Agir pour améliorer la qualité de l’air que respirent nos enfants

Ce sont les conseils départementaux qui gèrent les équipements des collèges et la région ceux des lycées. Nous avons donc décidé de continuer à les interpeller pour améliorer la qualité de l'air dans les établissements scolaires bretons. Article encart Profession Education

Covid, aérosols et protections insuffisantes : notre enquête

La pandémie a mis en lumière un enjeu majeur de santé publique, celui de la qualité de l’air via les aérosols. C’est un enjeu particulièrement important dans les établissements scolaires.
Nous avons fait une enquête  sur les mesures de protection contre le covid auprès des personnels de l’académie qui a recueilli plus de 400 réponses.  
Les résultats sont particulièrement inquiétants.
Selon ces déclarations, 37% des collègues ne peuvent pas du tout ouvrir les fenêtres pour renouveler l’air ou seulement en partie.
15% ne peuvent pas faire de courant d’air, 54% ne le peuvent qu’au prix d’une baisse rapide des températures.
54% ne bénéficient pas de dispositif de ventilation.
73% n’ont pas de capteurs de CO2, 88% pas de purificateurs.

Une urgence mais aussi un enjeu de santé publique à long terme

Il y a l’urgence de la situation actuelle qui requiert de protéger correctement les élèves et les personnels à l’heure où des mesures d’allègement des protocoles sanitaires se profilent. Personne ne peut prédire à l’heure actuelle l’évolution de l’épidémie, l’effet du sous variant Omicron sur sa dynamique, ou l’apparition de nouveaux variants. Mais il y a aussi un enjeu à plus long terme. 
Selon Santé publique France l’asthme touche 10 à 16% de la population scolaire. Sur une même cohorte, la prévalence augmente d’un à deux points tous les six ans. En France, on estime à 19 milliards d’euros par an le coût de la mauvaise qualité de l’air. 
En outre, la qualité de l’air aurait un impact sur les compétences scolaires.
Selon Laurent Jeannin, chercheur à l’université de Cergy Pontoise, limiter la concentration de CO2 dans l’air permet de diminuer la perte d’attention et la somnolence des élèves. Il convient aussi selon de ne pas dépasser 1800 ppm pour éviter une diminution des capacités cognitives.

De l’utilité des capteurs  …. Et des thermomètres !

Certes, le capteur ne permet pas d’améliorer la qualité de l’air. Mais il permet de pouvoir objectiver la situation et d’avoir un point d’appui de revendication. Vues les circonstances actuelles, s’il faut aérer très souvent et qu’il fait trop froid dans les salles de classe, objectiver  à l’aide d’un thermomètre la baisse des températures peut s’avérer également utile.

Il n’existe malheureusement pas de réponse exacte de la loi pour la température minimale pour travailler. Le code du travail mentionne seulement « une température convenable » et l’obligation de chauffer les locaux en hiver.

Selon l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles), « un environnement est considéré comme froid pour une température de l’air inférieure à 18°C, température à laquelle se déclenchent des déperditions de chaleur »

Rappelons qu’il faut des normes en deçà de 800 ppm (mesure de volume : partie par million) pour un air sain, qu’il est médiocre entre 800 et 1000 ppm et carrément dans le rouge au delà de 1000.

Si les températures comme les mesures de CO2 deviennent trop mauvaises, il convient d’en tirer les conséquences !

Des actions syndicales pour mettre en lumière les enjeux de qualité de l’air

Avant même notre enquête, nous avons déjà adressé un courrier à l’association des maires de Bretagne, aux 4 conseils départementaux, aux 4 dsden ainsi qu’à la Région et au rectorat le 30 avril 2021 qui est resté sans réponse.
Depuis cette interpellation, notre ministère, sous la pression des organisations syndicales et des personnels en grève massivement le 13 janvier, a fait évoluer sa position. Après une absence totale de prise en compte de cet enjeu, renvoyant sa responsabilité à celle des collectivités territoriales, il a ensuite attribué une première dotation.  Puis il a annoncé un abondement autant que de besoin pour couvrir les dépenses générées par l’achat de capteurs de CO2.
Dans chaque point sanitaire proposé par le rectorat et les dsden, en CHSCT, nous n’avons pas cessé de demander des comptes, les réponses fournies manquent singulièrement de précision. Notre recteur a écrit aux collectivités et dialoguent avec les préfets. Mais il n’a donné aucun élément précis sur le nombre d’équipement ni sur les travaux en cours. On fait mieux en matière de garantie de protection des personnels.

