Rentrée des AESH dans ac-rennes : mieux ou pire ?

Nous avons interrogé les collègues AESH via une enquête en ligne sur leurs conditions d'affectations à la rentrée 2022. En voici les conclusions.

Nous avons voulu savoir en cette rentrée si la situation s’améliorait, restait stable ou se dégradait.

Plus d’une centaine de personnes a répondu à notre sondage, 72% exerçant dans le public, 28% sur le public et le privé.  42% sont AESH dans les Côtes d’Armor, 38% dans le Finistère, 21% dans le Morbihan….et personne en Ille et Vilaine (souci technique ? mail non arrivé ? L’enquête est toujours disponible !). Merci à ces collègues qui nous donnent des « billes » pour nos audiences !

Une dégradation à cette rentrée ?

Pour seulement 36% des collègues la situation est équivalente à celle de l’an passé contre 71% qui citent des motifs de dégradation. La cause citée en premier est  l’augmentation du nombre d’élèves à suivre (16%),  l’affectation sur plus d’un établissement (14%), le suivi d’élèves avec plus de difficultés (12%), l’affectation tardive (10%) et un emploi du temps plus mauvais (8%).

 

Collègues partagé·es sur plusieurs établissements : fatigue et frais de déplacement

82% des sondé·es exercent sur un établissement, 18% sur 2, 1% sur plus de 3. Nous demandons une limitation à la polyvalence des AESH. L’exercice sur deux établissements génère de la fatigue et une charge mentale accrue due à la nécessité de s’adapter à des environnements professionnels différents. Parfois même cela réduit le temps de pause méridienne. Les conditions de remboursement des frais de déplacement sont très restrictives. Il faut en effet changer d’établissement au cours de la journée, il ne faut pas que le déplacement puisse se faire en transport en commun. Bref, bien peu de collègues les touchent ! Et leur montant est bien faible, surtout depuis l’augmentation du prix du carburant. Extraits de vos verbatim à l’enquête :

Je suis déjà épuisée. Je dois suivre 4 élèves sur 2 établissements pendant 27h26. C’est beaucoup trop en classe, face à des élèves de plus en plus atteints de problèmes importants. Je ne sais pas si je vais tenir l’année entière. Surtout quand on regarde le salaire de misère et le mépris que nous subissons. Je comprends les AESH qui jettent l’éponge.

J’attends toujours le remboursement de mes indemnités kilométriques pour l’établissement qui est en dehors de mon établissement administratif. Je ne m’en sors plus financièrement.

Une collègue – qui n’a malheureusement pas communiqué son adresse mail – indique même faire 100 km par jour sans possibilité de prendre le car ! Rappelons – même si ce n’est pas une règle écrite mais le rectorat la rappelle régulièrement – que les services doivent tenter de s’en tenir à 20 km (40 aller-retour). Il faut donc nous contacter dans un cas de ce genre !

Mutualisation ou saupoudrage ? Des élèves avec moins d’accompagnement…et des AESH avec plus d’élèves

La majorité des réponses indique des lacunes de prise en charge complètes ou partielles (61%). Le nombre d’élèves notifiés sans aucune prise en charge semble diminuer mais il se pourrait que derrière ce progrès apparent se cache un saupoudrage des moyens. En effet, le rectorat ne donne pas le nombre d’heures non prises en charge, il communique uniquement sur les élèves notifiés sans aucun accompagnement. Le recteur dans une interview au journal de france 3 du 26 septembre 2022 (de 9mn20 à 12mn10) indiquait 16% des enfants sans AESH soit  3168 élèves, un chiffre tout de même considérable !

Pour le Sgen-CFDT Bretagne, il faut interroger les conditions de la mutualisation du côté des élèves comme des professionnels. Si l’on peut comprendre en effet de prioriser le suivi de certains élèves par une notification individuelle, ne faut-il pas également se poser la question du minimum à attribuer aux élèves mutualisés ? Du côté des AESH, à partir de quand peut-on encore tenir tous les bouts en gérant plus d’élèves avec des accompagnements éclatés et de nature différente ? N’y a-t-il pas un risque de déperdition du sens des missions ? Extraits de vos réactions :

Un peu en colère parce que je suis 10 élèves dans 7 classe différentes et pas d’augmentation d’heures.

