D’instit à PE, une évolution du métier non accompagnée

Les conditions de travail des enseignant·es du 1er degré ont changé, le métier a changé, mais les règles organisant le fonctionnement de l'école elle-même n'ont pas changé. Ce hiatus est une des raisons du mal-être actuel des personnels, qui ont besoin de reconnaissance et de respect.

D’instit à PE

La loi d’orientation de 1989 a créé les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) et a modifié le statut des enseignant·es du premier degré qui sont ainsi devenus professeur·es des écoles. Leur recrutement se fait donc alors au niveau bac +3 (puis bac +5 à partir de 2011).

Cela a impliqué non seulement une évolution salariale importante, mais également un passage en catégorie A de la fonction publique. Ce passage dans la catégorie des cadres n’a absolument pas été accompagné. Il correspond pourtant à un degré d’expertise et d’autonomie dans le travail qui mérite d’être reconnu.

En ce qui concerne la rémunération, elle se fait alors sur la même base que les professeurs certifiés, sans pour autant donner accès aux heures supplémentaires ou aux IMP (Indemnité pour Mission particulière créée en 2015). Grâce au PPCR, les carrières complètes des PE se font dorénavant sur 2 grades et le taux de passage à la hors classe a rejoint celui des certifiés.

Mais le statut ne fait pas l’emploi, et l’évolution du métier durant ces trente dernières années doit être reconnue et accompagnée.

Les évolutions du métier

Les professeur·es des écoles n’ont pas connu d’évolutions de leur métier, qu’il s’agisse de formation continue ou de réflexion quant au temps de travail, à l’autonomie, l’expertise et la responsabilité en tant que professionnels de l’éducation. Ces sujets n’ont jamais été réellement discutés.

Le métier a changé, avec notamment le développement des outils numériques et la multiplication des sollicitations institutionnelles. Les besoins des familles ont eux aussi évolué : accueil de tous les enfants à l’école, développement des temps péri-scolaires…

Toutes ces évolutions non réfléchies et non travaillées en équipe se traduisent par une dégradation des conditions de travail :

  • sollicitations amplifiées (enquêtes, réunions d’équipes éducatives, suivi des élèves, réunions avec les partenaires éducatifs…)
  • injonctions liées aux apprentissages fondamentaux : manque d’autonomie dans le travail, équipes mises à mal
  • inclusion scolaire qui multiplie les temps de rencontre entre professionnels, les temps de préparation

d’où un mal être des enseignants qui s’accentue. Les PE n’ont pas l’autonomie correspondant à leur grade. Ils et elles se sentent infantilisé·es par leur hiérarchie, ils et elles ne sont pas formé·es ni accompagné·es à l’évolution de leur métier.

Quelle reconnaissance ?

Les discussions en cours liées au projet de réforme des retraites s’ouvrent sur des ateliers spécifiques aux missions, au parcours professionnel, au travail des équipes pédagogiques. C’est pour le Sgen-CFDT l’occasion à saisir pour enfin acter ces évolutions du métier.

  • reconnaitre le temps de travail en équipe nécessaire à l’accueil et au suivi du parcours de tous les élèves, à l’adaptation des pratiques pédagogiques aux besoins spécifiques
  • reconnaitre le temps de rencontres des partenaires pour garantir la cohérence des actions et la complémentarité des aides
  • garantir l’autonomie des équipes quant aux choix pédagogiques
  • accompagner les personnels dans ces choix : formations, conseils et soutien, valorisation

Pour le Sgen-CFDT,  le respect et la reconnaissance des enseignant·es sont en jeu. Cette reconnaissance passe par du temps dédié, une formation répondant aux besoins exprimés, une rémunération spécifique.  Les professeur·es des écoles sont recruté·es au même niveau que les certifiés,  l’ISAE par exemple doit donc être alignée sur celle des professeur·es du second degré.