Audience AESH dans le Morbihan

Compte-rendu de l'audience que nous avions sollicitée pour les AESH auprès de la DSDEN du Morbihan.

Le Sgen-CFDT Bretagne a sollicité une audience à la DSDEN du Morbihan pour faire le point sur la rentrée des AESH et porter des revendications. Malgré une dotation en postes plus généreuse cette année, des difficultés importantes sur le terrain demeurent.

Nous avons lancé l’an passé une grande enquête sur les conditions de travail des AESH et nous avons porté la parole auprès de notre administration. S’ensuivent donc des demandes d’audience dans les 4 DSDEN. Elodie LAMART, secrétaire générale, Magali GEORGES, inspectrice AESH et Guénaël BONNEC, chef de la division de l’organisation scolaire, ont reçu le 14 novembre une délégation du Sgen-CFDT Bretagne, composée de Florence PECK, Patricia TANGUY et Françoise RIVIÈRE.

Des collègues qui quittent la profession par manque d’attractivité du métier…

Nous avons demandé combien d’AESH arrivant à échéance de leur CDD de 3 ou 6 ans n’ont pas souhaité le reconduire et combien ont pu bénéficier des motifs légitimes de démission.

Dans le Morbihan, 110 AESH, entre mai et octobre, n’ont pas souhaité renouveler leur contrat que ce soit une démission ou un départ à la retraite. Ce qui pose bien sûr la question de l’attractivité de ce métier, quand on sait que la plupart des AESH sont bloquées à 24h hebdomadaire.

…et dégradation des conditions de travail ?

M. le Recteur dans le JT de France 3 du 26 septembre donnait le chiffre de 450 démissions cet été. Malheureusement, nous n’avons pas les chiffres des années antérieures, ce qui ne permet pas de comparaison. Mais ce chiffre, qui nous semble important, devrait interpeller notre administration quant au manque d’attractivité de ce métier.

Fin de contrat et transparence à l’embauche

Nous réclamons une plus grande transparence à l’embauche. Au bout des 3 ans ou 6 ans de CDD, il y a un risque important de ne pas toucher l’allocation de retour à l’emploi (ARE). En effet, le rectorat considère le refus de renouveler son contrat comme une démission. Il faut, par loyauté, prévenir les personnes embauchées. Le Sgen-CFDT Bretagne demande que les postulant·es soient clairement informé·es. Il faut l’indiquer en début de contrat et non en fin, comme c’est le cas actuellement. Sur ce point, le Rectorat ne nous semble pas complètement transparent.

Nous avons voulu signaler la situation particulière des AESH géré·es par le lycée Thépot. Le manque de personnels administratifs et le retard pris dans la gestion des fins de contrats entraînent une situation augmentant très fortement la précarité de ces agent·es. Ne pas recevoir les documents légaux nécessaires a privé de revenus beaucoup de collègues pendant des mois ! Nous avons interpellé les personnes présentes à ce sujet, elles n’ont pas eu de réponse convaincante, renvoyant à des difficultés du lycée Thépot, en restant évasives. Elles nous ont cependant informées que, face au surcroit d’activité, le lycée Thépot avait fait le choix, dans l’intérêt des élèves (sic), de traiter en priorité les reconductions de contrats. Pour les Sgen-CFDT Bretagne, il n’est pas acceptable d’arguer de l’intérêt des élèves pour justifier que l’on maltraite les personnels cessant leur activité, aggravant encore leur grande précarité.

Du primaire au secondaire, le grand écart pour les AESH

Nous demandons combien d’AESH se partagent entre plusieurs établissements. Nous indiquons que ces adaptations perpétuelles sont source de fatigue pour les collègues. En effet, jongler entre un élève de petite section de maternelle par exemple et un élève de troisième qui se prépare au brevet des collèges nécessite des efforts d’adaptation constants.

751 de nos collègues exercent sur 1 établissement, 363 sur 2 établissements et même 7% sur 3 ou plus, ce qui nous parait alourdir la charge mentale et rendre le travail moins efficace.