J’ai été désolée de ne devoirs accompagner un élève que 6 heures par semaine (mutualisé, donc considéré comme secondaire et bénéficiant du reliquat d’heures qu’il me restait par rapport à l’accompagnement du second enfant qui, lui, a eu la grande chance de bénéficier d’un accompagnement individualisé) alors qu’ayant eu la chance d’être dans la même classe qu’une camarade l’an dernier, il avait pu bénéficier d’un accompagnement quasi complet qui lui a été extrêmement profitable car j’ai pu lui apprendre à écrire en cursives, ce qu’il ne savait pas faire malgré ses 11 ans… et de devenir davantage un élève et non un enfant incapable de demeurer assis pendant un quart de matinée…

Découragement, impression de faire du rendement et d’un travail vidé de son sens depuis les PIAL et la mutualisation des élèves (plus de quotité horaire minimale définie). De plus en plus d’élèves à accompagner avec des profils très lourds et compliqués avec moins d’heures à leur accorder. J’ai refusé d’accompagner cette année 5 élèves (1 à raison de 15 h et 4 mutualisés) au motif que l’accompagnement sur si peu d’heures n’a pas d’utilité. Il manque au moins deux AESH dans l’école ou 3 car 8 élèves notifiés ne sont pas accompagnés.

Affectation

La plupart des sondé·es se satisfait de son affectation (63%). Toutefois, d’après un nombre important de collègues, des affectations tombent tardivement, de façon chaotique dans l’attente des notifications. D’autres, dans le verbatim, pointe les conditions d’accueil – surtout quand l’affectation est tardive. D’autres enfin ont le sentiment que l’on ne tient pas toujours compte de leurs desiderata.

Mon affectation a changé à ma demande. Mes attentes ont été prises en compte par le PIAL. Par contre comme souvent, aucune recommandation des enseignants. J’ignore ce qu’ils attendent de mon accompagnement avec les élèves et pas d’outils pédagogique mis à disposition.

Première affectation mi-juillet, changement d’affectation la veille de la rentrée

Accès aux outils de travail

La majeure partie des collègues accède à l’environnement numérique de travail. Il y a toutefois un nombre non négligeable de collègues pour lesquels l’accès est difficile ou tardif. Par ailleurs, l’identification des interlocuteurs reste un problème majeur. Nous demandons aux différentes directions académiques un répertoire (le 22 va combler cette lacune suite à nos demandes) ou une mise à jour la plus précoce possible de ce répertoire.

Pas d’accès à Pronote. Difficile de travailler sans. Pas d’interlocuteur à Thépot pour régler le problème. J’ai envoyé des mails, un courrier ; aucune réponse. 3 tickets à Amigo qui me dit que c’est Thépot qui doit régler le problème. Thépot aux abonnés absents.

Etat d’esprit : investi·es, motivé·es …

Malgré toutes les embûches, beaucoup de collègues se montrent enthousiastes, investi·es dans leurs missions, soulagé·es quand on a tenu compte de leurs desiderata ou quand elles ont des conditions de travail meilleures à la faveur d’un changement d’accompagnement.

Motivé, il reste tellement à faire…

Bon état esprit pour le moment en espérant que cela tienne jusqu’à la fin

Après plusieurs années difficiles, j’ai eu la chance d’avoir la bonne interlocutrice, qui m’a écouté et j’ai pu changer de Pial et ainsi me rapprocher de mon domicile. De plus j’ai la chance d’avoir une affectation sur une seule école et des accompagnements « faciles « .

mais parfois découragé·es

Des collègues vivent mal également l’alourdissement des missions, les problèmes d’organisation qui remettent en cause le sens du travail. Et bien sûr, le salaire trop faible ne permet pas de vivre et marque le manque de reconnaissance de l’institution.

Soucieuse et blasée… 14 élèves au collège.. sérieusement

Je suis très angoissée par la crise économique. A cause de toutes les augmentations de mes charges fixes et les dépenses liées aux études de mes enfants, Mon salaire devient insuffisant pour souvenir aux besoins de ma famille . A cela c’est ajouté une très forte augmentation du prix des carburants et une augmentation du nombre de km pour me rendre dans mon nouvel établissement.

Malgré ma 4ème rentrée dans le même collège, je suis stressée et c’est la course tout le temps. Je m’occupe de 3 élèves déficients visuels dont 2 sont aveugles. Il faut les aider à sortir leurs matériels, les ranger en fin de cours et les accompagner au cours suivant ; je n’ai que 2 bras et je dois aussi porter mon sac d’ordinateur et mes affaires personnelles. Je n’ai pas assez d’heures pour faire les adaptations et même pas le temps, parfois, d’aller au toilette. Voilà le quotidien de notre travail qui n’est pas reconnu et payé à sa juste valeur.