Le Sgen-CFDT Bretagne sera reçu en audience le 21 juin sur la question des conditions de travail dans le premier degré. Les alertes du Sgen-CFDT ont été nombreuses mais les réponses ne sont clairement pas à la hauteur de la situation. Nous souhaitons interpeller le rectorat sur les points suivants.
Monsieur le Recteur,
Les alertes sur les conditions de travail des professeur·es des écoles sont multiples et malgré celles-ci la situation se dégrade d’année en année sans que notre institution, y compris au niveau académique, ne semble en prendre toute la mesure.
Des appels au secours massifs
Les fiches SST ,dans notre académie, émanent à 80% du premier degré. Les demandes de détachement mais aussi les démissions et ruptures conventionnelles augmentent (+470% depuis 6 ans sur notre académie). Elles sont nettement plus nombreuses dans le premier degré que dans les autres catégories de personnels.
Des collègues pourtant passionné·es par leur métier quittent l’éducation nationale, non sans une certaine amertume, afin de se protéger.
Une formation continue en déshérence
La formation défaillante dans le premier degré ne permet pas de faire face aux enjeux de l’école d’aujourd’hui. Les personnels se sentent de plus en plus seuls dans leur classe face à des exigences institutionnelles et pédagogiques qui leur paraissent insurmontables.
Un manque de bienveillance
A cela s’ajoute l’attitude de la hiérarchie, des IEN pour dire les choses clairement, qui n’est pas toujours bienveillante lorsque nos collègues se retrouvent en difficulté. Cela accentue le sentiment d’échec ressenti par certain.es d’entre eux.
L’école inclusive est une révolution pour l’école, cela demande de la formation, de l’accompagnement, du temps, des moyens et de la confiance.
A ce jour ces éléments ne sont pas au rendez-vous et nos collègues du premier degré ne peuvent tenir ce pari (nécessaire) de l’inclusion sans le soutien de l’institution.
C’est aussi l’occasion de rappeler les bilans de rendez-vous de carrière comparés entre 1er et 2nd Degrés.
Nous avons publié deux articles à ce sujet qui mettent en évidence une différence très nette d’attitude de la hiérarchie envers les collègues selon leur statut, très nettement défavorable aux PE.
(voir nos articles à ce sujet 2018-2019 et 2020-2021)
Des obligations réglementaires de Service à repenser
Par ailleurs, les obligations réglementaires de service des enseignants du premier degré ne sont pas définies par le seul temps de face à face élèves. Elles intègrent des temps de réunion, de concertation, de rencontre avec les familles et d’activités pédagogiques complémentaires. Tout cela au sein d’un forfait annuel de 108h.
La multiplication des tâches administratives et des concertations liées entre autres à l’inclusion scolaire, amènent la très grande majorité des collègues à dépasser largement ce forfait. D’autant que l’institution a pris l’habitude dès lors qu’une nouvelle mission est assignée au Professeurs des écoles, de les renvoyer à ces 108h. (ex de la liaison école/collège)
un manque de reconnaissance
Le sentiment d’en faire toujours plus sans que cela ne donne lieu à compensation (en temps ou en salaire) est également un élément qui participe au sentiment de manque de reconnaissance.
S’ajoute à ces éléments une mobilité professionnelle de plus en plus compliquée, pour des personnels dont les profils (âge, situation familiale etc…) se sont modifiés profondément au cours des dernières années.
Une fuite des personnels
Dans ce contexte de manque de reconnaissance, de rémunérations en berne et avec des Obligations Réglementaires de Service trop lourdes, le métier de professeur des écoles perd non seulement en attractivité, mais il fait fuir de plus en plus de personnels pourtant motivés.
Nous souhaitons donc avoir avec vous, Monsieur le Recteur, un temps d’échange sur ces questions.
Soyez assuré Monsieur le Recteur de notre profond attachement au service public d’éducation.