SAENES, Secrétaire d'Administration de l'Education Nationale et de l'Enseignement supérieur, dans la filière administrative, nous sommes comme dans les fratries, à la mauvaise place : LE MILIEU .....
L’agenda social a débuté le 9 octobre pour la filière administrative. Premier groupe de travail au ministère. Il nous semble opportun de rappeler qu’il est en effet urgent de s’inquiéter du manque de reconnaissance de notre ministère pour la filière administrative.
SAENES, dans la filière administrative (filière composée des trois catégories C, B et A), nous sommes donc dans la catégorie B, « au milieu ».
Mal identifié·e·s à une place et sur des missions qui sont similaires … un peu, mais parfois beaucoup, à la catégorie A (Attachés d’administration) et …. parfois similaire à la catégorie C (Adjoints administratifs).
Nous avons l’impression d’être transparents parmi les invisibles, et pourtant nous exerçons souvent des fonctions d’encadrement, de haute responsabilité ou de haute technicité.
A l’éducation nationale, nous n’avons aucune reconnaissance financière : ni indiciaire, ni indiciaire. Et aucune reconnaissance tout court.
Le concours est interministériel, les Saenes ne peuvent donc prédire leur affectation : à l’éducation nationale, à la défense, à l’intérieur, à la justice…?
Affectation des Saenes : la loterie !
En fonction de notre rang de classement et des voeux formulés lors de l’admissibilité, ce sera donc jackpot ou et banqueroute. Car les conditions de travail, régimes indemnitaires, possibilités de promotion, sont bien différentes d’un ministère à l’autre…
Et vous l’avez deviné, l’éducation nationale n’est pas le bon élève de la classe en la matière.
Hélas, si l’affectation à l’éducation nationale c’est « pas de chance au grattage », c’est aussi « aucune chance au tirage ».
La double peine financière
Sous-rémunéré·e·s
Des responsabilités qui ne sont plus en adéquation avec les grilles indiciaires
La rémunération d’un·e Saenes se situe-t-elle à mi-chemin entre A et C comme on pourrait s’y attendre ? Eh bien non : entre C et A, mais beaucoup plus proches du C, qu’il s’agisse du régime indiciaire ou du régime indemnitaire. L’éducation nationale use et abuse de contrats précaires, mais aussi de personnels sous-rémunérés au regard de leurs missions.
Sous-indemnisé·e·s
Le régime indemnitaire : là non plus, aucune reconnaissance.
Des postes rémunérés sur des grilles indiciaires et indemnitaires de B cachent en réalité des profils de A.
Mais à responsabilités identiques, le régime indemnitaire d’un Saenes est bien inférieur.
Exemple : Académie de rennes
Montant indemnitaire annuel moyen d’un Adjoint gestionnaire catégorie B : 2469€
Montant indemnitaire annuel moyen d’un Adjoint gestionnaire catégorie A : 5076€
Alors double peine pour les Saenes : grilles salariales qui ne correspondent pas aux niveaux de responsabilités, auquel s’ajoute un régime indemnitaire sous évalué.
Notre revendication : « à métier égal, salaire égal ».
Sous-considéré·e·s
Que ce soit en EPLE ou en service académique, les Saenes remplissent de plus en plus souvent des missions d’un niveau qui n’est donc plus en adéquation ni avec leur régime indiciaire, ni avec leur régime indemnitaire. Comment est-ce possible ?
1ère subtilité sémantique : classer les EPLE de « Petits »
Le ministère qualifie certains Eple de « petits ». Cette notion, sans fondement juridique, est très élastique selon les cas. Des Saenes y exercent des fonctions d’adjoint gestionnaire catégorie A dans toute l’intégralité des responsabilités afférentes. Ils/elles gèrent les ressources humaines (évaluation, gestion des plannings….), assurent les relations avec les collectivités et l’agence comptable. Ils,elles assument la responsabilité administrative (conseils d’administration et tous les actes juridiques que cela entraîne). Mais aussi la gestion budgétaire, la gestion matérielle (service de restauration, sécurité, gestion des stocks, gestion des travaux, etc …..). Ces missions sont d’un niveau de catégorie A, et devraient donc bénéficier de régimes indiciaire et indemnitaire bien plus avantageux…
2nde subtilité sémantique : la coordination dans les services
Dans les services, ils et elles exercent souvent des missions d’encadrement ou de haute technicité. Mais pour éviter de classer leur poste dans un groupe indemnitaire en corrélation, leur fiche de poste fait mention de missions de coordination… Belle subtilité de langage pour éviter d’avoir à reconnaître des niveaux de responsabilité et les rémunérer à leur juste valeur.
3ème subtilité : les « techniciens » de gestion
Dans les agences comptables, qui ont subi ces dernières années de grosses restructurations (regroupements, fusions, augmentation du nombre d’établissements à gérer, niveaux d’exigence technique en hausse constante) de plus en plus de Saenes exercent aussi des missions de catégorie A. Prise en charge de la comptabilité de plusieurs établissements par exemple. On les qualifie généralement de « techniciens de gestion ».
Ils et elles exercent donc parfois des responsabilités dévolues à des AAE.
Mais parallèlement, on peut aussi légitimement s’interroger sur la difficulté de notre administration à recruter des AAE sur certains postes… c’est un autre débat (1).
Un sentiment de déclassement qui ne fait que s’accentuer
Nous l’avons écrit, les Saenes, catégories B, « coincés » entre les C et les A, sont à la mauvaise place…
Ils et elles ne bénéficient jamais des mesures de revalorisation des plus bas salaires, car ils et elles ont des rémunérations un peu au dessus….
Anémie des possibilités de promotion
Et les possibilités d’évolution de grade ou de corps sont quasiment inexistantes. Les taux de passage de grade sont ridiculement bas, les promotions sur liste d’aptitude marginales.
Ils et elles se sentent « bloqué.e.s », déclassé.e.s, ont le sentiment d’être « écrasé·e·s ». et ce sentiment persiste durablement et ne fait que s’épaissir au fil des suppressions de postes.
(1) Qui peut se sentir valorisé en étant qualifié par la négative ?
Les administratifs sont classés par notre administration dans la « catégorie » des « NON enseignants« …
La sémantique utilisée par la DGRH du ministère en dit bien plus que sa communication médiatique !
Parmi ces non-enseignants, les Fondés de Pouvoir en EPLE, postes à hautes responsabilités, sont qualifiés DOUBLEMENT par la négative. En effet ils sont par exemple présentés au mouvement comme des postes de « NON gestionnaires« .
Fondé de pouvoir n’est pas une simple fonction, c’est un métier à part entière, le terme est révélateur, encore une fois, du peu de reconnaissance de certains profils de postes par notre administration.
Pour aller plus loin :
les grilles salariales de la filière
grilles-indiciaires-pour-le-corps-des-administratifs/