Tribune des personnels de direction du Sgen-CFDT Bretagne

Les personnels de direction du Sgen-CFDT Bretagne alertent sur les conditions de préparation de la prochaine rentrée

L’école publique a-t-elle mérité les propos de sa ministre ?!

Les personnels de direction du Sgen-CFDT Bretagne ont été outrés des propos de leur nouvelle ministre.

Pour justifier l’inscription dans le réseau privé de ses enfants, elle a cru bon de reprendre à son compte des opinions trop souvent entendues mais qui ne correspondent pas à la réalité.

En effet les professeurs de l’enseignement public sont moins absents que les autres fonctionnaires ou les salariés du privé. Ils sont cependant davantage convoqués pour l’organisation des examens que leurs collègues du secteur privé. L’éphémère ministre de l’Education Nationale, M. Attal, avait reconnu que la moitié des absences des professeurs était due à des convocations de leur administration. Il appartient au rectorat de remplacer les enseignant·es absent·es plus de 15 jours. Cela implique d’avoir des remplaçants en nombre suffisant sur le territoire, ce qui n’est pas le cas actuellement dans notre académie.

Les équipes en établissement portent les valeurs de la République et la volonté de former des futurs citoyens éclairés capables de vivre en société.

Alors, Oui, Madame la Ministre, vous pouvez nous confier vos enfants. L’école publique a les ressources pour préparer notre jeunesse aux exigences de l’enseignement supérieur et aux enjeux de notre siècle.

Alerte rouge sur la rentrée du collège au lycée professionnel

Nous souhaitons à travers cette tribune vous alerter sur les dernières annonces. Nous n’avons pas eu le temps d’évaluer ni la réforme précédente du collège ni les nouveautés mises en œuvre en septembre 2023. Nous savons que le monde économique va avoir besoin de jeunes capables de s’adapter aux évolutions des métiers, de se former tout au long de la vie. Pour cela ils et elles ont besoin d’une formation initiale solide, en lycée professionnel aussi.

Peu visibles du grand public, les mois de janvier-février sont ceux de la préparation de rentrée de septembre. L’essentiel de l’organisation pédagogique, de la répartition des ressources humaines se décide en ce moment. Pour la première fois il est demandé aux personnels de direction, aux responsables de services administratifs  académiques et aux inspecteurs de préparer cette rentrée sans cadrage national. Et sans garantie que ces choix politiques sont techniquement réalistes. Imaginons une entreprise fabriquer 10 000 voitures sans test de faisabilité ni mode d’emploi pour en construire une seule, est-ce là du bon sens ?

De nombreux professionnels alertent depuis maintenant 4 ans sur le mal-être des adolescents. Cela s’est manifesté pendant la pandémie et ce mal-être perdure. La destructuration du lycée général, avec la remise en cause des groupes classe en première et terminale, fragilise les élèves. Nos choix devraient être dictés par la recherche du bien-être de nos élèves à vivre ensemble dans les écoles, à apprendre ensemble.

Pourquoi des groupes de niveaux ?

La mise en place des groupes de niveau en 6ème et 5ème impose des alignements de classe. Ceux-ci vont détériorer les emplois du temps des élèves. Ces groupes de niveau vont aussi déstructurer  le groupe classe. Il y aurait 16 heures de cours avec le groupe classe et 9h en groupe de niveau. Comment assurer ainsi la cohésion de la classe ? Comment éviter les risques de stigmatisation pour les élèves les plus fragiles ? Ne pas casser l’estime de soi au début de l’adolescence ? N’allons-nous pas renforcer les fragilités sociales ? Augmenter les risques de harcèlement ?

Enfin, nous redoutons que l’organisation par groupes de niveaux au collège ne remette en cause le collège dit unique. Même si le collège actuel génère encore trop souvent des inégalités, les difficultés des collégiens ne sont pas dues au collège unique qui propose des parcours variés. Elles sont d’abord la conséquence des effectifs pléthoriques dans les classes. Elles sont également dues à l’absence de formation continue des enseignant·es, au manque d’accompagnement de l’inclusion.

Les élèves changent, le monde change, la société a de nouvelles attentes vis à vis de l’Ecole.

A l’ère du numérique, de l’intelligence artificielle, nous ne pouvons plus enseigner comme il y a 5, 10 ou 20 ans. Pour accompagner ces changements profonds, les professeurs ont d’abord besoin d’être accompagnés, formés en profondeur.

Du respect et de l’écoute !

Rappelons-nous que l’Ecole permet à tous les jeunes de se côtoyer, de se connaitre, d’apprendre ensemble. Après les émeutes de l’été dernier, cet enjeu est plus important encore. L’Ecole porte la volonté de faire société, de permettre à tous les enfants de France d’un même territoire de grandir ensemble, gage de cohésion sociale.

Nos établissements et leurs personnels ont besoin d’être respectés par leur ministre, leur hiérarchie. Cela signifie entendre aussi leur expertise du terrain, respecter une bonne temporalité de travail, faire des choix qui favorisent tous les élèves, qui permettent à chacun de progresser, de s’épanouir à travers les apprentissages.

Il est encore temps de nous écouter et d’appuyer sur le bouton pause !

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