Formation continue : où s’arrêteront-ils ?

Les personnels ont besoin d'une véritable formation continue : assister à la retransmission télévisée d'une conférence de Cédric Villani mathématicien et "en même temps" député LREM peut-il, au delà du mélange des genres, en tenir lieu ?

On connaissait la formation grand-messe, où dans une salle des fêtes un·e collègue Conseiller·ère Pédagogique tente de faire passer la bonne parole à tous·tes les enseignant·e·s d’une circonscription, armé·e de toute sa bonne volonté et de son diaporama…

On connaissait la formation auto-formative, où une quinzaine d’enseignant·e·s, sans formateur, sont réuni·e·s dans une école avec la consigne  « formez-vous !»

On connaissait aussi la formation magistère (pour insomniaques) qui, sous couvert de formation à distance, regroupe quelques articles pédagogiques bien sentis qui doivent faire leur effet à la cinquième ligne.

Voici venue la dernière née, la formation télé-évangéliste.

Dans les Côtes d’Armor, des professeur·e·s des écoles ont reçu une convocation pour « une animation pédagogique obligatoire », avec pour thème « la refondation de l’école » (dans d’autres circonscriptions, ce n’est qu’une « invitation », à récupérer sur des temps de concertation).

En fait, il s’agit d’assister à la retransmission d’une conférence de Cédric Villani, mathématicien et député de la majorité présidentielle, par ailleurs chargé de mission sur l’enseignement des mathématiques à l’école.
Outre le mépris affiché à l’égard des personnels que l’on convoque le vendredi pour le mardi suivant à 16 h 30, on peut tout de même s’interroger sur le caractère formateur de cette initiative et sur un mélange des genres qui pose question…

La formation continue est un vrai sujet, un enjeu majeur et un réel besoin pour notre profession.

On ne peut se satisfaire de la situation actuelle :
des propositions institutionnelles souvent inexistantes ou indigentes décidées de façon unilatérale par l’institution sans aucune prise en compte des besoins et attentes des personnels.
Dans le même temps, des formations mises en place par des organismes comme l’OCCE ou les associations Montessori font le plein, attirant de nombreu·x·ses collègues prêts à prendre sur leur temps personnel, y compris week-end et congés, allant même jusqu’à payer pour accéder à ces formations. Mais qui ne sont pas reconnues comme temps de formation.

Le système de formation initiale actuelle ne permet pas de revenir à l’époque des stages remplacés par des professeur·e·s des écoles en formation.
Le nombre de remplaçant·e·s n’est pas suffisant pour mettre en place une offre en quantité suffisante.

Si l’on veut que la mise en place d’une formation continue réelle et efficace ne reste pas qu’un vœu pieu, il faudra réfléchir au temps sur lesquels doivent se faire ces formations, à leur défraiement et évidemment à leur qualité.

Cela impose aussi de mettre en place une véritable formation de formateurs.
Le CAFIPEMF ne doit pas rester cette manière plus ou moins opaque de recruter des cadres de l’institution, mais doit devenir une véritable préparation à des missions de formation.

Il est tout de même difficile d’admettre que l’Education Nationale, dont l’objet est de former la jeunesse de ce pays soit incapable de concevoir une formation continue à la hauteur pour ses personnels.

Courrier du Sgen-CFDT Bretagne à la DASEN 22

animation pédagogique Villani un peu de souplesse obtenue