Témoignage : une inclusion scolaire en maternelle

Pourquoi revenir sur un épisode douloureux vécu dans l'exercice du métier de PE ?
Parce que 2 ans après il est encore très présent et que ce que j'ai vécu peut sans doute aider les autres .

L’expérience ne suffit pas

Pourtant j’étais informée et je savais que faire en cas d’accueil d’un enfant à besoin particulier.
C’est ce que je croyais !

J’avais anticipé dès le mois de juin, l’arrivée de cet élève :
pris contact avec son ancienne école, la psyEN du RASED, l’IEN de son ancienne circonscription, aménagé l’espace de la classe et réfléchi à ma pratique.

Et puis, l’enfant est arrivé en vrai.

Une remise en cause de la professionnalisé qui fragilise

J’ai dû rester calme et ferme, gérer les cris, les hurlements, protéger les autres élèves des gestes violents, parer les coups et affronter les regards affolés des parents et des autres enfants.
Il faut prendre sur soi lorsque l’on voit sa classe partir en vrille.
Ne pas se départir de son calme, constater que les ateliers préparés avec soin n’avaient pas  fonctionné. parce que toute ma disponibilité avait été accaparée par un seul enfant.
On se questionne sans cesse, on se remet en cause et on culpabilise parce que l’on n’y arrive pas

Un manque de soutien de la hiérarchie

Sans compter le temps passé à échanger avec les adultes entourant cet enfant.

J’ai appelé à l’aide, signalé… Mes collègues ont répondu présent.e.s mais là où tout s’est écroulé, c’est devant le silence assourdissant de mon IEN.

Devant cette indifférence, cette violence supplémentaire, le corps a dit STOP !

Accident de travail

Lors de la consultation, la médecin, très bienveillante a mis en avant un épuisement lié au stress alors que les symptômes étaient physiques.
Au moment de partir, j’ai évoqué les coups et surtout la gifle reçue le jour d’avant.
Le médecin a alors déchiré l’arrêt maladie ordinaire pour faire un arrêt pour accident de travail car il y avait eu des coups.
Elle m’a tout à coup fait prendre conscience que de se faire mordre (elle m’a gentiment reproché de ne pas avoir fait constater les traces des morsures), de recevoir des coups (et les hématomes qui en découlent) n’était pas anodin.
Même si l’enfant n’avait que 5 ans, il n’était pas NORMAL d’être maltraitée au travail.

Reconnaître l’accident de travail était une sorte de reconnaissance de ce que j’avais vécu.
Cette mise à distance m’a permis de revenir en classe.
Cependant je n’arrive toujours pas à comprendre l’absence de soutien de ma hiérarchie qui me laisse un goût d’inachevé.

Margot, PE en maternelle dans l’Ille-et -Vilaine

 

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