BAC 2021 : doit mieux faire en 2022 !

Le 1er décembre 2021, le rectorat à invité l'ensemble des organisations syndicales à une réunion de bilan de la session 2021 des baccalauréats général et technologique. Le Sgen-CFDT Bretagne était seul présent et a pu ainsi faire valoir ses revendications pour la prochaine session.

Constats  2021, trop de candidats pas assez de jurys, organisation déficiente  : doit mieux faire !

Nos adhérent·es nous ont fait part de nombreuses difficultés  lors de cette session, pour le grand oral, pour les oraux de rattrapage et l’épreuve écrite de philosophie  :

  • nombre de candidat·es convoqué·es trop importants par jury, impossibilité de rester concentré·e sur la durée, impression de travail à la chaîne
  • pause déjeuner restreinte avec impossibilité de déjeuner sur place
  • harmonisation des jurys sur des centres d’examen impossible en raison du trop grand nombre de jury. A cela s’ajoutait des procédures informatiques lourdes.
  • surreprésentation des enseignant·es d’EPS et de documentalistes dans les jurys
  • délais de corrections écourtés
  • convocation à l’oral de rattrapage de collègues qui n’enseignent pas la spécialité
  •  convocations de dernière minute.

 

Des mentions spéciales et le risque d’un oral discriminant

Voilà quelques remarques, parmi d’autres, les plus souvent citées.

On peut ajouter de la part des collègues de langues vivantes étrangères, comme pour les élèves, la frustration de n’avoir ne serait-ce que quelques minutes de l’épreuve dans la langue étudiée.

Une mention spéciale pour les profs de lettres dont la charge de travail a atteint des records.

Enfin, la lourdeur des programmes et l’impossibilité d’un suivi plus individualisé par manque de moyens ont ajouté à la difficulté de préparation du grand oral. Ces facteurs ont contribué à l’impression générale d’impéritie. Ils n’ont pas levé les inquiétudes des enseignant·es sur les possibles discriminations sociales entraînées par ce type d’épreuve. Ce sont en effet les élèves des familles socio-culturellement favorisées qui maîtrisent le mieux les codes sociaux d’une communication orale.

Les réponses à certains de ces constats relèvent de décisions nationales.  Mais il en est d’autres relevant de notre académie.

Explications techniques des lacunes d’organisation par le rectorat

À cela les services de la DEC (Division Examens et Concours) ont apporté quelques éléments de réponses

  • Les équipes du développement informatique étaient surchargées (contexte Covid et nouvelles applications à mettre en place) ce qui a causé des retards .
  • La procédure sur les aménagements d’épreuves (PAP, PAI, PPS) a accru la charge de travail des services.
  • Données à mettre en cohérence entre les enseignements suivis par chaque élève (tout est rentré sur Parcoursup et devrait s’utiliser pour les épreuves du bac).
  • Saisie des spécialités enseignées par les profs en terminale pour pouvoir les affecter sur les jurys du Grand oral.
  • Quantité de travail supplémentaire liée à la saisie des notes de contrôle continu manquantes pour des enseignements obligatoires.
  • Des codes erronés utilisés par certains établissements pour les spécialités enseignées en terminale.
  • Beaucoup de défections d’examinateurs (nettement plus que lors des sessions précédentes).
  • En lettres, une charge de corrections et d’interrogations très élevée pour chaque examinateur (oraux de français, Grand oral, oraux de rattrapage des BTS, corrections des écrits de français du baccalauréat).

Autres points de constats :

  • Délai de correction très court en philosophie lié à la gestion Covid et au traitement de la « double » notation (prendre la meilleure entre contrôle continu et examen) ainsi que la tenue sur 2 jours des délibérations (sous-jury puis jury départemental)
  • Des difficultés relevées également pour les corrections dématérialisées : des temps de traitement très variables d’un établissement à l’autre mais seuls 3 établissements ont été en blocage total ; quelques copies difficiles à scanner (ce qui obligeait le re-scan de l’ensemble du lot). Des demandes de retraitement de copies par environ 10% des correcteurs (copies illisibles, mélangées ou à l’envers)

Bac 2022 : vers des améliorations ? 

  • Grand oral :

La DEC convoquera prioritairement les enseignant·es de spécialité. Elle composera en majorité des binômes avec  un·e enseignant·e de spécialité associé·e à un·e enseignant qui n’assure pas  la spécialité en terminale .

La DEC prévoit d’augmenter le nombre de commissions.

Ainsi chaque jury devra faire passer moins de candidats sur des périodes plus courtes . Notons toutefois que la DEC ne s’engage sur aucun nombre de candidat par jury à ce jour.

  • Épreuves de spécialités, de lettres et de philosophie

Si le Covid nous permet d’effectuer une année scolaire « normale », il n’y aura plus  de comparaison à faire entre note de contrôle continu et note d’examen. Conséquence, le délai de correction devrait être rallongé pour les corrections des épreuves de lettre et de philosophie .

Épreuves de spécialité de mars : les enseignants de spécialité seront déchargés pendant les épreuves de leurs cours de spécialité. C’était une demande forte du Sgen-CFDT Bretagne pour préserver la santé de nos collègues. Les lots de copies à corriger seront probablement raisonnables  (30-40 copies max par correcteur mais aucun engagement chiffré pour le moment). Pour autant, le rectorat nous indique qu’il sera difficile de libérer les collègues de missions de surveillance.

Pour le Sgen-CFDT Bretagne : les outils techniques ne font pas tout !

Un « grand » oral, vraiment ?

Les constats de 2021 révèle clairement un problème de sous-estimation des moyens humains en personnel administratif et personnel d’encadrement. Les outils informatiques ne peuvent pas tout faire.

La défection de nombreux examinatrices et examinateurs devrait aussi interroger le rectorat : trop de travail au cours de l’année, des collègues épuisés et des rémunérations de jury ridicules pour ne pas dire humiliantes.

Il y a le déficit flagrant de formation des enseignants pour le grand oral. Préparer nos élèves et être en mesure d’évaluer cette nouvelle épreuve orale avec objectivité, cela ne s’improvise pas .

Le Sgen-CFDT Bretagne a attiré l’attention des services du rectorat sur les inégalités sociales et genrées que peut faire émerger cette épreuve.

Nous revendiquons donc davantage de  formation pour les enseignant·es. Nous revendiquons également la mise en place de tutorat pour les élèves – particulièrement les plus fragiles – et donc du fléchage de moyens .

Le grand oral ne sera grand que si on se donne les moyens pour le rendre grand.

Les examens et concours minorent trop la place de l’oral. C’est la raison pour laquelle l’objectif de lui donner plus de place nous semble positif.

Toutefois faire acquérir des compétences orales à des élèves demande un travail pluri-disciplinaire sur plusieurs années. On ne doit pas non plus bricoler sur les conditions de passation de l’épreuve pour valider l’acquisition de ces compétences.

Enfin, il est urgent  de reconnaître l’investissement des collègues pour ces toutes épreuves – ce qui inclut les personnels des services, les personnels administratifs, de vie scolaire et les enseignant·es –  soit par une rétribution décente, soit par du temps de décharge.

Un merci tout particulier à Florence qui a contribué largement à la préparation de cette rencontre.