Déconnexion et trop-plein d’information

Après plusieurs interpellations du recteur depuis 2016 lui demandant de traiter de la communication numérique et de ses conséquences sur les conditions de travail le Sgen-CFDT Bretagne a proposé aux personnels de l’Académie de Rennes de renseigner une enquête en ligne sur ce sujet.

Plus de 200 collègues ont renseigné cette enquête. Ce n’est pas négligeable mais en deçà de nos attentes. Aussi nous ne pourrons pas interpréter les retours par catégories ou fonctions. Mais un certain nombre de faits et de ressentis apparaissent. Nous les utiliserons pour appuyer nos demandes d’amélioration des conditions de travail auprès du rectorat, et notamment le droit à la déconnexion.

Organiser, limiter, mieux cibler

Il est urgent que le Rectorat de l’Académie de Rennes modifie son organisation et celle de ses services. Cela doit permettre de réduire le stress, la perte de temps et la charge mentale. Ils sont le fruit du passage impensé d’un type de communication (papier) à un autre (numérisée). Il faut:

-qu’il organise les envois et la diffusion d’informations pour limiter les supports et réduire la quantité d’envois.

-qu’une séparation soit assurée entre vie privée et vie professionnelle, et donc assurer le droit à la déconnexion.

-que les messages soient mieux ciblés et que le récepteur ait des titres de message explicite.

Le Sgen-CFDT Bretagne portera ces revendications auprès du Rectorat dans les semaines et les mois à venir.

Quels sont les personnels qui ont répondu?

répondants à l'enquêteParmi les répondants on retrouve presque toutes les catégories de personnels :enseignants du 1er et du 2nd degré, PsyEN, CPE, directeurs d’écoles, personnels de direction, personnels administratifs, etc. Cependant les Assistants d’Education sont absents et les AESH (ex-AVS) sont sous-représentés. Le mode de diffusion de l’enquête explique pour partie cette situation.

 

 

Quelles sources d’information et quelles conditions d’accès aux informations numérisées?

Une multiplicité de sources d’informations

sources d'informationsNous avons identifié plusieurs sources d’informations possibles (adresse académique, i-prof, l’ENT Toutatice, etc). Les réponses pouvant être multiples, il y a 648 réponses pour 202 enquêtes renseignées. Les personnels accèdent en moyenne aux informations professionnelles par plus de 3 sources différentes. Certains collègues utilisent 3 messageries différentes…

1/3 des répondants reçoivent sur leur messagerie personnelle des informations transmises par le directeur d’école ou le chef de service.

Il est à noter que les problèmes de débit pour accéder aux informations professionnelles sont rares. Mais ils ne sont pas complètement marginaux (près de 10 % des réponses).

Une consultation très régulière

consultation informationsLa fréquence de consultation des informations professionnelles est très régulière. 95 % des réponses font état d’une moyenne de plus d’une consultation quotidienne. 80 % des collègues consultent plusieurs fois par jour ces sources d’informations.

Ces informations sont lues pour plus des 3/4 des répondants au fil de la journée plutôt qu’en bloquant des moments de façon régulière dans la journée (ou en début ou fin de journée). Ce type de consultation au fil de l’eau est un élément qui génère une perte d’efficacité et de la fatigue intellectuelle. Il est la conséquence directe du flux d’informations non régulé produit par les différents services du Rectorat, des DSDEN, des circonscriptions, etc.

 

Sans déconnexion pas de distinction vie professionnelle et vie privée

pas de déconnexionLa dématérialisation des informations liées à la numérisation a pour conséquence le brouillage de la frontière entre vie privée et vie professionnelle. 70 % des répondants ont déjà reçu des informations à caractère professionnel le week-end ou bien après 18h00 et avant 8h00 le matin. Dans 22 % des cas l’expéditeur était un.e supérieur.e. Les collègues ne peuvent donc pas disposer du droit à la déconnexion. Ce droit est prévu par la loi pour les salariés du privé et justifié pour les agents publics.

 

 

Pourquoi peut-on parler de surcharge d’information?

Des messages nombreux et souvent inutiles

81 % des répondants reçoivent au moins un message par jour qui ne les concerne pas (16 % des répondants en reçoivent plus de 10 par jour ne les concernant pas).

Quant aux messages qui concernent les collègues, 38 % des répondants estiment que plus de la moitié de leurs messages auraient pu être « aussi bien ou mieux traités » par un échange direct avec l’expéditeur…

Trop de publicité sur les boîtes fonctionnelles (messageries des écoles, des circonscriptions, des établissements..)

Les collègues amenés à gérer des boîtes fonctionnelles indiquent pour 58 % d’entre eux qu’ils reçoivent trop de publicité. 62 % d’entre eux estiment que cette publicité les gêne dans le traitement des informations reçues.

Une communication qui génère du stress

stress46 % des collègues ayant répondu à notre enquête indiquent ressentir « souvent » ou « tout le temps » du stress à l’idée de consulter leur messagerie professionnelle. C’est considérable d’autant plus que 27 % en ressentent aussi « parfois ».

Le principal élément générateur de stress est la quantité de message pour 47 % des répondants. Ensuite ce sont le contenu des messages (25%) et l’idée de devoir y répondre rapidement (18%).

 

 

Quelles solutions ?

Réguler la quantité d'informations8 propositions étaient faites aux collègues pour améliorer la situation.

Les trois propositions qui recueillent le plus d’avis favorables sont les suivantes :

– pour 56 % des répondants : une newsletter hebdomadaire regroupant les informations émanant des différents services du rectorat, de la DSDEN, de la circonscription…Par ailleurs 32 % des collègues sont favorables aussi, ou à la place, à une newsletter mensuelle regroupant les informations les concernant

– pour 52 % des répondants : une meilleure lisibilité des titres de messages

– pour 51 % des répondants : une interdiction des courriels entre 18h00 et 8h00 le matin ainsi que le week-end.  Autrement dit, un droit à la déconnexion!