Un premier pas dans les Côtes d’Armor et le Finistère, ainsi qu’à la Région

Les départements des Côtes d’Armor et du Finistère ont équipé les collèges de deux capteurs par établissement, un pour le self, un pour les salles de classes. La façon de remonter les mesures des capteurs diffèrent dans ces deux départements.

Nous n’avons pas connaissance d’actions dans le Morbihan et l’Ille et Vilaine.

Le dialogue avec les mairies pour les écoles est particulièrement variable selon les maires. Nous avons interpellé la mairie de Quimper qui s’est illustré dans le presse régionale par son dédain de ces questions.

La Région d’après nos remontées d’établissement a  initié une action ciblée en direction de certains lycées en recourant aux services d’une société privée, la Société Innax Energie Environnement. Il s’agit d’ accompagner des lycées dans la démarche suivante :

  • sensibilisation des occupants à la problématique de la qualité de l’air intérieur
  • élaboration de fiches d’auto -diagnostic
  •  rédaction d’un plan d’action pour améliorer la qualité de l’air intérieur

Nous avons aussi appris que le bureau, Innax avait établi un 1er rapport d’évaluation en juin 2021 dans un des lycées concernés.

Nous avons sollicité les quatre départements ainsi que la Région pour faire un point d’étape. Une audience avec la région le 28 septembre a permis de mieux clarifier la démarche entreprise. Les principes en sont d’associer les établissements au diagnostic, d’entreprendre des travaux à court et long terme. Précisions : la démarche tient compte des problématiques d’amiante et a commencé avant la pandémie. La région n’a donc pas ciblé un diagnostic des salles de restauration. C’est un angle mort qu’il s’agira à notre sens de combler.

En effet, si les capteurs ont une utilité indéniable comme instrument de contrôle et de régulation de la qualité de l’air, ils ne sauraient à eux seuls suffire.

Des actions à engager sur le long terme, des investissements à faire

Nos demandes
  1. indiquer aux personnels les seuils acceptables (ppm), afin d’optimiser leur utilisation et également de définir des préconisations qui soient largement communiquées aux équipes. 
  1. élaborer des mesures tests dans les différents lieux, en utilisant des capteurs connectés afin de renvoyer automatiquement ces mesures. Il ne s’agit pas dans une période déjà chargée d’alourdir la tâche des personnels de direction avec leurs  adjoints gestionnaires.  Ces mesures doivent permettre  de dresser une cartographie précise des cantines et des salles de classe défaillantes en terme de ventilation.
  2. D’augmenter le flux de la ventilation  dans les établissements récents qui  bénéficient d’une ventilation double flux  ou mieux encore d’automatiser l’aération à partir de  capteurs intégrés.
  3.   de  comparer les mesures des établissements récents ou en cours de rénovation  à celles d’établissements plus anciens. 
  4.  de déterminer les priorités d’investissement à partir de ces audits et de définir des actions nécessaires : achat de purificateurs d’airs dans les endroits difficiles à ventiler, réfection de fenêtres, installation de VMC.  

DE L’UTILITÉ DU REGISTRE SANTÉ SÉCURITÉ AU TRAVAIL

En attendant, on peut toujours agir.

Quand, comme l’a montré notre enquête, il n’est pas possible de faire un véritable courant d’air, voire qu’il n’est même pas possible d’ouvrir une fenêtre, ou qu’on le peut mais au prix d’une baisse trop importante des températures, alors il faut aller plus loin.

Faire une fiche RSST devient une nécessité (rappel de la procédure ici). Le CHSCT-D en aura connaissance, et les organisations syndicales auront un point d’appui pour

  • repérer les endroits plus critiques que d’autres
  • formuler des demandes de travaux auprès des collectivités.
  • demander l’achat de purificateurs d’air.

DES ÉCOLES QUI N’AURAIENT PAS BESOIN DE PURIFICATEURS À L’AVENIR ?

La région et les départements  ont réalisé de gros progrès en matière de consommation énergétique et de qualité de chauffage dans les établissements. Il est temps de faire de même en ce qui concerne la qualité de l’air intérieur.

Pour aller plus loin