme.

En voie pro

Le Secrétaire Général Adjoint a souligné l’important taux de réussite aux examens l’an passé. Il a rappelé qu’on ne pouvait effectivement pas compter les apprentis dans les effectifs mais qu’on pouvait les accueillir dans la mesure des places disponibles. Le Directeur Académique des Côtes d’Armor a attiré l’attention sur la situation de ce département pour la voie pro. Il sera difficile de maintenir toutes les structures. Il faudra faire des choix, a-t-il affirmé.

Vie scolaire : un léger mieux mais un tel retard !

L’attribution de 8 postes de CPE est certes une bonne nouvelle. Mais le Sgen-CFDT Bretagne a rappelé le vote unanime contre la répartition des moyens d’éducation en mars dernier, en l’absence de créations pou répondre aux besoins de la création de nouveaux établissements, Hillion et Liffré. Il reste encore des établissements, notamment dans le Morbihan, qui n’ont pas de CPE.

Si on ajoute le fait que deux des huit emplois ne sont pas forcément pérennes mais soumis à l’atteinte d’objectifs de mixité, cela fait encore moins. Et quand on compare cette dotation avec celle des autres académies, la déception pourrait sembler encore plus grande.

Enfin, si ces créations ne sont pas assorties de créations d’emplois d’AED, les collègues CPE vont se sentir bien seul·es. Il faudra attendre mars pour connaître l’enveloppe.

L’orientation : le parent pauvre ! Encéphalogramme plat

Nous avons souligné l’importance du travail d’orientation notamment dans le contexte de la réforme de la voie pro et du lycée.

Les heures dédiées à l’accompagnement à l’orientation en 2nde paraissent bien maigres au regard des enjeux.

Nous avons regretté d’ailleurs que le comité de suivi de décembre n’ait pas eu lieu. Il permet de constater qu’il y a du travail à faire pour éviter les orientations genrées et sociales.

Le recteur a souligné à ce propos qu’il y avait un gros travail à faire sur le renoncement des filles aux filières scientifiques en terminale.

Malgré ces enjeux, la dotation psy-En EDCO est désespérément plate.

Nous avons protesté contre la redistribution du poste de Lannion en BMP sur  Saint-Brieuc et Fougères. Nous ne nions pas les besoins sur ces deux secteurs. Mais ce redéploiement va entraîner la fermeture du CIO sur plusieurs demi-journées, au détriment des usagers. Cette redistribution ne tient pas non plus compte du fait de la gestion à assurer de deux CIO, celui de Lannion et de Guingamp.

Le Snes-FSU a appuyé notre position en demandant la transformation d’un poste gelé de Psy-en pour le budget enseignant en poste de Psy-EN.

Le secrétaire adjoint a répondu que si l’on reprenait ce poste gelé, il faudrait revenir sur le budget enseignant et qu’il s’agissait là de moyens définitifs, des moyens complémentaires provisoires étant envisageables.

Puisque le CTA va être reconvoqué, nous aurons l’occasion de voir si le rectorat fait une autre proposition.