Les représentants des personnels de direction du SGEN-CFDT ont été reçus à leur demande par le Recteur, la Secrétaire Générale Académique et le directeur de cabinet ce jeudi 29 juin. Voici le compte-rendu de cette audience
Quel dialogue social avec les personnels de direction ?
Plusieurs sujets avaient été mis à l’ordre du jour à notre initiative et ont pu être abordés dans un dialogue constructif. En tout premier le fonctionnement des groupes Blanchet.
Nous avons déploré des ordres du jour construits à plusieurs reprises en dehors des propositions des organisations syndicales ou écrasés par l’actualité nationale au cours des derniers mois. Nous avons également signifié notre frustration en l’absence de réponses à plusieurs questions posées.
Notre autorité insiste sur l’importance de ces temps de concertation et d’échanges avec les représentants des personnels de direction.
D’abord pour prendre la température, entendre la parole des Personnels de Direction et aussi pour la faire remonter au ministère. Ils reconnaissent, ces derniers mois, des tensions liées à l’accélération de la vitesse de l’information venant de la Centrale. Sont présentées différentes modalités d’échanges dans d’autres académies (G9 par exemple), toujours dans une logique de co-construction.
Ils nous alertent également sur l’existence de groupes de travail avec les organisations syndicales au sein desquels la parole des personnels de direction n’est pas forcément portée.
Des cadres au rôle pédagogique ou de simples exécutant·es ?
Nous avons ensuite partagé une inquiétude forte de la profession liée au changement de paradigme non explicite : passer d’une fonction de pilote pédagogique à celle d’exécutant agile en cours d’épuisement et quête de sens.
En effet, depuis la période covid, le cadrage institutionnel se fait sous la forme de foires aux questions. Cela est de nouveau le cas pour le PACTE.
Les décisions politiques médiatisées perturbent le calendrier de travail des cadres en établissement, en direction académique et rectorat. Quelques exemples marquants de cette année scolaire :
- suppression de la technologie en 6ème pendant la préparation de ventilation des DGH,
- contenu du PACTE,
- conférence harcèlement.
En outre, sans attendre la rédaction des textes de cadrage, nous devons en appliquer le contenu : Réforme du LP, nouvelle 6ème en collège, PACTE.
Nos évaluations annuelles vont s’appuyer sur notre capacité à « vendre » du pacte, à mettre en musique la politique nationale qui n’a pas été votée ni même cadrée par des textes, à ce jour. Nous avons insisté sur les conséquences de ce mode de management sur les collègues et leurs conséquences. Les cadres vont moins bien. Cela est un vrai danger pour la qualité du service public et donc l’institution.
Un pacte ou un one-shot ?
Pour le Recteur l’administration centrale garde une représentation forte des Personnels de direction en tant que pilotes pédagogiques. Pour le gouvernement et le Président l’Ecole de demain part du terrain et non du ministère.
Il note que de nombreux ministères n’ont pas obtenu de revalorisation directe ou indirecte pour leurs fonctionnaires contrairement à l’Education Nationale à travers le Socle et le PACTE.
Il est précisé que le PACTE ne s’inscrit pas dans une loi de programmation sur la durée. Aussi il doit faire ses preuves pour que les lignes budgétaires soient maintenues sur la durée par le ministère des finances. D’où les enquêtes y compris très hâtives. Le recteur s’engage à remonter le ressenti d’épuisement et de perte de sens des Personnels de direction.
Notre autorité s’étonne de l’image négative de l’enseignement public et de ses métiers véhiculée dans la société et notamment par les médias alors que notre territoire est riche de nombreux projets, dispositifs qui fonctionnent et apportent aux élèves. Par exemple, sur le territoire breton le recrutement dans le 1er degré est très positif avec un bon niveau des candidats en grand nombre.
Nous observons ensemble l’évolution très positive des pratiques en classe, en établissement que cela soit pour inclure les élèves à besoins particuliers ou lutter contre le harcèlement. Et pourtant seule l’insatisfaction de quelques-uns est relayée.
Le Recteur note par exemple le bel engagement du réseau public dans le dispositif CNR, signe d’une appropriation de la pédagogie de projet. Le réseau privé ne s’emparant pas de ce dispositif
Harcèlement scolaire ou harcèlement entre ado ?
Nous terminions cette audience par le besoin de porter un questionnement du fait « Harcèlement scolaire »
Nous constations tous et toutes une augmentation du mal-être des adolescents. Derrière des phénomènes réels de harcèlement parfois très médiatisés, se cachent de multiples situations. Des individus qui ne savent plus se parler, débattre, et d’ailleurs à tous les âges. Des échanges violents sans nuances qui circulent via les réseaux sociaux. Est-ce un problème de harcèlement scolaire ou de harcèlement entre adolescents qui se retrouvent à l’école ?
En outre au moment où la lutte contre le harcèlement est affichée politiquement prioritaire, les établissements voient leur dotation en AED insuffisante et beaucoup d’établissement doivent travailler sans assistante sociale.
Notre hiérarchie insiste sur le soutien qu’elle apporte aux collègues confrontés à ce type de situation. Le constat est partagé sur des actes de cyber-harcèlement ou de harcèlement entre adolescents transformées par les médias en harcèlement scolaire. Le recteur insiste aussi sur le travail invisible mené au quotidien dans les établissements pour lequel de nombreuses familles lui écrivent pour remercier les équipes en EPLE.