Temps partiel subi et faiblesse de la rémunération, ne serait-ce pas le cœur du problème d’attractivité du métier ?

Nous dénonçons depuis plusieurs années les temps partiels subis (appelés « temps incomplets » par l’administration) alors même qu’il y a des besoins, notamment dans le secondaire où l’amplitude horaire des cours est plus importante.

Le ministère recherche des solutions, en prenant en compte le temps méridien. Cette recherche semble peu convaincante. En effet, les AESH auraient plusieurs employeurs avec une gestion des ressources humaines compliquée. Il y a la question de la concordance des temps de travail. Des questions d’assurance, des questions juridiques se posent également. Cette réalité se reflète dans des témoignages à ce sujet sur le temps de pause du midi. Nos interlocuteurs sont là aussi restés flous dans leur réponse, laissant au ministère le soin de définir une convention pour mettre en place une solution viable. Se pose aussi la définition des missions : sommes-nous en plus des animateurs, des surveillants, des administratifs ?

À qui s’adresser en cas de problème ?

Beaucoup de collègues ne savent pas à qui s’adresser en cas de besoin. Il serait souhaitable qu’un répertoire plus précis soit créé avec les différents interlocuteurs. On nous répond que les AESH reçoivent un document à la rentrée et que le Morbihan est plutôt efficace dans ce domaine. Il existe un pôle AESH dans chaque circonscription avec un conseiller pédagogique et un inspecteur pour répondre aux questions des AESH. Il ne faut pas hésiter à les solliciter !

Organisation des PIAL

Nous demandons si tous les PIAL sont dotés de pilotes et de coordinateurs et si ces derniers disposent de temps pour accomplir leurs missions.

Le Morbihan compte 11 PIAL dotés chacun d’un pilote et d’un coordinateur. Les référentes AESH sont pour la plupart en poste depuis trois année. Il n’y a pas de turn-over. Elles exercent souvent au sein d’un collège mais tous les collègues ne les connaissent pas forcément. Elles ont 12h de décharge hebdomadaire, certaines organisent des réunions comme dans le Pial d’Auray et de Lorient Sud, notamment. Il a été demandé à ce que ces réunions deviennent systématiques et soient un lieu d’échanges de pratiques.

On constate une différence entre département sur la question des référentes. Le Morbihan et le Finistère en ont déjà, alors quece n’est pas le cas dans les Côtes d’Armor.
Il y a environ 100 AESH par PIAL, dont 3 sont en tension : celui de Vannes (situation de quasi plein emploi) et ceux de Ploërmel et Rives de Vilaine.

Une gestion du temps de travail différente dans chaque département breton

Chaque département gère le temps de travail différemment : en Ille-et-Vilaine, dans le secondaire, les AESH travaillent 26h par semaine pour une paie de 24h, car le temps de récréation n’est pas compté comme du temps travaillé alors qu’il l’est dans les Côtes d’Armor. Il est grand temps d’aboutir à une harmonisation académique et nationale qui serait en faveur des AESH !
Dans le Morbihan, la DSDEN utilise le tableur Excel pour établir les emplois du temps des AESH. Il serait souhaitable d’avoir un outil commun à tous les agent·s de Bretagne !

Accompagnement des élèves : en progrès mais peut mieux faire !

Dans le Morbihan, 90% des notifications sont couvertes, même si on déplore un temps plus long de réactivité de la MDPH, par rapport à d’autres départements bretons, en général plus de 4 mois, mais cela s’améliore. Ces résultats qui semblent encourageants ne doivent pas masquer une réalité plus sombre : l’augmentation de notifications mutualisées, qui peuvent aller de 3h à 9h, au détriment des notifications individuelles. Quelle est par exemple l’efficacité d’un accompagnement de 3h ou de 6h pour des enfants qui n’ont pas les mêmes besoins au sein d’une même classe ?

 

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Audience AESH dans les Côtes d’Armor